Sainte-Suzanne

Le samedi 6 avril 2013, au château de SAINTE-SUZANNE
À l’occasion de la sortie de la nouvelle publication de la SAHM, « Le patrimoine de la Mayenne. 500 sites à découvrir » : Un nouveau regard sur le patrimoine de la Mayenne et sur ses spécificités

par Jacques Naveau

Jacques Naveau
Auteur du guide
Monique Guéguen
Présidente de la SAHM
Pascal Trégan
responsable du CIAP
Jean-Pierre Dupuis
Conseiller général
Sébastien Legros
Animateur
Joël Poujade
Animateur
Gervais Barré
Animateur
Alain Guéguen
Animateur

En début d’après-midi, présentation du C.I.A.P. par Pascal Trégan.

« Propriétaire du château de SAINTE-SUZANNE depuis 1998, le Conseil général de la Mayenne y a mené d’importants travaux d’étude, de restauration et d’aménagement pendant près de 10 ans.

Le château est aujourd’hui un site qui mêle histoire, architecture, arts, culture, patrimoine, découvertes et animations. Son logis classique abrite depuis 2009 un Centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP). Cartes animées, vitrines, audiovisuels, photographies, maquettes, reconstitutions en 3D, actions éducatives, conférences permettent aux visiteurs d’y découvrir l’exceptionnelle richesse patrimoniale du Pays d’art et d’histoire Coëvrons-Mayenne au cœur duquel vous vous trouvez et, au-delà, de l’ensemble du département de la Mayenne »

Source : Site internet du C.I.A.P.

Ensuite visite de différents lieux de Sainte-Suzanne au choix : la chapelle de la Croix couverte et les moulins par Joël Poujade et Gervais Barré; le château de Sainte-Suzanne par Jacques Naveau; le camp de Beugi par Alain Guéguen et Sébastien Legros.

La chapelle de la Croix-Couverte, dite aussi de Mazery ou Mazeri, est au milieu d’un carrefour entre l’ancien chemin de Château-Gaillard, l’ancienne ruelle de la chapelle et le chemin de Gohard. L’édifice aurait succédé à une croix qui aurait été qualifiée de « couverte » soit, comme le raconte une légende locale, parce qu’elle était au milieu des haies, soit parce qu’elle était protégée par une couverture légère, ce qui se rencontre parfois.

C’est une chapelle de vœu qui a été construite en 1751 par les époux Beaulieu de l’Épine. Privés de postérité, ils avaient fait le vœu de construire une chapelle si leur était accordée une descendance ; peu de temps après, naquit un fils. Elle a été longtemps entretenue par la famille Aveneau qui avait fini par la considérer comme sienne. En 1867, une certaine Adelaïde de Aveneau, recommande à sa nièce et héritière de l’entretenir. Selon certaines sources, les titres de propriété ont disparu à la révolution de 1789.

On y trouve des ex-votos et des bouquets.

(Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de la revue en ligne : « Ex-voto et globes de mariées dans les chapelles et oratoires de la Mayenne » par Joël Poujade. Ci-dessous en exemple le bouquet de première messe de l’Abbé Angot qui ne se trouve pas dans cette chapelle.)

La chapelle était une étape lors des processions des rogations et les mères s’adressaient à Notre-Dame de Pitié lorsqu’un enfant était malade. Le retable est en bois et marbre pour les colonnes avec des vestiges de dorures. Il est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1998.

L’entretien courant est bien assuré par des personnes habitant à proximité par contre, il serait temps que la commune qui en a la propriété fasse réaliser un minimum de travaux sur la toiture, la voûte et les ouvertures. Bien que modeste, cet édifice est souvent visité et pourrait faire honneur à une cité renommée pour son patrimoine.

Joël Poujade

Le bouquet de l’abbé Angot

La vallée de l’Erve à Sainte-Suzanne comprenait une grande densité de moulins, dont certains sont attestés dès 1115. Il en subsiste quinze. Cette force motrice a donné naissance à un véritable faubourg artisanal au pied de la ville forte.

