Excursion du 30 septembre – Saint-Ceneri-le-Gerei

Une trentaine d’adhérents se sont retrouvés au Cormier pour une visite des ateliers de monsieur et de madame Romet. Amélie Romet est restauratrice de tableaux et peintre. Christophe Romet est restaurateur de meubles avec une spécialité dans les meubles en marqueterie. Un couple, deux passions.

1-le Cormier -artisans restaurateurs  (4)

 

Cette matinée passée en compagnie de ces deux artistes a été aussi agréable que passionnante.

 

1-le Cormier -artisans restaurateurs  (7)

 

 

 

Après le pique-nique près des rives de la Sarthe, le groupe s’est dirigé vers l’église où il était attendu par monsieur Christian Malézieux, peintre et sculpteur, auteur du remarquable chemin de croix de l’église. Cette fois encore, un artiste nous a communiqué une partie de son savoir-faire mais surtout la réflexion qui l’a amené à traduire son ressenti dans cette exécution en étain ronde-bosse.

3-chemin de croix de Mr Malezieux  (2)


Eglise St Martin.

La première église aurait été construite en bois à l’initiative de St Céneri vers 669. Il est inhumé dans l’église non achevée qui est terminée par l’évêque de Sées Milehard et consacrée sous le vocable de Saint Martin du Mont Rocheux. Le tombeau suscite des miracles et l’église est le plus souvent appelée par le nom de son fondateur.

Vers l’an 900, des soldats de Charles le Simple ont une conduite irrespectueuse près de l’église : ils sont pourchassés par des abeilles qui les font se jeter du haut de la falaise.

4-église-visite extérieure (6)

Un an plus tard, le jour anniversaire de la mort de St Céneri, deux cavaliers attachent leurs montures au portail de l’église. Celles-ci s’emballent, brisent leurs attaches et sautent du haut de la falaise sans le moindre mal. Les guérisons inexpliquées sinon miraculeuses se multiplient.

 

En 903, une nouvelle invasion scandinave fait s’enfuir les moines porteurs des reliques jusqu’à Château-Thierry-sur-Marne (Aisne) et le monastère est détruit. Il n’en existe aucun vestige.

Après bien des péripéties pendant la Révolution de 1789, une petite partie des reliques est authentifiée en 1804 et répartie entre plusieurs églises.

Saint Céneri le Gerei, église (35)

 

L’église actuelle n’a été construite que vers 1090. Selon Henri Pastoureau, historien du lieu et auteur de l’histoire de St Céneri, il semblerait que pendant 35 ans, l’édifice se soit limité au chœur et au transept avec les absidioles. Les fenêtres gothiques du transept refaites en 1900, ont remplacé celles en plein cintre du 11e siècle. Celles du chœur sont néo-gothiques. La façade a été refaite en 1826. La tour du clocher, de plan carré, avec larmier à modillons, ouvertures géminées et couverture en bâtière, date du 12e siècle.

A l’état d’abandon de 1796 à 1826, elle subit des travaux au 19e siècle ; une partie de ces modifications seront supprimées par la suite. L’église est classée en 1886. Ce n’est qu’à partir de 1952 (Association créée en 1953) que les restaurations se feront dans le respect de l’édifice.

Les décors peints les plus anciens remonteraient au 12e siècle : faux appareil géométrique quintefeuilles, rinceaux des embrasures des fenêtres latérales de l’abside. A l’entrée du bras nord du transept se distingue une des anciennes peintures, maintenant peu colorée (photo ci-contre). Elle représente le buste d’un personnage portant sans doute une mitre. La plupart des scènes visibles sont probablement des 14e ou 15e siècles mais en recouvrent d’autres. A noter que certaines interprétations des spécialistes sont contradictoires.

Si Pastoureau blâme pour son « inconscience artistique » le curé du 16e siècle qui fait recouvrir les décors anciens, que dire d’un dénommé Chadaigne qui à partir de 1857 et pendant cinq étés, repeint, recouvre et invente des décors dont certains seront supprimés en 1952.


La chapelle du Petit Célerin et la fontaine.

