– Conférence du 20 novembre 2021 –
Le 20 novembre 2021, dans le cadre des conférences données en partenariat entre les Archives départementales de la Mayenne et la SAHM, nous avons eu le plaisir d’accueillir Marion Seure, chercheuse à l’Inventaire des Pays de la Loire qui nous a présenté l’architecture rurale autour de Lassay : formes et évolution.
Marion Seure dirige depuis 2017 une équipe pluridisciplinaire dont fait partie Théo Ben Makhad, co-intervenant, spécialiste en cartographie et représentations tridimensionnelles.
Le sujet présenté dérive des recherches mené dans l’ancien canton de Lassay-les-Châteaux ; cet inventaire exhaustif du bâti et du mobilier trouvera sa conclusion l’an prochain dans une restitution autour d’une exposition et d’une publication.
L’intervention a débuté par une information sur le service patrimoine et les missions de l’inventaire au niveau de la Région et du Département. En 1964, André Malraux étant ministre et l’historien André Chastel son conseiller dans le domaine, a été créé l’Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France chargé «de recenser, d’étudier et de faire connaître toute œuvre qui, du fait de son caractère artistique, historique ou archéologique constitue un élément du patrimoine national ». En 2004, les Régions se sont vu confier la compétence en matière d’inventaire, l’Etat conservant le contrôle scientifique et technique. Depuis 2007, le service patrimoine des Pays de la Loire pilote les opérations d’inventaire en partenariat avec les 5 départements concernés. Actuellement, en Mayenne, sont menées des études topographiques sur Laval et sur le canton de Lassay et une étude thématique sur les lieux de villégiature le long de la rivière la Mayenne.
Les méthodes et les outils au service de la compréhension de l’architecture rurale ont permis de découvrir que l’étude comparative, et par superposition, des cadastres ancien et actuel, permet de quantifier l’évolution des populations dans les bourgs, villages et hameaux. L’analyse des données recueillies est menée à bien grâce au Système d’information géographique (SIG), outil informatique permettant de stocker, d’analyser et de modéliser les données spatiales qui lui sont fournies.
Le secteur concerné par cet inventaire englobe Lassay-les-Châteaux, le Housseau-Brétignolles, Rennes-en Grenouille, Sainte-Marie-du-Bois, Thubœuf et Saint-Julien-du-Terroux. La collecte touche la totalité des lieux habités.
Lui succède une phase d’étude qui va permettre la constitution de typologies et de dossiers collectifs. Les recherches en archives ne se limitent pas aux archives départementales. Ainsi nous ont été présentés deux documents : le premier départemental, le second provenant des archives nationales. Aveu rendu par Lucas Fouquault au seigneur de Bois-Thibault pour ses édifices et terres de la Beslinières en Sainte-Marie-du Bois (1440) une maison assise sur estaiches et une petite noe sise au bout de ladite maison et aveux rendus par le seigneur de Lassay au duc d’Anjou en 1454, ; état des seigneuries. La lecture de tels documents peut permettre de retrouver, sinon les édifices mentionnés, mais des édifices comparables. Le petit manoir de la Fortinière est une preuve de l’architecture antérieure à la guerre de Cent ans.
Une maison du Bignon près de Niort-la-Fontaine a été un exemple d’analyse et d’interprétation du bâti dont les plans et représentations en trois dimensions permettent une bonne compréhension.
Déjà mentionné dans le travail d’inventaire mené sur le canton de Sainte-Suzanne par Christian Davy et Nicolas Foisneau, la présence de nombreux bâtiments (granges-étables) sur poteaux a été détectée à Lassay. Ces édifices pouvant dater du moyen-âge laissent encore apparaitre la structure en bois englobée par la maçonnerie qui a succédé à des pans de bois et/ou de torchis. L’exemple de Launay au Housseau-Brétignolles a été un exemple de structure à poteaux porteurs du Moyen-Age chemisée à la Renaissance.
L’absence de fours à chaux laisse deviner le fait que ce matériau était importé tant pour a construction que pour l’amendement des terres pour lesquelles son coût en limitait d’autant l’utilisation.
On remarque que le nombre de petits propriétaires induit des édifices composés de nombreux logis et que les dépendances se multiplient.
La conférence s’est achevée sur l’individualisation au 19e siècle des maisons rurales et de leurs dépendances, liée à une diminution de population hors bourgs. L’exemple des fermes de la famille Salles, industriels de la Ferté-Macé, a illustré la reconstruction complète de grands domaines avec parfois la conservation d’éléments anciens n’ayant pas une nécessité avérée, comme un encadrement de porte.
Tous ces résultats seront, au fur et à mesure de leur saisie, consultables sur le site Internet de la Région, la base de données Gertrude et la photothèque :
https://www.patrimoine.paysdelaloire.fr/accueil//