Les activités étaient variées, comme la mouture du blé ou le broyage de l’écorce de chêne ou de châtaignier servant à tanner les peaux. Mais la fabrication de papier, attestée dès 1544, constitue la plus spécifique au site. Au 18e s., une spécialité était la production de carton pour l’impression de cartes à jouer, pratiquée en ville dans une maison à l’angle de la Grande-Rue et de la rue de la Carterie. Les moulins à papier ont cessé de fonctionner vers 1840, concurrencés par d’autres procédés de fabrication employés, notamment, dans la papeterie de Sainte-Apollonie à Entrammes.

S’il reste quelques traces de bâti datant de la fin du Moyen Âge, la plupart des bâtiments industriels sont du 19e s. Le moulin du Gohard inférieur est un ancien moulin à papier reconverti en tannerie au début du 19e s.

Jacques Naveau « Le patrimoine de la Mayenne »

On pense qu’un fort bâtiment en bois préfigurait le château (9e s.). Le donjon de pierres qui lui a succédé remonte sans doute au début du 11e s. Il a connu le siège du château par Guillaume le Conquérant, voulant mâter une révolte des barons du Maine en 1083. Le bâtiment, rectangulaire, comprend trois niveaux. La brèche permettant d’entrer au niveau inférieur est un percement moderne. Au Moyen Âge, on y accédait seulement par un escalier intérieur. C’était un cellier, faiblement éclairé par de petites fenêtres à linteau échancré et gravé de faux claveaux, comme celles des églises romanes.

L’entrée du bâtiment se faisait par le premier étage, grâce à un avant-corps disparu qui contenait un escalier. Elle a été modifiée au 15e s. par l’aménagement d’un pont-levis dont la poulie est encore en place. Ce niveau était celui de l’aula, la salle de réception seigneuriale.

L’étage supérieur était partagé en chambres. Les tours-maîtresses de cette époque concentrent en un même bâtiment la fonction d’ouvrage défensif principal et celle d’habitation.

Différents aménagements faits dans l’épaisseur des murs, pièces ou garde-robes, latrines et éviers, traduisent un souci de confort. Un réduit secret, auquel on ne pouvait accéder que par une échelle, était la salle du trésor où l’on gardait les précieuses archives de la seigneurie. L’abandon de certains de ces aménagements en cours de construction révèle des hésitations et, sans doute, un objectif croissant de sécurité, au détriment des éléments de confort pouvant affaiblir la solidité des murs.

Jacques Naveau « Le patrimoine de la Mayenne »

Clichés Beugy : Jacques Naveau

Le camp de Beugy, aussi appelé camp des Anglais ou camp de Guillaume le Conquérant, est un témoignage de l’architecture en terre médiévale, exceptionnel par son état de conservation et par la précision de sa datation. Son importance a été confirmée par l’obtention en 2011 du label « Architecture de terre remarquable en Europe » décerné par l’ICOMOS (International Council on Monuments and Sites).

En 1058, le comte du Maine s’était reconnu vassal du duc de Normandie. Mais une résistance sporadique apparut et en 1083, Guillaume, devenu roi d’Angleterre, dut faire face à un soulèvement de barons menés par Hubert II de Beaumont, vicomte du Maine.

Hubert s’étant réfugié dans son château de Sainte-Suzanne, Guillaume vint y mettre le siège. Mais, ne pouvant s’emparer rapidement de la place (en raison des vignes qui l’entouraient et où se cachaient les défenseurs, dit Orderic Vital, historien du royaume anglo-normand), il dut se résoudre à construire une fortification de campagne. Il y laissa son armée sous le commandement d’Alain le Roux, comte des Bretons. Au bout de trois ou quatre ans de vains combats, l’affaire se termina par un compromis.

Le camp est constitué de deux enceintes rectangulaires accolées. La plus grande, adossée à la vallée de l’Erve, ne comporte des remparts en terre, bordés de douves, que sur trois côtés. Le quatrième est défendu par la vallée elle-même. La seconde enceinte adopte le même principe en fer à cheval.

Jacques Naveau « Le patrimoine de la Mayenne »

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