Février 2015
Canton d’Évron : les croix métalliques
Elles sont très nombreuses dans nos cimetières : rien que dans le canton d’Evron, on en rencontre 497 en bon état et 27 cassées, mais encore en place.Elles offrent une grande diversité de décors et plus de 80 modèles différents ont déjà été recensées
Ces croix sont généralement en fonte, matériau fragile, et exceptionnellement en fer forgé, d‘une hauteur variant de 40 cm à 1,70m, systématiquement montées sur un quadrilatère pyramidal en béton ou en pierre.
Elles ont été moulées d’une seule pièce et peuvent être ornées de motifs floraux seuls ou associés à des personnages tels que le Christ , la Vierge, un saint , un ou deux anges. Parfois, ces personnages sont rapportés sur la croix par des vis, rivets ou par une soudure. Très souvent, des plaques métalliques émaillées sont fixées sur la croix ; sur ces plaques sont inscrits les noms, prénoms et date de décès des défunts. Ces supports peuvent être des plaques d’aluminium moulées. Dans les deux cas, elles sont en forme de cœur mais aussi rondes ou ovales.
Les croix en fonte, ont fait leur apparition vers 1840 et leur production s’est arrêtée dans les années 1930/1940. A partir de 1950, la reprise de concessions anciennes a vu leur disparition ainsi que leur remplacement par des monuments en pierre 1. Elles provenaient de fonderies du Nord et de l’Est de la France (Haute-Marne, Ardennes, Meuse etc.) et on retrouve les mêmes modèles un peu partout en France (ex. Gers et Deux-Sèvres). Certaines ont pu être identifiées comme provenant des fonderies d’Albert Corneau de Charleville-Mézières (Ardennes) et de la fonderie de Portillon-Tours à St Cyr-sur-Loire (Indre-et- Loire).
C’est le développement du chemin de fer qui a permis l’approvisionnement de notre département 2.
Les croix sont de 3 types :
. Plates ajourées,
. Plates ou légèrement convexes, pleines, avec des motifs floraux,
. Creuses à section ronde, hexagonale, octogonale ou rectangulaires.
Motifs Floraux :
Ils sont très nombreux mais le plus courant est le lierre qui symbolise l’attachement et l’éternité. Des couronnes végétales qui n’ont ni début ni fin, symbolisent l’éternité.
Autres symboles : le lis (pureté), les roseaux (fragilité de la vie), les roses (l’amour), l’épi de blé qui représente la vie, et encore beaucoup d’autres fleurs : arums, pensées (souvenir), tulipes, immortelles, palmes, chrysanthème, fleurs et fruits de marronnier, grappes de raisins, pomme de pin, etc.
Christ :
Il existe de nombreuses variantes dans les dimensions et dans la représentation.
La tête droite ou penchée, le regard orienté vers le ciel ou tourné vers le sol, tête nue ou couronnée d’épines.
Les bras horizontaux, ou en V plus ou moins accentué.
Les pieds joints ou croisés l’un sur l’autre, appuyés ou non sur un support
Le pagne, croisé ou noué devant ou sur le coté, avec une partie pendante le cas échéant.
Vierge :
Elle est représentée avec une couronne de fleurs sur la tête ou un voile. Elle peut aussi tenir l’Enfant Jésus sur un bras.
Seule, elle aura les bras étendus horizontaux ou dirigés vers le bas avec les mains ouvertes. Elle figurera également mains jointes sur le cœur.
Anges :
Souvent par deux, debout dos à dos mains jointes ou agenouillés face à face.
Parfois aussi, un seul ange figure au pied de la croix, priant et tenant la dite croix.
Autres motifs :
. Les symboles des quatre évangélistes, tête d’aigle (Jean), tête de taureau (Luc), tête de lion (Marc) et tête d’angelot (Matthieu)
. Un cœur enflammé entouré d’une couronne d’épines.
. Des symboles religieux tel que l’épi de blé et vigne pour symboliser l’eucharistie mais aussi le pain et le vin (La chair et le sang du Christ), une couronne d’épines, les clous de la crucifixion, une fleurs à cinq pétales ou une étoile à cinq branches pour les cinq plaies du Christ.
Le triangle divin représente la Trinité, avec parfois l’inscription hébraïque du nom de Yahvé.
Ces monuments méritent d’être sauvegardés. En 2 ans, nous avons constaté dans deux cimetières que 8 % de ces croix avaient disparu. Les communes devraient avoir à cœur de les conserver et chaque fois qu’une de ces tombes est relevée, la croix avec la stèle épigraphique pourrait être entreposée dans un coin du cimetière près d’un mur comme dans l’exemple ci-dessous.
Tout renseignements, documentation, catalogue, concernant ces croix seront les bienvenus. Contactez la SAHM qui transmettra aux chercheurs.
1 Renseignement Ets Mazurier, marbrier à cette époque.
2 Observations : Les fonderies Chappée à Port-Brillet et Antoigné ne faisaient pas d’articles funéraires (cité par les cahiers du patrimoine dans « la métallurgie du Maine »).
Pierre Martin.