– Excursion à Gennes-sur-Seiche (35) –
Ce dimanche 26 septembre, nous avons été accueillis en mairie par monsieur Henri Béguin, maire de Gennes-sur-Seiche entouré d’une équipe qui nous a accompagnés durant cette journée ainsi que par Antoine Barré, organisateur de l’excursion. Après une présentation de la commune par le maire, Antoine nous livre quelques explications sur l’histoire de Gena (l’embouchure), la famille de Gennes établie au 11e siècle entre Angers et Saumur et finalement sur ce qui deviendra Gennes-sur-Seiche en 1958.
Comme dans beaucoup de lieux, on y trouve une présence gallo-romaine avec une nécropole à la Dinetière, mérovingienne puis carolingienne détectées par archéomagnétisme. Plusieurs sites ont été révélés par les fouilles liées au tracé de la LGV.
Au 11e siècle, l’église est vendue à l’abbaye de St Serge d’Angers. Deux seigneurs sont identifiés, Geoffroy de Moutiers à la Motte et Renier de Denée en Gennes auxquels s’ajoute l’abbé.
Les cultures et la transformation du lin et du chanvre sont parmi les activités primordiales et le cidre est réputé au 18e siècle.
A la fin du 19e siècle, le bourg est frappé de réalignement.
Visite de l’église.
La croix monumentale qui se dresse devant le porche d’entrée est un remontage de plusieurs époques qui présente néanmoins de remarquables qualités esthétiques avec un croisillon en forme de quadrilobe redenté et ses représentations d’une Vierge à l’Enfant et d’un Christ en croix, tous deux accompagnés d’un personnage en prière. C’est vraisemblablement l’œuvre d’un atelier étranger au pays.
L’église dédiée à St Sulpice est à pignons multiples. Elle est inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis 1926.
Après l’église priorale mentionnée ci-dessus, l’édifice actuel est une reconstruction des 16e et 17e siècles ; les chapelles latérales, le portail sud et la sacristie à étage portent les dates de 1660 et 1662.
La tour du clocher date vraisemblablement du 16e siècle ; c’est aussi un ouvrage défensif avec présence d’un poste de surveillance. Le porche comporte des éléments en réemploi dans une reconstruction de 1882 sous la direction de l’architecte Arthur Regnault mais les portes d’origine ont été conservées. Cet architecte est l’auteur de 38 églises paroissiales en Ille-et-Villaine, de 14 agrandissements, 8 édifications de clochers et 17 autres interventions plus ou moins importantes. Animé d’un profond sentiment religieux, il travaille tout au long de sa carrière à l’alliance de la forme et du symbole afin de rassembler les fidèles dans une aire de lumière et privilégier l’instant liturgique. Dans cet esprit, chaque fois que possible il dote l’église d’un mobilier adéquat qu’il conçoit comme un prolongement de l’architecture.
L’intérieur de l’édifice présente un plan à trois vaisseaux. On remarque la présence de sablières et de blochets sculptés.
Le mobilier est essentiellement du 17e siècle. Les fonts baptismaux présentent un habillage assez rare en bois. La chaire à prêcher du 18e siècle est ornée de panneaux sculptés plus anciens en réemploi. Les stations du chemin de la croix présentent la particularité d’être peintes sur zinc.
Les cinq retables sont classés. L’ensemble du maître-autel incluant les statues, est construit en 1675-1676 par François II Houdault. Il s’inspire largement du plan et de la structure de celui de Piré (édifié par Pierre Corbineau, vers 1632-1633) ainsi que des corps latéraux de l’église de la Trinité de Laval. Œuvre sobre et dépouillée qui met en valeur la structure au détriment de la sculpture, il comporte deux registres et trois travées. Au centre du registre inférieur, un tableau représentant l’Adoration des mages peut être une copie ancienne du tableau du peintre Nicolas Lagouz, exécuté en 1636 pour une église angevine.
Les quatre autels secondaires, à une seule travée, sont construits comme le principal en tuffeau, bois et marbre. Ils comportent chacun une niche abritant une statue de terre cuite sorties probablement elles aussi de l´atelier de Houdault, sauf celle du Sacré-Cœur, en plâtre, de la fin du 19e siècle par le Lorrain Charles Champigneulle. Les antependiums de soie ornés de fil d´or datent du 19e siècle.
L’ensemble des verrières a été réalisé par le maître verrier de Vitré, Chauvel entre 1863 et 1866 à deux exceptions : celle située au-dessus des fonts baptismaux consacrée à St Thomas posée en 1874 par Edouard Rathouis de l’Atelier du Carmel du Mans et celle à l’ouest de la nef qui représente le baptême de Clovis. Cette dernière, de la fin du 19e siècle, est de l’Atelier Lecomte et Colin de Rennes.
Visite du cimetière.
Présent sur le cadastre de 1810, il accueille la tombe de l’abbé Chaupitre. Celui-ci, né en 1869, est atteint d’un ulcère à l’estomac. Dans un état désespéré, il est sauvé par l’homéopathie et lui fait connaitre l’abbé Chauvel qui le prend comme disciple et le forme à cette méthode. En 1910, il comparait en correctionnelle suite à plainte de l’Ordre et c’est l’exil en 1928. Cette année-là, la marque Abbé Chaupitre est déposée et le Laboratoire des Médicaments Homéopathiques du même nom est créé. L’abbé meurt en 1934 à Naples. En 1937, la production journalière du laboratoire passe à 5000 flacons contre 300 du vivant de l’auteur.
Visite du château de la Motte.
Ce château du 15-16e siècle remanié aux siècles suivants succède à une motte située en contre-bas. Geoffroy de Moutier, seigneur de la Motte est cité dans la vente de l’église en 1055. Le logis doté d’un corps central de plan allongé est flanqué de deux pavillons et de deux tours circulaires. Parmi les dépendances il reste le pigeonnier. Il domine un jardin 18ème en terrasse. Tout près, on remarque un cèdre du Liban âgé d’environ 250 ans.
Visite de la maison Bertin.
Située rue de l’église, elle doit son nom à un marchand de toiles qui l’achète vers 1802. Elle domine un ensemble paysager de qualité dont l’agencement est dû à Georges Aumont, architecte du parc de Vitré. Georges Aumont était un architecte paysagiste parisien, qui avait aussi conçu le parc Barbieux, le jardin de l’hôtel de Pierre Catteau à Roubaix, les jardins de la préfecture de Lille, un jardin public à Béthune, le jardin Borely à Marseille, le jardin du Parc à Royan et l’aménagement des Buttes Chaumont à Paris. Il n’interviendra en fait que sur la partie ouest du Beau Jardin, pour la zone au-delà du kiosque à musique, en collaboration avec Théodore Lepers.
Nos plus vifs remerciements partagés par l’assistance, à l’équipe communale, aux propriétaires du château et de la maison Bertin …… ainsi qu’au guide conférencier.