YVES FLOC’H

1932-2024

Le 25 janvier 2024, Yves Floc’h nous a quittés. Membre de la Commission historique et archéologique de la Mayenne (devenue Société d’Archéologie et d’Histoire de la Mayenne) depuis 1954, il a donc participé pendant 70 ans à la vie de notre groupe. Cette longévité associative exceptionnelle et, plus encore, l’activité qu’il a déployée et les multiples services qu’il nous a rendus auraient pu l’amener à assumer la présidence à un moment ou à un autre, comme ce fut le cas pour la majorité de nos membres les plus engagés. Ce n’est pas la moindre de ses particularités de ne pas apparaître dans la longue liste de nos présidents. Il n’a jamais été candidat à cette fonction, jugeant sans doute qu’elle revenait de droit à des personnes plus expertes. Nous voyons dans cette attitude, bien caractéristique de sa personnalité, un trait de modestie car sa culture historique était à l’évidence supérieure à la moyenne. Ce très grand lecteur faisait preuve, dans ses domaines de prédilection, d’une érudition qui nous a toujours impressionnés, appuyée sur une mémoire tout aussi exceptionnelle jusqu’à un âge avancé.

Dans le vaste champ de l’histoire et de l’archéologie, ses goûts allaient plus spécialement au patrimoine sous toutes ses formes, avec un intérêt particulier pour les grandes demeures classiques, à l’histoire des Temps modernes et surtout de la Chouannerie, à la généalogie et à l’héraldique. Mais il ne s’enfermait pas dans ces spécialités et faisait preuve d’ouverture et de curiosité pour tout autre domaine historique lui étant proposé. Un tel appétit culturel explique le grand nombre d’associations auxquelles il a adhéré. Parmi elles, il attachait un intérêt particulier à l’Association du Souvenir de la Chouannerie de la Mayenne (puis du Maine à partir de 2012) dont il fut un membre fondateur en 1979 et qui répondait à ses convictions. Mais il participait aussi à des groupes au spectre plus étendu comme l’Académie du Maine.

Yves Floc’h était l’un des membres les plus constamment actifs de notre association. Il ne manquait qu’exceptionnellement les réunions du conseil d’administration auquel il appartenait depuis des temps immémoriaux. Il ne se contentait pas d’y émettre des avis et n’hésitait pas à payer de sa personne dans les tâches faisant la vie et la renommée de la SAHM. Il nous a d’abord fait bénéficier de sa compétence professionnelle. Entré dans l’imprimerie paternelle de la Manutention à Mayenne en 1961 puis devenu directeur, fondateur en 1992 des Éditions régionales de l’Ouest, il connaissait mieux que nous tous les exigences de la publication et nous a transmis les bases de cette activité. Il a longtemps été l’imprimeur du Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, devenu la revue La Mayenne, archéologie, histoire. Loin de se borner à ce secteur professionnel, il s’est engagé avec un plein dévouement et une grande disponibilité dans nos actions bénévoles, en particulier dans l’organisation des excursions. Il nous a ouvert beaucoup de portes grâce à ses relations étendues et a assuré lui-même la présentation de nombreux sites. Nous nous souvenons comment il s’est chargé, au pied levé, de la visite du château du Bois Thibault à Lassay pour pallier la défaillance du présentateur prévu. Lors de ces exposés, il faisait preuve d’un grand talent de narrateur et savait capter l’attention de ses auditeurs, ce qu’il prolongeait pour les délices de ceux qui l’entouraient au cours du repas succédant à la visite. Nous gardons un souvenir ému de sa dernière intervention sur les demeures de Mayenne le 20 octobre 2022, âgé de 90 ans.

À l’occasion de ces épisodes de la vie associative, les traits de cette personnalité pourtant modeste, jamais mise en avant, s’imposaient à nous. Le mot de courtoisie est l’un de ceux qui viennent le plus souvent aux lèvres de ceux qui l’ont connu. Ce n’était pas une courtoisie mondaine, mais une manière d’être agréable offerte à tous. Avant de parler, Yves Floc’h savait écouter, avec sérieux et avec le désir de trouver dans les propos des autres des idées profitables à l’association. Sans doute cette capacité était-elle fondée sur une profonde gentillesse. Elle traduisait aussi la réalité de son ouverture d’esprit. Car cet homme fidèlement engagé dans ses convictions n’en faisait jamais un barrage contre les opinions adverses, un moteur de conflits, considérant le respect de la personne humaine comme la première exigence. Nous avons tous bénéficié de cette ouverture et de la paix qu’elle procure dans la diversité propre à la vie associative.

Les commentaires sont clos.