Les manoirs de Cossé-le-Vivien du XIIIe au XVIe siècle par Théo Ben Makhad
Cette conférence est le synthèse d’un mémoire de master 1 d’archéologie à l’Université Rennes 2, sous la direction de Pierre-Yves Laffont. Le sujet en était un inventaire à l’échelle de la commune de Cossé-le-Vivien.
Cossé est en définitive une paroisse du Maine. On connaît notamment un aveu de 1407 que le seigneur de Montjean rend au baron Guy XII de Laval et parmi les propriétés qu’il reconnaît posséder, il évoque des terres de Cossé. On sait peu de choses sur la présence et des résidences des seigneurs de Cossé. Ce n’est que depuis les années 1990 que plusieurs études ont permis de cerner ce qu’est un manoir, à la fois en ce qui concerne le bâti que ce qui relève de sa position sociale. C ‘est un lieu de résidence seigneurial au Moyen Age comme à l’époque moderne. Ce concept ne se limite pas au logis. Il englobe tout un ensemble de bâtiments et même une partie de territoire puisque le manoir est le centre d’une exploitation agricole. Parmi les éléments caractéristiques qui l’accompagnent, on remarque :
- la chapelle, qui permet de rapprocher le culte et souligne la foi du seigneur ;
- la tour d’escalier du logis, en extérieur, joue le rôle ostentatoire de marqueur de la richesse de son propriétaire ;
- le pigeonnier qui est une réserve de nourriture et d’engrais grâce aux déjections, mais dont l’aspect est très symbolique. En effet, habituellement le pigeonnier prend la forme d’une grande tour qui marque le paysage de la présence et de la puissance seigneuriale.
Plus à l’écart, on peut citer les moulins, les garennes, la forêt, les étangs et les métairies.
Il faut noter aussi que des nobles soient parfois plus pauvres que certains roturiers qui, pour affirmer leur richesse, font construire des résidences adoptant les codes de la noblesse.
Pour mettre en place cet inventaire ont été consultés la base Patriarche, le dictionnaire de l’Abbé Angot, les cartes anciennes (Cassini, Nolin, Jaillot, de Vaugondy), le cadastre napoléonien et ses états de section, la toponymie, les historiens locaux de Cossé (François Davost auteur des chroniques de la paroisse en 1840, Léon-Eugène Louis, rédacteur de la monographie communale, Pierre Blondeau et Michel Doreau).
Au final, après avoir croisé les différentes informations, il s’établit une liste définitive de 16 manoirs à Cossé dont six sont encore visibles et six autres ont disparu.
Voici succinctement quelques indications sur ces sites.
– La Cour du Boulay se présente sous la forme d’une cour rectangulaire entourée de bâtiments. Le bâtiment le plus à l’est est d’aspect plus ancien. Il est massif et imposant (18m par 9m). Les murs sont très épais à la base. La voûte en berceau brisé était lambrissée, ce que l’on le sait grâce aux clous sur les pièces de charpente).
– L’Epinay est un bâtiment impressionnant situé dans un coude de l’Oudon. Il se présente sous la forme d’un corps principal sur lequel s’appuie, en appentis, un petit bâtiment. Sous la charpente, une grande pièce d’apparat dont la voûte est en berceau brisé. Diverses hypothèses ont été émises à propos de ce site : simple manoir, salle de justice voire église protestante !!
– Le Grand Bois Ragot. Le bâtiment est aujourd’hui en très mauvais état. Il y a encore une très belle cheminée dans le bâtiment en appentis. Il manque manteau et linteau mais elle ressemble fortement à celle de l’Epinay
– Le site de La Grande Quantière, déjà inventorié comme maison forte en 1992, s’est abîmé énormément depuis cette date.
– Guinefolle. De petite taille, c’est un cube avec une tour d’escalier semi-circulaire. Remanié au fil du temps, il porte la date de 1739 sur un linteau de fenêtre.
– Le manoir du bourg. C’est un logis complexe, réalisé en plusieurs étapes de construction. L’escalier en bois de la tour est encore en place. Une pierre porte la date de 1571. Présence d’embrasures de tir qui pourraient être du 16e siècle.
Il n’y plus trace du bâti d’origine pour les sites suivants :
– les Alleux. Le château actuel est du 18ème siècle mais il y a eu une occupation plus ancienne. Angot mentionne un Robert des Alleux au 11ème siècle.
– La Cheveillère. On n’en sait peu de choses sinon les annotations de l’abbé Angot
– La Cour de la Hard. Le lieu est mentionné comme château sur les cartes de Jaillot et Nolin et il est fait mention d’un seigneur de Laart en 1150.
– Montbron. Angot parle d’un fief de Montbron dépendant de la châtellenie de Montjean.
– Le Petit Vilamy. On voit nettement un fossé en eau entourant une motte.
– Le manoir prieurial du bourg. Au centre du bourg, près de l’ancienne église, se tenait un manoir prieural dénommé « l’abbaye », occupé par un prieur et deux moines jusqu’au 16e siècle.