Excursion du dimanche 29 mai : le Saosnois

L’église de Neufchâtel-en-Saosnois 

La visite de l’église dédiée à saint Etienne a été abondamment commentée par M. Jean Fernandez, président de l’association pour la sauvegarde de cet édifice.

DSCN1983Le bâtiment est daté du 13e siècle mais il a été plusieurs fois modifié au 15e siècle au 19e. La dendrochronologie de la charpente en place a révélé des arbres abattus au 14e siècle ce qui laisse à penser que celle-ci est déjà une structure de remplacement. Sauf accident, le fait de refaire une charpente après un siècle d’existence parait bien court mais les rares textes retrouvés par les membres de l’association ne donnent aucun éclaircissement à ce sujet.

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L’entrée se fait sous la structure sur poteaux du clocher qui a été dégagée par les bénévoles de l’association.

L’agrandissement de l’édifice est matérialisé par la présence de deux piscines. La troisième est une récupération

20220529_114940Plusieurs vestiges de décors peints sont conservés dans la nef et le chœur. Ils ont été découverts lors de l’enlèvement de l’enduit du 19e siècle à motif de faux appareil. Retenons dans la nef un saint Christophe ainsi que la messe de saint Martin et les bavardes (thèmes également représentés à Parné-sur-Roc). Dans le chœur, déposition de croix, mise au tombeau et procession des disciples (?) se déploient sur le mur nord pour disparaitre derrière le retable. Sur le mur sud, le Christ portant sa croix et la légende de St Nicolas sont interrompus de la même façon. Notre guide nous assure qu’un Christ en Majesté est représenté sur le mur Est, masqué par le retable. Ce grand retable est en bois avec colonnes stuquées peintes en imitation de marbre.

Deux statuettes en terre cuite datées du 17e siècle représentent une Vierge à l’enfant et un saint évêque qui pourrait être un des Pères ou bien un des Docteurs de l’Église.

L’église est fermée au public de 2005 à 2017 pour des raisons de sécurité.

20220529_115715Plusieurs éléments du décor et du mobilier proviennent de l’abbaye de Perseigne : le bénitier en granit (vers 1515) portant les armoiries de Roland le Gouz, abbé de Perseigne, un vitrail historié (1575-1600) composé de plusieurs morceaux disparates, représentant principalement un seigneur donateur et saint Jean-Baptiste, accompagnés de l’inscription Sancta Maria ora pro nobis. Il s’agirait du duc d’Alençon Jean II en armure, agenouillé mains jointes. Il y a aussi un lutrin à l’aigle (17e s.) et une des trois piscines. Le gisant du comte Guillaume III Talvas, comte de Ponthieu, seigneur de Bellême et d’Alençon, a échoué dans l’avant-choeur après avoir été installé dans plusieurs autres lieux.

Au cours de la journée nous avons visité deux Ecomusées : la Maison du sabot et des métiers à Neufchâtel-en-Saônois et la Maison de la ruralité et du chanvre à Saint-Rémy-du-Val.

20220529_142943Ces deux musées sont un hommage aux ouvriers de la forêt et au monde rural de cette région de la Sarthe mais aussi à l’ensemble de la ruralité du territoire national.

Le matin, à Neufchâtel, nous étions plongés dans l’univers des sabotiers mais aussi de certains autres métiers liés au bois et au cuir ainsi que dans les métiers des femmes : le filet et la broderie.

Plus de sept cent outils sont exposés ainsi qu’un grand nombre de sabots, simples, fantaisistes, décorés, du dimanche, miniatures, pour les paysans, les ardoisiers, les braconniers, les ramasseurs de châtaignes, etc….Ces sabots étant fabriqués dans de nombreuses essences de bois et quelquefois agrémentés de cuir.

L’après-midi à Saint Rémy du Val la Maison de la ruralité nous présente la culture et le travail du chanvre, cette plante aux cent usages, depuis les semences jusque à son utilisation pour réaliser ; draps, voiles, sacs, cordes, filasse, ficelles, isolation dans le bâtiment. L’exposition nous montre les outils et les machines utilisés par le chanvrier lors du cycle de la récolte et de la transformation du produit : la semeuse, l’arracheuse, la mare pour le rouissage, le four pour le séchage, la braie pour le broyage, la fileuse, le métier à tisser, la cordeuse et beaucoup d’autres outils nécessaires au travail manuel.

Encore du beau travail et de la présentation par des bénévoles. Qu’ils en soient ici remerciés.

