Chemazé / Molières

Excursion du samedi 9 juin 2012
sur la commune de Chemazé

Chemazé : le château de Saint-Ouen

Le château de Saint-Ouen

Désignations successives et mention dans Angot, Dict. T3, p. 645.

Capella Sancti Audoeni apud Chamazeium, 1184 (chartrier de la Roë)

Le lieu de Saint Ouan, 1505 (arch. Mayenne),

Manerium de Chamazeio, 1522

Domus abbatialis Sancti Audoeni, 1584,

La terre, fief et seigneurerie du prieuré de Saint-Ouen, 1645 (chartrier de la Roë)

Dict. étym., Dauzat.

Chemazé : de Camaziaco, du nom d’homme gaulois. Camasius et suffixe –acum

L’édifice central a été édifié par Guy Leclerc ou Le Clerc, abbé de la Roë de 1493 à 1523. En 1505, il acquit le lieu par un arrangement entre l’abbaye et le curé de Chemazé en lui abandonnant des terres sur Saint-Aubin-des-Bois. Le manoir a été édifié dans les années qui suivent ; il se distingue par son escalier monumental digne d’un château de la Loire enfermé dans une tour carrée et la richesse de son ornementation ; on y remarque le chiffre de Guy Le Clerc et la roue de l’abbaye de la Roë.

La porte est remarquable et représente un voyageur « menacé » par un porteur de gourdin. Certains voudraient y voir un message : « si vous craignez les brigands, venez trouver refuge au château ». Nous nous sommes posés quelques questions: le voyageur est armé / si le personnage menaçant est un brigand, il est vêtu avec une certaine recherche / le bâton est noueux sinon épineux et son pendant est représenté seul / que représente l’objet qui, au sol, sépare les personnages ?

La présence d’hermines a amené des auteurs du 19e siècle à attribuer, à tort, la construction du château à Anne de Bretagne.

Déjà partiellement abandonnés à un fermier au temps des abbés commendataires, le château, la chapelle et les dépendances furent vendus comme biens national en 1791. Le château lui-même est utilisé comme bâtiment agricole et la chapelle comme bergerie.

Il est racheté par la suite par le comte de Sèze qui y fait réparer les dégradations. La chapelle est néanmoins transformée en salle danse par installation d’un parquet en hauteur. Rendue à sa fonction initiale par les actuels propriétaires, elle est principalement meublée d’objets sans liens avec son histoire. Toutefois, les éléments de retable qui a été ramené de Bretagne sont au chiffre de Guy Leclerc. Il serait intéressant de pousser plus avant l’étude de cette chapelle dont certaines caractéristiques pourraient faire penser à une antériorité par rapport au manoir.

Compte-rendu par Joël Poujade

Chemazé : l’église

Chemazé – église Notre-Dame de l’Assomption par Jacques Naveau

L’église de Chemazé est mentionnée à partir du début du 12e s. Elle appartient à l’abbaye de La Roë qui a créé un prieuré.

C’est alors une église à nef unique. De cette époque doit dater le bas de la façade occidentale, avec le porche et les contreforts très plats, typiquement romans (mais sans la fenêtre). En revanche, il n’est pas évident que la tour soit romane, comme le pensait l’abbé Angot. On observe en effet, à l’angle du transept (moderne) et du chœur, côté sud, l’angle d’une maçonnerie en talus trop importante pour être un contrefort englobé par le transept (elle est d’ailleurs bordée à droite par un vrai contrefort). On peut se demander s’il ne s’agit pas de la base d’un clocher primitif qui aurait été situé entre la nef et le chœur, et non en bordure du chœur comme le clocher actuel.

Le chœur ne semble pas appartenir à la construction d’origine, avec laquelle il n’est d’ailleurs pas aligné. Il doit être gothique comme l’indique son chevet plat et ses contreforts saillants, différents des contreforts plats du 12e s. que l’on a vus sur la façade. Les contreforts du chevet apparaissent sur le cadastre de 1833, antérieur aux travaux du 19e s., ce qui montre qu’il ne s’agit pas d’une création moderne mais bien d’une disposition ancienne. Ils ne sont pas obliques comme cela tend à être la règle au 15e  s. Toutefois, dans notre région, les contreforts demeurent souvent dans le prolongement des murs jusqu’à la fin du Moyen Âge et au-delà. Notons au centre le contrefort court, s’arrêtant sous l’appui d’une fenêtre dont il ne reste qu’une maigre trace. On observe la même chose dans la chapelle de Charné à Ernée.

