Evron, 12 août 1755. Les cloches de l’église paroissiale Saint-Martin vont retentir pour la cérémonie d’enterrement de Maître Claude Grossemand d’Hermanville, avocat au Parlement de Bretagne et inspecteur des Haras du Roi. Au moment de la sonnerie, une calèche longeant les halles et passant sous le porche de la ville, s’apprête à entrer au monastère bénédictin par le portail grand ouvert. Les chevaux de l’attelage, apeurés par le bruit, s’engouffrent en trombe dans l’ouverture mais une des roues heurte le chasse-roue en granit de l’angle de l’entrée, ce qui lui évite de se fracasser contre le mur.
De gauche à droite : Evron, communauté St Martin . Laval, 11 place de Hercé . Laval, place du Gast.
Un chasse-roue, aussi appelé chasse-moyeu ou bouteroue, se trouve au pied d’une porte cochère ou d’un mur et est destiné à empêcher les roues des attelages menés par des cochers malhabiles ou composés de chevaux rétifs, de détériorer le mur et les montants du portail ouvert : il remet dans le « droit chemin » le véhicule moyennant une forte secousse pour le cocher et les occupants. Présent depuis l’antiquité, c’est un témoin des siècles d’utilisation de voitures hippomobiles.
De gauche à droite : Laval, place du Gast Laval, rue des Chevaux Laval, rue Hydouze
On en trouve à l’entrée des porches d’immeubles, à l’angle des murs, aux carrefours, le long des parapets de pont ou des rues peu larges où ils servent aussi de protection aux piétons. Ils sont le plus souvent en pierre locale (granit, schiste, grès, marbre, calcaire), quelquefois en métal (fer, fonte) certains sont sculptés ou moulurés. La création des trottoirs et la modernisation du réseau urbain en a fait disparaître un grand nombre.