Excursion du 29 octobre : Saint-Georges-Buttavent

Excursion à Saint-Georges-Buttavent

Le 29 octobre 2023, un groupe d’adhérents de la SAHM n’a pas hésité à affronter une fraicheur de saison agrémentée de quelques gouttes de pluie afin de découvrir quelques aspects du patrimoine de la commune de Saint-Georges-Buttavent. Nous avons été accompagnés toute la journée par Mme Genest et M. Manceau, adjoints du maire. Qu’ils soient ici remerciés pour leur accueil et leur participation à cette journée.

Commanderie de Quittay

Ce lieu que nous avons visité a été le théâtre d’une intense activité tant sur le plan religieux qu’économique et avec une organisation sociale importante. Les terres de cette commanderie ont vraisemblablement été données par le seigneur de Mayenne Juhel II lorsque son neveu Onfroy prit l’habit des chevaliers du Temple au milieu du 12e siècle. Cet ordre du Temple prend ses racines dans le contexte des Croisades et des nombreux pèlerins de l’Occident qui se rendent en Terre sainte. Après la conquête des Turcs musulmans de l’Asie mineure, Iran, Irak… la route des lieux saints échappe au contrôle chrétien et devient périlleuse (vols, coups, emprisonnements…). Neuf chevaliers très croyants menés par Payns de Champagne décident de créer un ordre monastique qui se consacrera à la défense de l’aventureux pèlerin et à la sécurité du chemin. Fortement appuyé par Bernard de Clairvaux, l’ordre des Pauvres compagnons de combat du Christ et du Temple de Salomon est définitivement créé en 1120 (concile de Naplouse). Ce sont des moines-soldats, idée allant à contre-courant de la société féodale dans laquelle les catégories sociales sont bien établies.

01 Quitay -chapelleParmi les nombreuses possessions1 de l’ordre du Temple en Mayenne, la commanderie se situait au lieu-dit le Grand Quittay. Elle appartenait à l’ordre du Temple avant de passer (1314) aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem ou ordre de Malte. Ces possessions dépendaient du Grand Prieuré d’Aquitaine dont le siège était à Poitiers. La Templerie d’Echerbay à Saint-Hilaire-du-Maine que nous avons visitée le 28 mai dernier a été également reprise par les Hospitaliers.

Quittay est désignée au cartulaire de Savigny (1204), Sanctus Georgius de Quitteio. En appelant les chevaliers du Temple, les seigneurs de Mayenne les exemptèrent de toute vassalité. La châtellenie ayant juridiction contentieuse, sceaux et institution de notaires, ressortissait directement à la cour du Mans puis au présidial de Château-Gontier. Les assises se tenaient au palais de Mayenne.

02 Quittay - logisLe bâtiment en fond de cour est l’ancien corps du logis. En 1657, on voyait à Quittay « le logis manable consistant en grand corps de logis couvert d’ardoises, salle par bas, cuisine, appentis, salle par haut ; une cour close de murailles dans laquelle il y a chapelle et cimetière à costé ; jardins clos de viels fossés ». La métairie se trouvait à deux cents pas. Le moulin venait d’être reconstruit. En 1703 on mentionne « un petit grenier nommé la chambre au moine, le colombier à droite de la chapelle, la ferme du domaine, la grande et la petite métairie, le moulin ; un bordage en Fromentières, une closerie en Saint-Loup-du-Gast. » Le tout est affermé 1 260 livres en 1719. Les pierres qui sont intégrées à la façade de l’habitation située avant la chapelle, proviennent de l’ancien logis.

La chapelle avait deux autels, l’un de saint Jean-Baptiste, l’autre de saint Eutrope, sur lequel était « une grande pierre travaillée en bas-relief représentant la Cène » avec statues de la Vierge et de saint Eutrope. La porte est romane, accostée de deux contreforts. Les fenêtres sont en plein cintre au nord, en arc brisé au sud. La chapelle de Quittay était déjà en mauvais état en 1703 : dépavée, le lambris autrefois peint défoncé, ainsi que les six panneaux du vitrail. Un pinacle surplombait la porte ; il a été remplacé par un clocheton carré aujourd’hui disparu.

