Ce mois-ci, M. Trideau Didier, membre du groupe patrimoine, nous propose son travail de recherche sur le monument aux morts de Senonnes.
Pour rendre hommage aux victimes qui ont fait le sacrifice de leurs vies pour la défense de l’indépendance nationale, le Président de la République R. Poincaré promulgue la loi du 25 octobre 1919 relative à la commémoration et à la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre. L’Etat promet des subventions pour les communes qui élèveront un monument aux morts. C’est ainsi qu’environ 36 000 cénotaphes seront érigés de 1920 à 1925 sur l’ensemble du territoire. La loi du 31 juillet 1920, dans son article 81, précise les modalités d’attribution des subventions qui seront calculées d’après le nombre de combattants nés ou résidents dans la commune, mort pour la Patrie, comparé au nombre d’habitants ayant pour référence le recensement de 1911.
A Senonnes, la réunion du conseil municipal du 2 avril 1922, sous la présidence de M. Maillard Henri, maire (1), approuve la construction d’un monument aux morts pour un montant de 10 594 francs (2). Le projet de ce dernier est établi par M. Planchenault architecte à Pouancé. « Monsieur le Maire rappelle également que le Conseil a décidé que le onument serait érigé sur la place publique face à la route de Pouancé » (3). Le cénotaphe projeté comprend deux gradins formant la base d’une stèle en granite du Pertre (35) surmontée de la statue d’un poilu en fonte de fer bronzé. Le financement sera assuré par une souscription de 3 770 frs, un prélèvement sur les fonds communaux de 5 824 frs et la somme de 1 000 frs sera sollicitée auprès de l’Etat pour couvrir la totalité du projet.
Cette statue, d’une hauteur de 2,63 m. et d’un poids de 420 kg, connue sous le nom de « poilu victorieux », est l’œuvre du statuaire Eugène Bénet (4). Elle figure sur les monuments aux morts de près de neuf cents communes françaises. En Mayenne elle est présente à Chevaigné-du-Maine, Saint-Ouen-des-Toits et Trans. Les établissements métallurgiques A. Durenne (5) ont créé la statue en fonte de fer, qui est sur son catalogue n°8 de 1921 ; cette fonderie a exécuté la majorité de cette œuvre. Cependant, exceptionnellement, celle de Senonnes fut réalisée par les établissements Cochin frères à Angers.
Elle représente un soldat français de la première guerre mondiale ; la main droite arbore une palme (6) et une couronne de laurier (7) en signe de victoire et la main gauche tient un fusil « Lebel ». Il est coiffé du casque « Adrian » et sur sa poitrine sont épinglées trois médailles : la Légion d’Honneur, la Médaille militaire et la Croix de guerre.
La bénédiction a eu lieu le jour de l’inauguration, le 11 juin 1922.
(1) Maire de 1921 à 1950, il succède à son père. Les maires du Sud-Mayenne, Bruno Poirier, 2011.
(2) Archives départementales de la Mayenne.
(3) Réunion du conseil municipal du 2 avril 1922.
(4) Né à Dieppe en 1863, mort à Paris en 1942. Ecole des Beaux-arts de Paris.
(5) Antoine Durenne (1822-1895) fondeur, Ecole des Arts et Métiers d’Angers.
(6) Symbole de victoire depuis l’Antiquité ; Petit Larousse des Symboles 2006
7) Symbole de victoire, Le Langage secret des symboles, David Fontana, éd. Solar 1995