Ce mois-ci, nous vous proposons un article de P. Lorrain, membre actif du groupe, qui a étudié l’aventure du creusement d’un puits communal. Les illustrations sont de l’auteur.
Le puits communal et monumental de La Croixille.
Le 15 juin 1884 le maire et une partie du conseil municipal procédèrent à l’adjudication publique des travaux pour la construction d’un puits place de l’église à la bifurcation des routes départementales 12 et 16 (aujourd’hui D29 et D30), vers Vitré et Fougères.
L’adjudicataire aura un délai de deux mois à partir du jour de l’approbation pour le creusage et la maçonnerie du puits ; si les travaux n’étaient pas terminés en temps voulu, il serait passible d’une indemnité de 5 frs par jour de retard. Il sera aussi tenu de fournir les outils et matériaux nécessaires au travail, pour un coût de 42 frs le mètre et pour 10 mètres de profondeur.
Le transport des vidanges provenant du creusement du puits sera à la charge de la commune.
Au mois de décembre 1884, l’adjudicataire, M. Genouel, se plaint d’un manque de paiement pour les travaux exécutés depuis 4 mois. Les dix premiers mètres ayant été creusés, il reste les problèmes d’enlèvement des barricades des travaux et de l’eau d’infiltration encombrant le puits.
M. Genouel demande à être payé et recevoir des indemnités, pour pouvoir continuer de foncer plus bas si ces problèmes ne sont pas résolus dans les dix jours.
Un arrêté préfectoral mentionne que le maire est autorisé à terminer en régie les travaux du puits et le 27 janvier 1885 nomme M. Saminn, directeur des mines du Genest, comme régisseur comptable, M. Saminn ne peut pas prendre la responsabilité du chantier, étant pressé par la Compagnie de chemin de fer de l’Ouest de terminer son raccordement avec la ligne principale. La Croixille est éloignée et les travaux du puits entrepris au milieu du bourg et dans une intersection, réclament beaucoup de prudence. Il accepte néanmoins de fournir deux ouvriers spécialisés au foncement et le matériel de fonçage.
Le 4 juin 1885 le nouveau régisseur est M. A. Vettier.
Le 20 juin 1885 la régie constate que la profondeur du puits est de 11 mètres et l’eau sera à enlever ; MM. Genouel père et fils sont conviés mais ne sont pas présents.
Le 28 octobre 1885 M. Vettier donne les finances à M. Lasne de Vitré pour l’achat d’une pompe avec une profondeur du puits de 32,50 mètres. Celui-ci trouve que cette profondeur est considérable, ne sachant pas à quelle hauteur montera l’eau.
Le 28 octobre 1885 Me E. Allouel, avoué, considère que cette affaire malheureuse entraînera des frais considérables si elle requière une solution judiciaire et donc qu’il serait souhaitable qu’une issue amiable soit trouvée, sachant que la dépense dépasse les prévisions et que la situation de MM. Genouel père et fils est précaire.
Le coût du creusement revient à: 3390,51 frs. La construction du puits est terminée dans le courant du quatrième trimestre 1888 pour un montant de 566,74 frs.
Dans la monographie communale de 1899, l’instituteur, écrit : Les finances de la commune ne sont pas dans un état prospère en raison des dépenses qui ont eu lieu :
1e pour la construction du chemin vicinal N°3,
2e pour celle du puits public sur la principale place du bourg,
3e pour l’acquisition d’une balance publique qui va être installée très prochainement.
Sources : Archives départementales de la Mayenne.:
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E dépôt 64 1 M 2,
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Série O 388/1,
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MS 80/2-5,
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2 NUM 100/105
Nota : le marquage « TOURAINE » sur le corps de pompe semble indiquer un modèle de la maison BRIAU et Cie à Tours.
Tous renseignements concernant cet équipement seront les bienvenus ainsi que des catalogues (copies) des fabricants de pompes à eau et fontaines (toutes marques).