QuittayLa petite cloche ne porte aucune inscription, mais seulement quatre médaillons pratiquement illisibles à l’exception d’un qui est décoré d’une croix fleurdelisée. Elle était accrochée sur un support métallique au pignon de la chapelle. On disait trois messes par semaine à la volonté du commandeur qui donnait pour cela 150 livres par an. Domaine, moulin et grande métairie ont été vendus nationalement le 31 décembre 1792 pour 42 000 livres. La chapelle a servi de grange.

Autre mobilier déplacé : le tabernacle du maître-autel de l’église de l’Assomption d’Ernée provient également de Quittay. Il forme une tour cylindrique de bois doré de de 140 cm de hauteur. Œuvre de François Langlois (1655), il est classé parmi les monuments historiques au titre des objets mobiliers.

Quelques commandeurs liés à Quittay : – Henri ou Aimery Daviet, qui comme procureur administre aussi Thévalles et le Breil aux Francs, 1396, 1415. – Jean Le Royer, prêtre, 1620, fait faire le bas-relief de la Cène la même année ; il meurt en 1633. – Jacques Amyot, 1665, qui pose la première pierre du maître-autel de Fontaine Daniel. – Alexandre Le Normand, magistrat de Malte, réside à Quittay, 1759, 1782. Son nom est gravé sur la cloche de la Templerie. Il fait serment de fidélité à la Constitution de l’an VIII.

Bourg de Saint-Georges-Buttavent.

La première mention de Saint-Georges apparaît en 1204 dans le cartulaire de Fontaine Daniel lorsque le nouveau choix de construction de l’abbaye est fixé dans le bois de Salair sur décision de Juhel II, seigneur de Mayenne. À la limite des actuelles communes de Contest, Parigné et Saint-Georges, un vaste défrichement nommé le Parc est réalisé au 11e siècle sur une voie plus ancienne qui relie Mayenne à Ernée par Placé et qui passe au pied d’une colline. Elle prend alors le nom de Buttavent (butte avant Mayenne). Un féal de Juhel II, Arnauld Fauconnier, y est doté de terres ainsi qu’au bourg de Saint-Georges. Il les transmet en aumônes à l’abbaye nouvelle. Les moines y installent un bourg rural gagné sur la forêt qu’ils divisent en parcelles de 40 m de large sur 100 m de long. Des paysans le lotissent de maisons en bois – celui-ci est prélevé sur place – et exploitent leurs parcelles sous contrôle abbatial. Le cadastre napoléonien révèle les traces médiévales de ce bourg installé sur le grand chemin de Saint‑Georges à l’abbaye de Fontaine Daniel, l’un des axes de défrichement de la forêt proche de Mayenne et du bois de Salair. Au 15e siècle, le bourg s’aligne en bord de voirie. Il conserve de belles architectures.

04 Saint-Georges Buttavent, carrefour N12L’année de son décès (1220), Juhel III de Mayenne crée en faveur de l’abbaye de Fontaine Daniel, in burgo Sancti Georgii nuncupato de Boutavent, un marché tous les mardis et une foire à la Saint-Luc, cette dernière exempte de tous droits pour ce qui le regarde, et qu’il s’engage à maintenir.

Comme à Châtillon, le bourg occupe un sommet : 173 m au château d’eau. Il est divisé en deux parties : l’une le long et au sud de la route nationale de Mayenne à Ernée ; l’autre, au nord de cette route, qui n’avait que deux ou trois maisons en 1780 (Davelu) mais aussi l’ancienne église.

Au mois de mai 1794, les habitants sont dans un tel dénuement que le directoire de Mayenne leur accorde quinze quintaux de son.

