Excursion du dimanche 27 octobre
par Jacques Naveau et Joël Poujade
En ce jour de passage à l’horaire d’hiver et par un temps gris mais exempt de pluie, c’est une cinquantaine de personnes qui a suivi cette dernière excursion de l’année.
L’église d’Épineux-le-Seguin
L’église dédiée à saint Pierre et saint Paul dépendait autrefois de l’archidiaconé de Sablé. Si elle n’est mentionnée qu’à partir du 12e siècle dans le cartulaire de la Couture, sa construction est antérieure. Elle était entourée par le cimetière qui a été déplacé en 1803 ou 1804 (an 12).
Epineux le Seguin – gouttereau nord Epineux le Seguin Côté sud
Extérieur.
De l’époque romane subsiste le mur sud de la nef qui présente une baie en plein cintre, avec encadrement chanfreiné en grès roussard ; elle est datée de la première moitié du 11e siècle.
Le clocher hors œuvre a été ajouté au 12e siècle. Il présente un toit en bâtière, des contreforts d’angles et trois niveaux d’ouvertures :
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Une porte percée au 15e ou 16e s. avec linteau en accolade permet l’accès à la tour depuis l’extérieur. Une baie en plein cintre sur le mur sud et une à l’ouest éclairent la chapelle située à la base de la tour.
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Au-dessus et sur chaque face, on voit une large baie à double voussure surmontée de deux ouvertures également en plein cintre.
Des cloches sont fondues en 1514 par Jean Bessinais puis deux en 1597 dans l’église de Brûlon par Pierre Pelé, fondeur à Angers et enfin une par Chauchard en 1780. La paroisse, des plus réfractaires à la Révolution, fut aussi traitée constamment révolutionnairement : 3 mai 1793, ordre d’enlever les cloches dans les vingt-quatre heures parce qu’il n’y a pas de prêtre assermenté.
Le côté est du clocher est flanqué d’une absidiole qui prolonge la chapelle précédemment mentionnée. Cette partie a probablement été ajoutée au clocher au 13e s.
Le chœur est pratiquement dans l’alignement des murs gouttereaux de la nef. Il a remplacé au début du 13e s. un chœur plus réduit. Cet agrandissement peut être lié à la création du prieuré et au besoin d’un espace plus important en raison de la présence des moines. Le chevet est plat. Il présente deux ouvertures en arc brisé, séparées par un contrefort plat et bouchées lors de la construction du retable. Les murs du chœur sont renforcés par des contreforts à glacis en pierre de taille reliés par une corniche à modillons. Une sacristie construite au 18e siècle vient s’appuyer sur le mur sud.
Une partie du mur nord de la nef s’est écroulée en 1558 et a été remontée peu après. Les larges contreforts sont d’époque moderne. La partie la plus ancienne se reconnaît à ses petits moellons alignés et à la présence d’une ancienne porte partiellement masquée par un des contreforts. Plus à l’est, une baie gothique a été percée : à sa droite, présence du piédroit en roussard d’une ancienne fenêtre (13e ou 14e ?).
La façade a subi plusieurs remaniements. Elle est percée d’une porte excentrée en plein cintre surmontée d’une baie de même. Les contreforts de part et d’autre ont été ajoutés en 1851 au moment de la démolition d’un porche en appentis.
Intérieur.
Le chœur est séparé de la nef par un mur percé d’un arc brisé à double rouleau. La voûte à pans de la nef est lambrissée. La chapelle Saint-Louis, à la base de la tour, a une voûte en berceau transversal. Les murs de l’église ont été crépis et la voûte refaite en 1895.
Le passage faisant la liaison entre le chœur et la chapelle sud a été percé après coup.
L’essentiel du mobilier a été renouvelé au 18e siècle.
Un Christ en croix est suspendu à une poutre de gloire, structure en fer forgé réalisée en 1766 par un dénommé Château, maréchal-ferrant local.
Les autels latéraux sont dédiés l’un à Vierge, l’autre à saint Julien. Leurs statues occupent la niche de chacun des retables. Au sommet de ceux-ci et à l’aplomb de leurs colonnes figurent deux statuettes : sainte Barbe et saint Jean l’Évangéliste au-dessus de l’autel de la Vierge, saint Nicolas et saint Sébastien sur celui de saint Julien.
En 1785 ont été ajoutés les fonts baptismaux et la chaire à prêcher qui a été sculptée par un menuisier nommé Perret.
Dans la chapelle sud dédiée à saint Louis en 1627, est exposée la statue du roi réalisée en terre cuite et peinte. Y figure également la copie d’une bulle d’indulgence accordée par Léon X aux pénitents en 1515.
Le logis de Chantepie.
Cette visite a eu lieu grâce à l’amabilité de sa propriétaire. Le lieu est privé et n’est pas ouvert au public. Nous invitons les personnes désireuses d’avoir des renseignements sur l’histoire et l’architecture de ce logis d’interroger la base du patrimoine à l’adresse :
https://gertrude.paysdelaloire.fr/dossier/IA53003375
L’église de Bannes
Le bourg de Bannes s’inscrit dans un terroir gardant des traces de son organisation à l’époque romaine. L’élément principal est la voie antique du Mans à Rennes, dont le tracé est conservé en bordure du bourg : c’est un segment de la route moderne de Viré-en-Champagne à Saulges. Cette voie traversait l’Erve sur le site des grottes, au pied d’une agglomération occupant le plateau de la Cité. Oblique par rapport à la précédente, la route antique de Tours à Corseul la rejoignait aux abords du plateau, puis s’en séparait après le passage de l’Erve.