Le logis abbatial de Moullins près de Saint-Remy-du-Val.

20220529_172559A 2 km OSO de Saint-Remy-du-Val se dresse le logis de Moullins avec sa chapelle et ses dépendances. Cette demeure seigneuriale a été construite entre le 12e et le 16e siècle. On y accède par une porte charretière. La chapelle sainte Catherine actuelle succède probablement à deux autres. Le vaisseau a deux travées prolongé par la travée droite du chœur, avec un chevet à pans coupés. Les bois de la charpente du chœur et de la première travée de la nef ont été coupés dans l’hiver 1513-1514, date de la construction par Michel Bureau, prieur de l’abbaye de la Couture au Mans. Ceux de la seconde travée sont datés entre 1544 et 1554, lors de l’allongement de la nef par l’abbé Nicolas Fumée.

Le dernier chapelain décède avant 1620 et les bâtiments sont à l’abandon tout au long des 17 et 18e siècles. L’ensemble est vendu comme bien national. Et acquis en 1805 par un agriculteur qui transforme la chapelle en dépendance agricole. Le retable et l’ensemble du mobilier ont disparu.

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Faisant face à l’entrée, la salle d’apparat ou aula (vers 1330) a subi le sort des autres bâtiments ; agrandie, tronquée, incendiée (1417), pour être enfin restaurée (16e s.). Nous ne verrons que l’extérieur dont il ne reste que les murs pignons avec baies à remplage et les murs gouttereaux avec fenêtres à croisées de meneaux et portes en arc brisé ou anses de panier. Des bâtiments de service sont implantés à proximité : stockage des aliments, boissons et denrées diverses, cuisines.

Une reconstitution a été réalisée par la société Morfoze. Elle est consultable sur http://www.morfoze.com/1/grande_salle_medievale_logis_de_moullins_galerie_restitution_130180.html

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Le logis abbatial (vers 1500) a été construit dans un style ogival très sobre. Le corps principal flanqué de deux tours est prolongé par une aile à l’ouest. Dans l’angle ainsi formé, une tour escalier dessert les étages. Les toitures sont garnies de lucarnes, de fleurons et d’épis de faîtage. De nombreuses embrasures de tir pour armes à feu montrent que la sécurité du bâtiment pendant les Guerres de Religion avait été prise en compte. De l’intérieur, nous ne verrons que deux pièces du rez-de-chaussée, l’actuelle cuisine et la grande salle.

Le site http://www.logisdemoullins.fr/introduction.php vous permettra de compléter cette visite.

Le château de Saint-Rémy-du-Val et son environnement.

A la charnière des 10e et 11e siècles, le Saosnois passe du commandement des comtes du Maine à celui du duché de Normandie par la famille de Bellême. Elle en fait un fief puissant dominé par les Talvas. L’un d’eux notamment, Robert II (1052-1130) est connu pour avoir renforcé et créé de nombreuses fortifications afin de contrôler les frontières avec le Maine dans le cadre du conflit qui l’opposait au comte Hélie de la Flèche. L’ensemble castral de Saint-Remy-du Plain (du Val depuis 1964) est devenu, vers 1100, le centre de commandement privilégié du seigneur, abandonnant à quelques kilomètres le site défensif de Lurçon. Le cœur du pôle se présente comme une imposante plate-forme d’environ 1 ha cernée de fossés. Des talus d’escarpe hauts de 6m protègent les côtés les plus exposés. A l’angle S.E. s’élève une butte circulaire de 35 m de diamètre. Ancienne motte remaniée ? Vers l’ouest l’ensemble se termine par une double basse-cour. Une tour maîtresse circulaire en pierre calcaire a été construite sur la plate-forme à proximité de l’escarpe sud. Il s’agit d’une tour mixte combinant des fonctions défensives et résidentielles. Les dimensions de l’édifice sont considérables. L’épaisseur du mur atteint près de 4,2 m. La hauteur maximale des élévations conservées n’est que de 6,7 m par rapport au niveau actuel de la plate-forme. Les maçonneries appartiennent sans doute à la salle basse aveugle. La hauteur de la tour est impossible à estimer avec précision, mais pouvait certainement dépasser les 30 m. La datation carbone donne la fourchette fin 12e/début 13e s. pour cette tour circulaire qui fait partie des plus grosses de France.

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Cet ensemble, propriété communale, dont les retranchements s’étalent sur 4,6 ha est classé au titre des Monuments Historiques depuis 2015

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