Le presbytère, proche de l’église, assez mal distribué, écrit Davelu, est aliéné pendant la Révolution, reconstruit en 1863 par M. Leclerc, architecte. Le cimetière, encore autour de l’église en l’an XII, est transféré route de la gare, au nord du bourg en 1833.

Il existe une école laïque pour les garçons. L’école des filles est tenue par les sœurs de Briouze depuis 1844.

Église de Saint-Georges-Buttavent.

05 St Georges Buttavent - ancienne égliseL’ancienne église, dédiée à saint Georges, représentait une croix latine, par l’adjonction de deux chapelles irrégulières et la reconstruction du chœur. Dans la nef, la côtière du midi gardait deux petites baies romanes et des traces d’appareil en épi ou arête de poisson (opus spicatum). Elle était à 150 m au N.E. de l’actuelle et il n’en reste que des vestiges visibles de la route d’Oisseau. Au maître-autel étaient en 1718 les statues de saint Georges, N.-D. de Pitié, saint Roch, saint Éloi, repeintes et dorées par Julien Migniot, qui fit aussi les deux tableaux des crédences accostant l’autel. L’autel de la chapelle Sainte-Anne, pourvu en 1710 d’un tableau représentant sainte Anne, saint Joachim et la Vierge, fut démonté et remonté par Bonin, maçon, en 1716. Celui du Rosaire, de meilleure facture, avait des statues de saint Mathieu et de saint Julien.

L’actuelle église est reconstruite en style néo-gothique (1890-1897). On n’a pas encore achevé la démolition de l’ancienne église en mai 1902. Le chœur est à six pans, les transepts sont séparés de la nef par une double arcade. Des contreforts saillants avec colonnettes marquent intérieurement la division de la nef en travées.

Les fonts baptismaux ont été déplacés dans le transept nord. Un tableau peint sur contreplaqué représente le baptême du Christ. Le dessin a été réalisé par le curé Baudouin à partir d’une photo prise dans une revue et la peinture a été exécutée par un artisan ébéniste d’Olivet, Jacques Deshayes.

06 Eglise St Georges - retableDans ce même transept, le bas-relief, probablement un retable, commandé par le curé-commandeur Jean Le Royer, provient de Quittay. Cette œuvre non signée mais datée de 1629 est attribuée au sculpteur flamand Van Dolo. Ce dernier a aussi réalisé dans la chapelle sud l’église de Contest, le décor du retable du Rosaire ainsi que le devant d’autel représentant la Résurrection de Lazare. De part et d’autre de la table de la Cène sont représentés, à gauche, saint Jean-Baptiste, un blason et à droite saint Eutrope agenouillé.

07 église Saint GeorgesDans le transept sud, l’autel fait fonction de monument aux morts de la paroisse. On y a regroupé plusieurs statues de provenance inconnue, peut-être même de l’ancienne église. Elles sont inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques :

  • une pietà, saint Étienne et sainte Marthe, terres cuites polychromes, fin 17e s.

  • saint Mathieu, bois polychrome, fin 16e – début 17e s.

Un tableau représente l’Institution du Rosaire à saint Dominique. Sainte Catherine de Sienne n’y figure pas. Attribut de saint Dominique, un chien y est représenté avec une torche dans la gueule. D’après son biographe Jourdain de Saxe (12e s.), la mère du futur saint (la bienheureuse Jeanne d’Aza) avait eu une vision : « Il lui semblait porter en son sein un petit chien, qui tenait en sa gueule une torche enflammée, puis, sortant du ventre maternel, paraissait embraser le monde entier. » Son fils Dominique illuminera l’Église en étant un modèle de sainteté et en fondant l’ordre des dominicains ou frères prêcheurs. Le chien symbolise la fidélité et le lys la pureté. 

Les vitraux du chœur, réalisés par les ateliers Lorin de Chartres, racontent la légende de saint Georges de Lydda (3e s.). C’était un fils de militaire mort au combat. Tribun puis préfet sous Dioclétien. Converti, il est arrêté et décapité pour avoir détruit l’édit impérial obligeant au culte d’Apollon. Le dragon de sa légende serait un chef de brigands qu’il aurait tué à Lydda (Lod) et dont le nom Nahfr signifie dragon ou serpent.