Les deux voies ont déterminé la mise en place d’un parcellaire dont il reste des témoignages dans le cadastre, où l’on reconnaît de grandes unités à peu près rectangulaires correspondant à des exploitations antiques.
Les bourgs actuels n’existaient pas à cette époque mais il y avait des cimetières ruraux. Au début du Moyen Âge, ces cimetières sont reconnaissables par l’usage de sarcophages en calcaire coquillier. Puis ils ont été christianisés par l’ajout d’un bâtiment de culte. À l’époque romane, lors de la construction des églises de pierre, on a souvent exploité les sarcophages pour y tailler des pierres d’angle et des moellons. C’est le cas à Bannes.
Ainsi, la genèse du bourg de Bannes appartient-elle à un modèle dont on a d’autres exemples en Mayenne : des exploitations agricoles romaines, un cimetière rural en bordure d’une voie, sa christianisation vers les 7e-8e s. par la mise en place d’une église, la reconstruction de cette dernière en pierre vers l’an 1000, la naissance d’un bourg au 11e s. par agrégat de maisons autour de l’église et du cimetière
Extérieur.
L’église dédiée à saint Jean-Baptiste est encore entourée de son cimetière. Bien que mentionnée seulement en 1233 dans le cartulaire de la Couture du Mans, elle présente des caractéristiques plus anciennes.
La croisée de transept est surmontée d’une tour-clocher avec toit en bâtière. Au sommet, on peut voir deux fois deux ouvertures en arc brisé et au niveau inférieur, chaque face est percée d’une baie en plein cintre à double rouleau. Ce clocher est desservi par une tourelle placée dans l’angle de la nef et du transept sud. Il abrite deux cloches fondues par Bollée en 1846 et 1874.
On remarque que la courte nef dont l’appareil est fait de petits moellons disposés en assises régulières, est désaxée par rapport à l’ensemble de l’édifice. Deux fenêtres sur le mur nord et une sur celui au sud permettent de dater la nef de la première moitié du 11e siècle.
La partie ouest du mur gouttereau sud a été remaniée : appareil non aligné et pas de baie romane. Près de la tour, la porte latérale présente un arc en plein cintre en roussard.
Le chevet et le transept ont été reconstruits au 12e siècle. Sur le côté est du transept sud, un arc en pierres de roussard évoque la présence antérieure d’une absidiole. L’abside du chœur est percée de trois ouvertures à linteaux échancrés. Elle est renforcée par deux petits contreforts.
Une sacristie en appentis est venue s’adosser au transept nord, masquant une partie du chevet.
Le mur gouttereau nord est composé de petits moellons carrés en assises régulières. Une fenêtre moderne est encadrée de deux petites baies en plein cintre en roussard et en calcaire.
Sur le pignon du transept nord, figure une porte bouchée avec linteau droit, surmontée d’une baie en plein cintre. Les encadrements sont en pierre calcaire. Ces deux éléments sont d’époque moderne.
La porte principale à l’ouest, en plein cintre et à double rouleau, est encadrée par des contreforts massifs en roussard. Le chaînage d’angle est composé de pierres de taille alternant roussard et calcaire coquillier : ce dernier est un probable réemploi de sarcophages.
Alain Valais propose la construction initiale entre 973 et 1045 par datation 14C. La seconde campagne (transept, abside, tour, et portes) pourrait dater de la première moitié du 12e s.
Intérieur.
L’humidité et l’état d’abandon de l’intérieur restent inchangés au fil des ans. Une étude diagnostic pour des travaux de mise hors d’eau doit être réalisée.
Le chœur abrite un retable en tuffeau du 18e siècle. Le tableau central représente le baptême du Christ, copie d’après Mignard. L’autel en marbre est du 19e siècle.
Les autels latéraux sont en ruine. Sur celui du nord, écroulé en 2017, figure une Vierge à l’Enfant en terre cuite. Cet autel pourrait avoir été placé dans un enfeu.
Les fonts baptismaux en pierre du 15e s. ont disparu.
On remarque les nombreuses peintures murales, fin 15e ou début 16e, soit imparfaitement dégagées soit signalées par les fenêtres de sondages. Les plus visibles sont :
de gauche à droite: Voûte du choeur , St Jouin , St Denis
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Voûte du chœur : la présence de l’aigle (saint Jean), le lion (saint Marc) et l’homme (saint Matthieu) laissent à penser qu’il pourrait exister un Christ en majesté sous les enduits.
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Mur nord du chœur : saint Roch ou saint Jacques, fond étoilé.
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Mur sud du chœur : ange et étoiles.
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Chœur, mur sud : saint Jouin (tête), bordure ocre et tête d’abbé.
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Croisée du transept : deux visages, sainte Barbe et saint Denis.
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Bras sud du transept, pilier ouest : saint Denis.
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Bras sud du transept, pilier est : sainte Barbe.
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Chapelle sud : une pietà et sainte Madeleine.
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Intrados près de la chaire : sainte non identifiée sous un dais à coquille.
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Nef, dans le grand encadré : saint Christophe. À sa droite, une sainte et une représentation de saint Jacques