Céneri naquit à Spolète en Ombrie vers 620. Très jeune, accompagné de son frère Cénéré, il part à Rome au service du pape, entre dans l’ordre des bénédictins. Il est nommé cardinal-diacre. Cinq ans plus tard, une vision lui ordonne de partir à l’ouest. Les deux frères franchissent les Alpes et, vers 659, arrivent à Saulges. Trouvant le pays trop opulent, Céneri laisse son frère à Saulges et part, accompagné d’un garçon du pays nommé Flavard.

6-fontaine de St Ceneri (3)

Un jour d’été 689, les deux voyageurs arrivent au bord d’une jolie rivière contournant un promontoire rocheux. Ils sont épuisés et ont soif, Céneri prie, une source jaillit. Cette source aménagée par la suite en fontaine n’a jamais cessé de couler.

L’ermitage aurait été occupé de 659 à 668. D’autres cabanes auraient été fabriquées aux environs abritant des anachorètes.

Au XVe siècle, la chapelle du Petit Saint-Céneri est construite sur l’emplacement de l’ermitage. A l’intérieur se trouve une pierre que la légende décrit comme ayant été la couche du saint. Des archéologues et des amateurs de folklore l’on décrite comme un menhir couché.

7-vers la chapelle (2)

 

Parmi les pratiques locales on peut mélanger de la poussière du « lit de St Céneri » avec les aliments pour se protéger de la colique. Les filles qui réussissaient à planter une épingle dans la statue en terre cuite du saint se mariaient dans l’année.


Le bourg.

A la fin du 19e, Saint-Céneri devient un lieu prisé d’un certain nombre d’artistes, peintres, poètes, musiciens. A partir de 1885, l’éditeur alençonnais Auguste Poulet-Malassis invite les peintres de Fontainebleau et Bougival à venir s’installer dans le village. Beaucoup sont séduits, attirés par le cadre de ce méandre de la Sarthe, les rivières, les détails pittoresques et la végétation. Ils en font un lieu de villégiature privilégié. Ce sera une intense activité artistique d’un demi-siècle.

On peut compter une cinquantaine d’artistes qui y a séjourné plus ou moins longtemps Si certains font construire des habitations, orner des jardins pour écouter des œuvres musicales, beaucoup logeront dans les deux principales auberges. L’une, celle des sœurs Moisy est devenu un musée, l’autre l’auberge Legangneux un restaurant. Elles conservent toutes les deux sur leurs murs des peintures et panneaux peints de cette époque. Parmi les artistes qui ont apprécié les couleurs et la lumière des paysages de Alpes mancelles on peut citer Courbet, Boudin, Corot, Buffet, Harpignies, Mary Renard…

Saint Céneri le Gerei, village (10)

 

L’un d’eux, Paul Saïn y a résidé pendant 25 ans. A sa mort, pour lui rendre hommage, une souscription permit de lui élever, dans son lieu de prédilection, un monument avec son buste en bronze. Les allemands l’ont abattu pendant la guerre pour en faire des munitions.  Une œuvre contemporaine le remplace. Elle a été réalisée par C. Malézieux. Paul Saïn est considéré comme un grand paysagiste et portraitiste. Il a composé environ 1600 portraits. Cette aventure artistique de Saint-Céneri se termine avec la première guerre mondiale.

Buste P. Sain

 

La fin d’après-midi nous a amenés à Saint-Léonard-des-Bois pour une balade tonique jusqu’au retranchement qui domine le bourg.

L’enceinte fortifiée du plateau de Vandoeuvre, au lieudit Narbonne, est défendue par des versants abrupts et par un rempart de pierre résiduel.

Ce retranchement de superficie modeste, environ deux hectares, ne peut être défini comme « oppidum », terme attribué par César aux villes gauloises fortifiées. Son occupation peut être attribuée au néolithique, à l’âge du bronze ou aux deux périodes.

Un polissoir existe dans la prairie située entre la rivière et le bourg et un dépôt bronzier a été découvert sur le retranchement en 1994.

Gilbert Foucher.

Photos : M. Fleury


 

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