Les armoiries représentées sont celles des familles Moullin de la Blanchère et Moullin de Vaucillon. Torbéchet a été vendu nationalement en 1793 et adjugé à Zacharie-Thomas Moullin de Vaucillon.

L’inventaire des biens de l’église a eu lieu le 12 mars 1906 devant 200 opposants. Les gendarmes ont dû forcer une porte latérale. Un contre-manifestant entonna l’Internationale.

Tuilerie Roc Nord.

La commune de Saint-Georges-Buttavent, a compté quatre briqueteries au cours des deux derniers siècles et dans un rayon de quelques kilomètres sur les bords de la RN 12. On voit encore, recouverts par la forêt, les creux des carrières de l’argile qu’elles employaient.

  • La première, située dans le bas de la cour du village de Roc Nord, a été autorisée par le sous-préfet de Mayenne le 14 mars 1843. Il s’agissait de construire un four à tuiles, briques et pavés qui serait chauffé au moyen de bourrées, ajoncs, genêts et gros bois, à raison de six stères par fournée. Celles-ci n’excéderaient pas huit par an. Les matrices cadastrales révèlent que cette briqueterie a été édifiée en 1868 par Zacharie Moullin. Elle passe ensuite à la famille Richard de Torbechet qui la fait exploiter par un gérant. En 1900, Michel Cornu (33 ans), briquetier de Roc Nord en prend la direction. C’est lui qui fournira les matériaux destinés aux pieds des piliers de l’ancien viaduc Eiffel de Mayenne ainsi que les briques des petites voûtes qui supportaient la chaussée.

Selon l’abbé Angot les briqueteries de Roc Nord et de Bel-Air occupaient une dizaine d’ouvriers. En 1901, la première n’aurait pas fourni moins de 100 000 briques pour le viaduc de Mayenne.

La chapelle N.-D. des Fresnes à Châtillon-sur-Colmont a été construite en 1872 avec des briques provenant de Roc Nord et estampillées « ROC NORD PREZ MAYENNE ». Cet établissement était en ruines en 1926.

  • La seconde briqueterie a été construite par Pierre Bouteloup en 1874 à Bel-Air. Il n’en reste que quelques briques, une superbe maison toute en briques, située au carrefour, ainsi que des photos du séchoir, démoli il y a quelques années.

  • 08 briqueterie Roc NordLa troisième briqueterie est celle du « Petit Roc Nord » construite en 1906 par Michel Cornu déjà cité. Il la cède, en 1933, à son gendre Henri Geslin. Elle cesse son activité le 31 décembre 1966. Il en reste un ancien four à briques dit « four couché » qui mesure 11m10 x 7m80 x 4m20. Une carrière toute proche fournissait une argile d’excellente qualité. Cette terre devait subir plusieurs manipulations. Elle était d’abord humidifiée, épierrée, émiettée sur un manège dallé entraîné par un cheval qui tournait longuement puis moulée dans un cadre en bois aux dimensions précises et enfin pressée et séchée.

Toutes les briques n’étaient pas marquées. Seulement 10 % portaient une empreinte. Le but recherché était l’identification du briquetier.

Les briques étaient ensuite déposées sur champ, espacées d’un doigt dans le four qui pouvait en contenir de 28 000 à 30 000. La porte du four était alors murée.

Puis se faisait la cuisson : pour lancer le feu, 1 000 à 1 500 fagots ou bourrées, préparés par les bûcherons de la forêt, étaient nécessaires. Il fallait un feu modéré pour finir le séchage puis on poussait le feu à 900° au moyen de 14 cordes de bois pendant un temps dépendant de l’expérience et du savoir-faire du briquetier. Pendant la cuisson qui pouvait durer trois jours, les hommes se relayaient nuit et jour pour alimenter et surveiller le feu dont les flammes, rougeoyantes et visibles de loin, inquiétaient parfois. La cuisson terminée, il fallait compter autant de jours de refroidissement avant de sortir les briques qui seraient vendues dans la région.

