Randonnée patrimoine du 13 septembre 2017
Dans les traces de la Grande procession de Champéon
Cette randonnée a été préparée par Daniel Rousseau qui a inventorié les chapelles de la commune et Alain Guéguen qui nous a fait profiter de ses connaissances des itinéraires anciens et actuels. Le fond historique de cette journée est tiré des recherches de Mme Duplan qui a connu la fin de cette dévotion et aussi recueilli les témoignages de participants.
La Grande procession a été instaurée au début du 17ème siècle suite à une grêle qui avait ravagé la paroisse. La dernière procession eut lieu en 1977. Elle avait lieu le 1er dimanche de mai, précédant la procession des reliques du dimanche de la Pentecôte.
La procession commençait à 6 heures par une première messe basse. Croix de procession et bannières en tête, elle rassemblait quasiment toute la paroisse même si certaines personnes prenaient le convoi en route du fait de leur âge ou parce qu’il fallait aussi prévoir la logistique pour tous ces gens.
Le chant « O crux ave » marquait les arrêts aux 23 croix qui ponctuaient le circuit car il s’agit bien d’un circuit d’environ 23 kilomètres que va emprunter cette foule souvent chaussée de sabots. Des pauses plus longues avaient lieu à la chapelle St Siméon, au Ménil, aux manoirs des Vaux et du Fresne. Au Ménil, cochonnailles, café et cidre étaient de la partie mais au Fresne, seuls les porteurs étaient ainsi restaurés ; les pèlerins se contentaient de cidre et parfois de brioche. La procession se terminait vers midi avec la grand’messe.
C’est sur un parcours équivalent en distance mais dont l’itinéraire a été adapté à la modification des chemins, qu’une vingtaine de participants se sont aventurés ce 13 septembre. Personne n’a été découragés par la pluie qui est tombée pratiquement sans discontinuer …. ce qui a d’autant plus fait apprécier la pause de midi au château des Vaux et le verre de l‘amitié offert par la commune de Champéon en fin de journée. Les participations de M. Sabran, maire de Champéon et de M. et Mme Duplan ont été particulièrement appréciées ; qu’ils soient ici remerciés pour leur amabilité, leur accueil et leurs interventions.
Tout au long du parcours, les courtes pauses devant certaines croix comme les haltes devant les chapelles ont été l’occasion de commentaires d’A. Guéguen et de D. Rousseau ainsi que d’anecdotes de M. Sabran.
La chapelle St Siméon. Cet édifice communal est au carrefour de la D263 et de la route de la Mordantière. Il a été édifié en 1657 et fondée de plusieurs messes. Deux épigraphies datées ornent les linteaux des portes : HNT 1657 et M.R.T.P. R. LORENT1657. La chapelle abrite un interressant retable en bois orné des statues de St Siméon et Ste Marthe ( ?) ainsi que d’un groupe de Ste Anne et de la Vierge également en bois polychrome. Une interessante Ste Radegonde en plâtre peint et un St Léonard de même nature ornent des consoles. Si la couverture du bâtiment a été refaite, il serait bon de revoir les portes et le mobilier mériterait d’être également remis en état.
Le château des Vaux. Implantée dans le parc privé du château, la visite de la chapelle et tout particulièrement l’interprétation des peintures nous est faite par M. André Duplan, son propriétaire. Cet édifice placé sous le vocable de St Thomas de Cantorbéry est orné de décors peints des 14e et 15e siècles d’une rare qualité. Parmi les peintures qui ornent l’intérieur, on remarque tout particulièrement les représentations de St Michel et de neuf des douze apôtres ainsi que de St Hubert et de Ste Marguerite dans l’ébrasement de la fenêtre du chevet.
Le château du Fresne. Même si, une fois encore, nous restons devant la porte, le château dévoile deux centres d’intérêt : sa chapelle et son pigeonnier. Les fossés et l’étang étant pratiquement à sec, il a été possible d’observer les structures basses des bâtiments. La chapelle du 15e siècle, dédiée à Ste Marie-Madeleine, était à la présentation du seigneur du lieu, c’est-à-dire que ce dernier présentait à l’évêque le chapelain de son choix. Au 19e siècle, le curé de Champéon prévoit de se rendre au Fresne tous les 15 jours pour célébrer la messe ce qui peut devenir une corvée dans les mauvais chemins et par mauvais temps ; il aurait souhaité que les châtelains fassent preuve de compréhension en lui envoyant une voiture.
Implanté sur un ilot, le pigeonnier est d’un type qui pourrait bien être unique sur notre département. De forme hexagonale, à colombage garni de briquettes, il repose sur six piliers de granite. Sur le chapiteau d’une colonne sont sculptées les armes des familles d’Anthenaise et de Champagne alliées par mariage en 1539.
A l’intérieur 700 trous de boulins abritaient les pigeons ; ce qui représentait un domaine d’environ 350 hectares. Dans les cahiers de plaintes et doléances de 1789 pour la paroisse de Champéon il est demandé « qu’il soit fait deffenses aux seigneurs d’avoir de colombier à cause des ensemencées que les pigeons détruisent sinon nous autoriser à les tuer ».
L’église paroissiale. De retour à Champéon, le groupe se retrouve dans l’église où les vitraux lui sont présentés par M. Duplan. Ces vitraux qui représentent des scènes de la guerre de 1870 ont été offerts par l’abbé Batard, nommé curé de Champéon en 1875. En décembre 1870, les Volontaires de l’Ouest se distinguent au côtés des Mobiles de la Mayenne à Loigny et Patay sous les ordres du général de Sonis. Ce sont des épisodes de ces combats qui sont relatés dans ces vitraux et la présence de Jeanne d’Arc rappelle l’autre combat de Patay en 1429. Les lecteurs qui souhaiteraient en apprendre plus sont invités à relire ou .. acquérir le numéro 26 de la Mayenne -archéologie – histoire / 2003.
Mr Sabran nous présente enfin le trésor de l’église de Champéon dont les pièces majeures sont une croix processionnelle en argent et vermeil repoussé sur âme de bois et un reliquaire réalisé à Angers en 1683 par le maître orfèvre Jean Galisson. Cette année-là, à l’issue de son troisième pèlerinage, René Bouteloup rapporta de Rome les reliques dites des saints Justin et Félix et des saintes Placide et Lucie.
Une fois encore, la commune de Champéon a montré son attachement à son patrimoine. Il reste encore bien des lieux à découvrir ou à revoir et des recherches d’archives sont à mener. La SAHM reste à l’écoute des élus afin de les aider dans leurs projets.