La trace de fenêtre en calcaire du chevet est trop incomplète pour être datable. En l’absence d’éléments de modénature permettant d’étayer la démonstration, on peut seulement dire que la construction du chœur se place sans doute entre le 13e s., comme les chœurs à chevet plat de Neau ou d’Épineux-le-Seguin, et le 15e s. Il est très fréquent que nos églises rurales aient une nef romane et un chœur reconstruit (pour être agrandi) au gothique.

La tour a perdu tout élément de modénature antérieur au 19e s. permettant de dater sa construction. Elle ne comporte pas de contreforts et présente en élévation des décrochements, deux faits qui n’incitent pas à y voir une tour romane, contrairement à ce qui en a été dit. Le clocher aurait été élevé en 1778-1779 par le curé Jean Gentilhomme, mais on s’ignore si cela ne s’applique qu’à la flèche ou si la totalité de la tour est du 18e s.

Le cadastre de 1833 indique déjà un transept. On ignore sa date de construction et l’examen du transept actuel ne donne aucune indication. On peut seulement dire, en raison de la maçonnerie talutée d’un éventuel clocher primitif signalée plus haut, qu’il n’existait pas à l’origine. S’agit-il de chapelles ajoutées entre le 15e  et le 18e s. ? Le transept a-t-il été entièrement reconstruit au 19e s. ? Il faut se méfier de l’aspect ancien des contreforts en roussard.

En effet, lors de la restauration totale et de l’agrandissement de l’église, on a évité l’habitude malheureuse d’utiliser des granites gris dont la dureté tranche sur les parties anciennes dans beaucoup d’églises mayennaises. On a utilisé, pour les contreforts et la façade, des roussards identiques à ceux de la construction primitive, peut-être en récupérant les matériaux de contreforts qui soutenaient la nef d’après le cadastre de 1833. Cela donne à l’édifice de l’homogénéité, mais aussi un aspect illusoire d’ancienneté à des parties récentes.

Ces travaux dus à un architecte ecclésiastique, l’abbé Tournesac, ont été réalisés en 1853, date inscrite sur le cadran solaire au pignon sud du transept. Ils ont donné à l’édifice son aspect actuel et comprennent :

l’ajout des deux bas-côtés ;

la création d’une fenêtre dont l’arc est orné d’arceaux au sommet de la façade occidentale. Malgré son aspect roman, cette fenêtre en roussard ne doit pas nous tromper et date bien du 19e s., ce que confirme le style peu orthodoxe de ses chapiteaux ;

peut-être la reconstruction du transept (?) ;

la pose d’un décor néo-roman en calcaire, de bonne qualité, à l’extérieur du chœur : entourage des fenêtres et ligne d’arceaux reposant sur des modillons sous la toiture. Notons qu’à cette époque, le goût va plutôt au néo-gothique, le néo-roman ne s’imposant qu’après 1870. Mais l’architecte a voulu unifier le style de l’édifice en s’appuyant sur l’existence de la façade romane ;

la totalité du décor intérieur.

Le retable du maître autel est attribué à Jean Simon et est daté de 1670. Élève de Biardeau, cet architecte-sculpteur fait partie des Angevins qui ont conquis, après 1650, une partie du domaine occupé auparavant par l’école lavalloise, apportant un souffle baroque nouveau par rapport au maniérisme lavallois et plus conforme à l’évolution du goût. Il intervient dans de nombreuses églises du sud de la Mayenne, telles que Livré, Ménil, Arquenay, Bazouges, et jusqu’à Nuillé-sur-Ouette.

Chemazé : la chapelle de la Rose

Chapelle Notre-Dame de la Rose.

Le petit oratoire actuel a été construit à l’emplacement du vieux cimetière et peut-être d’une ancienne chapelle Saint-Jean-Baptiste. Cette dernière est mentionnée dans une confirmation de biens de l’abbaye de la Roë par Lucius III en 1184 ; la microtoponymie indique une prairie de St Jean à proximité de l’édifice actuel.

Au dessus de la porte figure l’inscription : « 1743. J’ai été faite au frais de F. Salmon § la pierre a été fournie par Louis Bellouin de Daon. J’ai été restaurée en 1866 aux frais de J.-B. Gazeau, prêtre ».

Cet oratoire recèle une statue de la Vierge représentée portant l’Enfant sur le bras gauche et une rose dans la main droite. Elle est en pierre polychrome.

Compte-rendu par Joël Poujade

Molières

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