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Les premiers résultats de 2011
Sur la moitié est de la fouille, le deuxième décapage mécanique a permis de mettre au jour de nouveaux vestiges (murs et sols) se rattachant à la domus. Ainsi, une nouvelle aile d’habitation, composée de 7 pièces de volumes inégaux, se dessine nettement. Elle est bordée à l’est par une galerie de circulation, large d’environ 2.50 m. La particularité de cette deuxième aile est de se trouver à un niveau inférieur. Le terrain naturel présente à cet endroit une déclivité, qui a été compensée, non par un remblai massif, mais par un fort mur-terrasse, conférant ainsi deux niveaux à la maison. Les modalités de circulation entre ces niveaux (escaliers notamment) restent à découvrir. La partie la plus à l’est (point d’interrogation sur le plan) n’a livré aucun vestige maçonné, si ce n’est le probable mur de façade de la domus, partiellement dégagé en limite de fouille. Ce manque de vestiges s’explique par la destruction et la récupération massive de matériaux aux 18ème-19ème siècles. Les récupérations semblent avoir été totales dans la zone la plus à l’est (possible zone d’entrée de la demeure), partielles dans l’étage inférieur (certains murs n’existent plus que par leurs négatifs), puis quasiment nulles dans la partie haute. Il est donc probable que nous ne pourrons avoir des renseignements sur l’architecture de la domus dans cette zone. En revanche, des niveaux précoces (1er siècle ?) semblent y être conservés, ce qui donnera l’occasion de les fouiller sans démonter les maçonneries. L’enseignement principal est que la maison occupe donc désormais toute la surface de la zone décapée (soit 1300 m²). Mais sa superficie est certainement plus vaste puisque des maçonneries se poursuivent au sud et à l’ouest (fait vérifié par une prospection géophysique réalisée à l’hiver 2010 par l’entreprise Géocarta). Le plan montre deux ailes d’habitation desservies par des couloirs, encadrant une petite pièce quadrangulaire d’environ 8 m². Deux éléments mobiliers découverts dans le comblement permettent de proposer l’hypothèse d’un laraire*. Il s’agit de deux statuettes représentant des figures féminines, liées au culte de l’abondance et de la fertilité. La première est une statuette en terre blanche figurant une déesse de l’abondance debout, portant dans sa main gauche une corne d’abondance et dans sa main droite une patère décorée d’une étoile. La deuxième statuette a été retaillée dans un élément de corniche en grès. Le personnage est assis ; seules les jambes et la tête sont grossièrement évoquées. Sa position évoque celle des déesses-mères, petites statuettes protectrices de la maisonnée. Ces deux statuettes sont à mettre en relation avec un culte domestique destiné à attirer bonheur et prospérité sur la demeure et ses habitants. La découverte d’un laraire est tout à fait exceptionnelle et permet d’approcher les pratiques cultuelles dans le cadre familial. Au-delà d’un éclairage porté sur l’histoire de la ville de Jublains, la fouille de la domus permet également d’approcher le quotidien de ses habitants, de leur cadre de vie et de leurs croyances. Ainsi, parmi les objets découverts lors de la fouille, on peut noter des bijoux (bague, perles en verre), des objets liés à la toilette (spatule à fard, épingles en os), des objets liés au jeu (pions en os ou en verre) ou des objets témoignant du statut social élevé des propriétaires, tels que boîte à sceau. * Au sens strict, le laraire est un autel destiné au culte des Lares, les dieux du foyer. Par extension, il s’agit d’un petit sanctuaire domestique où se rassemble la famille et où sont disposées les statuettes des divinités célébrées. Anne Bocquet |