Avril 2023 : Les bornes de corvée sur la route royale

Les bornes de corvée sur la route royale d’Alençon à Laval au 18e siècle.

Le Conseil départemental de la Mayenne a confié à la SAHM le soin d’effectuer une recherche historique sur la Corniche de Pail. Le résultat de ce travail vous sera communiqué le 15 juin, lors d’un jeudi de l’histoire, par une visite commentée. Pour comprendre un lieu, il faut le situer dans son contexte géographique. Fait exceptionnel, une borne de corvée – qu’on découvrira sur place – est restée abandonnée en 1862 à 4 lieues de la route royale.

Extrait de l’atlas Trudaine  orienté est-ouest entre La Lacelle et Pré-en-Pail, avec tracé routier initial antérieur à l’implantation des bornes de corvée.

Extrait Atlas de TrudaineRetour historique : dans le but d’élaborer une politique routière, une instruction royale de 1738 impose la corvée à tout le royaume. Dans un rayon de 3 ou 4 lieues de la route, les habitants des paroisses, hors des périodes de semailles et de moissons, sont astreints à des travaux de construction et d’entretien de voiries nouvelles, en l’occurrence la route royale de Paris à Brest. La mesure est impopulaire car les habitants de Pré-en-Pail se mutinent en 1847, peu après que des bornes en granite aient été posées. Sur chacune d’elles et de part et d’autre, sont inscrits les noms des paroisses où des communautés d’hommes ont été contraintes au travail programmé par les Ponts et Chaussées. En 1862, la corvée est supprimée et remplacée par un impôt. Par adjudications, des entrepreneurs engagent des salariés ou aléatoirement recrutent des pauvres dans des ateliers de charité.

Bornes de crorvée Nord-MayenneLes bornes étaient posées toutes les ½ lieues (soit 100 toises ou 2 km) pour limiter les astreintes de chaque communauté. N’ayant plus aucune utilité après la Révolution, elles sont remisées dans les dépôts des services des routes. Plusieurs ont disparu mais par chance, d’autres ont été conservées dans le jardin lapidaire du château de Mayenne.

074

Certes, la corvée est un impôt injuste qui n’atteignait pas les catégories de privilégiés. Mais cette politique routière visait à développer l’économie avec des retombées locales et à faciliter la circulation des biens et des personnes. Qu’on en juge par cette simple comparaison. En 1765, la durée du voyage de Paris à Laval, en carrosse, est de 6 jours. En 1780, en diligence, elle ne demandait plus que 3 jours.

Alain Guéguen

Pour en savoir plus sur l’atlas de Trudaine :

Les commentaires sont clos.