Dans le vaste ensemble architectural que recèle notre département, il est souvent difficile de dater des bâtiments. Avec de l’opiniâtreté …. et de la chance…., nous pouvons être aidés par des documents d’archives. Toutefois, des détails dans les constructions peuvent permettre, sinon de dater, tout au moins de situer dans le temps tout ou partie d’un édifice, ou nous induire en erreur comme nous le verrons plus loin. Les pentes de toitures, le positionnement des cheminées, les encadrements d’ouvertures peuvent être des aides et parmi ces derniers, les linteaux méritent toute notre attention.
Le linteau est un élément architectural fondamental de la construction. Il sert à soutenir les matériaux du mur au-dessus d’une ouverture : porte ou fenêtre. Un arc de décharge peut surmonter ce linteau pour reporter le poids du mur sur les jambages (ou pieds-droits) et ainsi le décharger.
De gauche à droite : Louvigné cintré, Ambrières accolade double, Argentré pierres sur champ, Commer remontage étroit
Les plus anciens sont en pierre locale ; granite, grès, calcaire. Ils peuvent également être en brique, en bois ou en métal.
De gauche à droite :Ambrières coussinets, Ballée bois chevillé
De gauche à droite :Louverné poutrelle, Arquenay linteau clavé
De gauche à droite :Ernée briques, Brécé date et inscription
La structure peut être monolithique ou non, parfois de grande taille, clavée ou formée de pierres sur champ. Elle peut reposer directement sur les jambages ou sur des coussinets. Le 19e siècle utilise le métal, plus ou moins orné. Les linteaux décorés d’une accolade simple ou double, se rencontrent sur des bâtiments des 15e et 16e, voire du 17e siècle.
De gauche à droite :Colombiers-du-Plessis date, Lassay-les-Châteaux sculpture
Les linteaux peuvent être chanfreinés à plat ou en creux, moulurés, ornés de différents décors sculptés ou gravés et parfois datés. Leur positionnement et celui des moulures sur les jambages peut être une indication de réemploi ou de modification des dimensions de l’ouverture.
De gauche à droite :Daon blason martelé, Bouère sculpture
De nombreux linteaux sont ornés de figures, de symboles voire de dates. On y retrouve les noms ou les initiales du constructeur, du commanditaire (souvent en abrégé), sa profession, des motifs religieux (calice, ciboire, Bible …), des armoiries (souvent martelées). En ce qui concerne les chronographes, ils peuvent être une indication de date de construction …. mais aussi une fausse piste si réemploi.
De gauche à droite :L’Huisserie jambage droit rapproché, Cigné profession cabaretier
De gauche à droite :Oisseau profession maréchal-ferrant, Montourtier meneau réemployé
Un certain nombre de linteaux décorés sont identifiés dans les ouvrages de l’abbé Angot, Épigraphie de la Mayenne et Armorial monumental de la Mayenne.
Nous éviterons de parler des linteaux en béton employés dans la « restauration » du patrimoine ancien.