La Chapelle au Grain.

Le bourg.

Au 14e s. noble homme Henri Augrin, possédait 3 journaux de terre à la Chapelle-Augrin.

Le presbytère est reconstruit en 1879.

Payée par le curé du moment, une école pour les garçons et les filles a été construite en 1856.

Le rédacteur des annales paroissiales insiste sur la pauvreté de la paroisse : les 26 maisons et closeries sont toutes occupées par des locataires sauf une. La plupart des fermes sont des métairies.

L’église.

René de Bouessel et sa femme, Françoise Lebourdais, donnent un tabernacle et deux statues en 1698. Entre 1759 et 1803, à la demande des habitants, Lemesnager, curé de Saint-Georges, accorde la jouissance d’une maison qu’il possède au village pour un prêtre qui dit la messe, fait le catéchisme et tient les petites écoles, ou, à défaut d’un prêtre, « pour loger une personne capable de faire le catéchisme et les écoles et d’instruire les enfants ».

Une chapelle existe depuis le 14e siècle. Reconstruite plus vaste au 16e siècle mais toujours chapelle vicariale ou annexe de Saint-Georges, elle est érigée en église succursale en 1843, puis paroissiale le 15 janvier 1845. Le desservant est un vicaire de Saint-Georges. En 1853, elle « ne peut contenir la foule, prête de tomber en ruine, la charpente est pourrie, ses murs crevassés croulent ».

09 La Chapelle au GrainL’actuelle église est construite en 1852-53 par M. Adde, curé (1842-1853) et complétée d’une flèche en 1864 (architecte Leclerc). Placée sous le patronage de la Vierge et de saint Martin, elle est bénie le 7 avril 1854. Une note des archives paroissiales mentionne une « nouvelle église construite avec les deniers de M. Ade, curé ». Rien n’est dit d’une éventuelle contribution des paroissiens. Elle est sous le patronage de la Vierge et de saint Martin.

L’unique cloche de l’ancienne église avait été enlevée en 1793. En 1795, la cloche de la chapelle du château de la Feuillée à la Bigottière est récupérée pour sonner les évènements de la République. Classée parmi les monuments historiques, elle est datée de 1643 et porte l’inscription RENÉ DU BELLAY SEIGNEUR DE LA FEUILLÉE ET DAME RENÉE DE LA MARZELIERE SON EPOUSE PROPRIETAIRES DE CETTE CHAPELLE. LADITE CLOCHE A ETE TENUE PAR PIERRE PIVERT CURE DE LA BIGOTTIERE ET CHARLOTTE DU BELLAY ET A ETE NOMMEE CHARLOTTE – MICHEL DUPARC M’A FAITE EN 1643 

Évocation.

La commune de Saint-Georges-Buttavent s’enorgueillit de compter parmi ses habitants cinq personnes (trois hommes et deux femmes) qui ont été reconnus Justes parmi les Nations. La mémoire de ces Justes est archivée et préservée au Mémorial Yad Vashem à Jérusalem. Ce titre est réservé aux non-juifs qui, pendant la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, ont aidé des juifs au risque de leur propre vie et sans recherche d’avantages. Ils sont de toutes conditions sociales et de toutes opinions. Ici, il s’agit de deux familles habitant Fontaine Daniel. La première est celle d’un couple d’agriculteurs. Ils donnent refuge au petit Serge, 8 ans, dont les parents fuient de lieu en lieu, à chaque risque de rafle après que la boutique du père, bijoutier à Paris, a été spoliée.

