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| Mortier à « œil de perdrix » |
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| Le site de la Louisière |
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| « Céramique » rue Charles Landelle |
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Une fenêtre ouverte sur les potiers de Saint-Pierre : le diagnostic de la LouisièreConnu pour ses productions céramiques diffusées à travers tout l’Ouest français au Moyen Âge et à l’Époque moderne, le village de Saint-Pierre-le-Potier, au sud de l’agglomération lavalloise, fait l’objet d’un périmètre archéologique large, annexé au plan local d’urbanisme. C’est dans ce cadre qu’au lieu-dit La Louisière, préalablement à l’aménagement d’une habitation individuelle, un diagnostic archéologique (opération d’évaluation) a été réalisé en octobre 2010. Occupant un fond de vallée d’orientation est-ouest, le site a livré plusieurs vestiges repartis en deux zones.
La première, sur le versant nord, présente sur plus de 1,80 m de haut une suite de trois niveaux de remblais datés du 13e siècle, de la charnière entre le 14e et le 15e siècle et du milieu du 15e siècle. Durant la seconde moitié du 15e siècle, une canalisation maçonnée souterraine est aménagée à travers le remblai le plus récent. Réalisée à l’aide de schistes liés à l’argile, elle suit la pente du terrain pour se déverser dans un puits à l’aide d’un raccord coudé. Ces caractéristiques autorisent à penser qu’il s’agit d’un système d’adduction. En revanche, l’absence conjuguée de semelle à la base de l’ouvrage et d’enduit sur ses parois intérieures pouvant garantir l’étanchéité du conduit parait indiquer que l’eau acheminée n’était pas destinée à la consommation.
Ces données tendent à démontrer la présence d’un habitat voire de structures artisanales d’époque médiévale à proximité immédiate. Distante de seulement 30 m, La Louisière apparaît pour la première fois dans les textes en 1603. A cette date, Jean Lemercier, potier, y réside.
La seconde zone, sur le versant opposé, a permis de mettre au jour une briqueterie relativement complète bâtie au 17e siècle et arasée durant la 2nde moitié du 18e siècle. D’ouest en est, le complexe se compose d’un four maçonné et semi-enterré, d’un atelier contigu et, devant l’entrée de ce dernier, d’une fosse d’extraction d’argile.
À eux seuls, ces vestiges sont les parfaits témoins de l’évolution de la production de terres cuites à Saint-Pierre-le-Potier et plus largement au sud de Laval. Attestée à partir de la fin du 13e siècle, la production de céramiques lavalloises ne cesse de se développer au cours du Moyen Âge pour atteindre son apogée entre le milieu du 15e siècle et le milieu du 17e siècle. Malheureusement, face à la rivalité toujours plus accrue des céramiques concurrentes et notamment des grès de Normandie, elle commence à péricliter dès le milieu de l’Époque moderne. Dès lors, elle est progressivement remplacée par la fabrication de terres cuites architecturales (briques, carreaux, tuiles).
Une fenêtre sur le sous-sol de l’intra muros : le sondage de la rue C. Landelle
Dans le cadre de la création d’une canalisation d’eau potable rue C. Landelle, au cœur l’intra muros médiéval, le Service municipal d’archéologie a réalisé en novembre 2010 la tranchée requise par l’aménagement sous la forme d’un sondage. D’orientation SO-NE, longue de 230 m et d’une profondeur moyenne de 1,40 m, cette ouverture a offert un regard totalement inédit sur le sous-sol du centre historique lavallois. Du sud-ouest au nord-est, les différentes structures mises progressivement au jour peuvent être répartis en 5 secteurs.
Place Hardy de Lévaré
La traversée de la place Hardy de Lévaré, devant la porte Beucheresse (13e siècle), a été l’occasion d’enrichir notre connaissance des fortifications urbaines. Si le fossé de ville a pu être appréhendé, à l’inverse, aucun vestige n’a été observé à l’emplacement supposé de l’enceinte. Ceci tend à confirmer la faible profondeur des fondations de cette dernière déjà constatée par le passé en différents endroits. Au centre de la place, des niveaux de démolition datés en l’état du 14e ou du début du 15e siècle témoignent de la construction à cette époque d’un ouvrage avancé ceint par un fossé. Probable boulevard d’artillerie, cet édifice est arasé au 18e siècle pour permettre l’aménagement de la première promenade arborée de la ville, l’actuelle place Hardy de Lévaré.
À la même époque ou au début du 19e siècle, une citerne de grande dimension est aménagée dans les douves de l’ouvrage avancé. Surmontée d’une voûte en berceau et intégralement recouverte d’un enduit de tuileau assurant son étanchéité, elle semble destinée à alimenter l’intra muros qu’elle surplombe. |