La seconde est une famille d’ouvriers à l’usine textile. Elle habite une modeste maison de deux pièces. Le fils, ayant effectué son service militaire, est affecté au début de la guerre à une batterie de DCA. Rentré à Fontaine Daniel, il s’engage dans la Résistance. Il doit épouser une jeune juive parisienne mais celle-ci est arrêtée avec sa famille sur dénonciation. Un des enfants échappera à la mort, recueilli par une voisine qui avait déjà hébergé trois enfants livrés à eux-mêmes. Devant l’intensité des rafles en février 1944, cette femme se met en relation avec le fils qu’elle avait connu et qui lui conseille de mettre les enfants dans un train à destination de Mayenne. C’est ainsi que trois garçons [Qu’est devenu le quatrième ?] furent accueillis et protégés par une autre famille grégorien-buttavanaise.

Le Hec

La chapelle du Hec est située sur un ruisseau traversant en cluse la haute barrière de grès armoricain formant limite orientale de la forêt de Mayenne. À l’ouest, l’émergence du grès armoricain constitue l’autre limite d’un synclinal formé par les transgressions et régressions marines qui ont déposé des sédiments peu favorables à l’agriculture. Aux 11e et 12e s. les moines de Fontaine Géhard installent des ermitages. À l’époque moderne, la forêt est quadrillée pour fournir les bois nécessaires aux forges de Chailland.

Une légende rapportée au 19e s., sans preuve historique, suppose un ermitage à cet endroit. Une première chapelle serait mentionnée en 1451 (titre en possession de M. Trippier de la Grange selon Couanier de Launay).

10 chapelle du HecLa chapelle semble avoir été reconstruite au 17e s. (présence d’un retable Louis XIV et statue de la Vierge en terre cuite), démolie, puis construite à nouveau en 1826. Il était écrit sur une planchette : CETTE PETITE CHAPELLE A ETE ERIGEE PAR LES DESCENDANTS DE PIERRE PERON, CULTIVATEUR, ET DE JEANNE ROFIN SON EPOUSE, DE JACQUES BURET, MARCHAND ET FRANÇOISE PERON SON EPOUSE, TOUS DE SAINT-GEORGES-BUTTAVENT 10 AOUT 1826. RESQUIESCANT IN PACE.

Détruite à nouveau par un incendie – il ne reste que la Vierge – elle est reconstruite en 1887 grâce aux dons des familles de Chavagnac, de Torbechet et des paroissiens. Le projet date de 1847. La première pierre est bénie 13 avril 1887 tandis qu’une croix est dressée à l’emplacement de la future chapelle. Dans la pierre ont été placées des médailles, des monnaies et une plaque de cuivre rouge sur laquelle figure une inscription mentionnant les personnalités présentes. La chapelle elle-même est bénie le 20 septembre 1887 par le chanoine Lemaître du petit séminaire de Mayenne.

C’était encore récemment un lieu de pèlerinage à l’occasion des fêtes traditionnelles

Sa cloche, fondue par les établisemnt Bollée du Mans porte l’inscription JAMAIS JE CESSERAI DE CHANTER LES LOUANGES DE NOTRE-DAME DU HEC.

Sources :

  • Abbé Angot, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne / Armorial monumental de la Mayenne/ Épigraphie de la Mayenne.

  • Revue historique du Maine, t. 58, 1905.

  • BCHAM, 1907, t. XXIII, p. 472-473

  • Archives départementales de la Mayenne : E dépôt 161 : 2 M 9 à 12, 128 J 82, 400 J 213, 344 J 13

  • Archives diocèse Laval : Saint-Georges-Buttavent, La Chapelle au Grain, le Hec

  • Couanier de Launay, 1879 – Pèlerinages et sanctuaires dédiés à la bienheureuse et immaculée Vierge Marie, p. 206-209.

  • Blin Jean-Baptiste, 1860 – Annales paroissiales de La Chapelle-au-Grain

Textes : M. et A. Guéguen, J. Poujade, D. Rousseau.

Photos : M. Fleury, B. Poujade, D. Rousseau.

Les commentaires sont clos.