Le dimanche 30 mai à 14 heures, 48 membres de la SAHM se sont retrouvés à Gesnes pour une visite du bourg et de ses abords guidés par monsieur Hervé Gérolami, délégué régional de l’association des Vieilles Maisons Françaises.
Située sur un promontoire au-dessus de la rivière Jarriais, et à proximité d’une route gallo-romaine, le bourg de Gesnes domine la campagne environnante. Bâti en partie sur de la diorite, une autre partie de la commune se compose de terres à chaux terminant le filon de Neau.
Le cartulaire d’Évron en 1225 mentionne une église Saint Georges à Genna qui deviendra Gesnes en 1370. Au moyen-âge, la paroisse appartient à l’abbé d’Évron. L’installation du premier prieur connu date de 1422. Bien national à la Révolution, le prieuré sera cédé à la famille Surcouf dont la branche ainée se termine par deux filles : l’une hérite du prieuré à une tour, la cadette se fait construire le château à deux tours. Les familles Davy et Bourbon, familles de chaux-fourniers, implantent trois fours et une tuilerie sur la commune.
L’ancien prieuré Saint Georges.
Fondé au IXe siècle par l’abbaye Saint Nicolas d’Angers, le prieuré dépendait de l’abbaye bénédictine d’Évron depuis 1125. L’installation du premier prieur connu date de 1422. La puissante famille de Bouillé dont plusieurs membres ont été prieurs, fit construire le logis actuel. Se succéderont les Marescot puis les Coasnon. Le bâtiment actuel date de 1550. La partie la plus ancienne est un bâtiment d’exploitation à l’entrée de la propriété.
Occupé par des moines jusqu’en 1791, il servait d’école d’agriculture dans la région où les jeunes gens apprenaient à défricher, planter, tailler et récolter. Parmi les hôtes on note un abbé commendataire à la réputation un peu sulfureuse ; Antoine François Prévost (1697-1763) dit l’abbé Prévost, auteur de l’Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut.
Le château.
Elevé par M. Bourbon, chaufournier, à partir de 1804, terminé en 1824, le château remplace une ancienne demeure comme en témoignent les caves voûtées. Il n’en reste le souvenir que par deux chênes verts dont l’un a disparu lors de la tempête de l’an 2000. On retrouve l’aspect de la première construction sur un médaillon ornant les poutres de la chambre du Roi au château de Montecler à Châtres-la-Forêt.
En 1896, la maison a été échangée avec le vieux presbytère jugé trop loin du bourg et a servi de presbytère jusqu’au départ du prêtre desservant attitré vers 1948. Propriété de la commune, il a été vendu une première fois en 1971 mais devant l’ampleur des travaux à réaliser, l’acquéreur a dû renoncer pour le revendre à ma famille.
L’église Saint Georges.
En réalité c’est le troisième édifice lié au culte de la commune. Une première chapelle, quasi à cet endroit, une seconde démolie à la fin des années 1970 dans le cœur du bourg et enfin l’église dédiée à Saint Georges. Les trois vitraux sont l’œuvre du maître verrier Charles Lorin ; ils sont répertoriés à l’inventaire général du patrimoine culturel. Son architecte, Eugène Hawke (1830-1892) est architecte départemental de la Mayenne de 1873 à 1892.En 1865, il épouse un lavalloise, Élisabeth Sebaux, nièce du Supérieur du séminaire de Laval. Originaire des Cornouailles, chassé par les persécutions contre les catholiques, sa famille arrive en France en 1815. Il entre aux Beaux-Arts à Paris en 1847. Devenu architecte, il s’installe à Dinan. Une lettre du préfet du Morbihan à celui de la Mayenne le décrit comme « un homme honnête et consciencieux, excellent dessinateur mais trop artiste et pas assez pratique ». On lui doit des œuvres pérennes telles que la Préfecture et le Palais de justice de Vannes, la Basilique de Pontmain et le palais de justice de Château-Gontier.
La croix du village.
De section octogonale, la croix dite de St André, au carrefour de la route de Montsûrs et de la RD 276, se rattache à un type connu des 16e et 17e siècles. Elle est constituée de trois parties fixées sur un socle carré.
Le lavoir.
Il est construit en 1850 aux frais du propriétaire des fours à chaux, M. Bourbon. En effet les différentes explosions pour l’extraction du calcaire ont perturbé la circulation de l’eau et asséché un lavoir situé plus près du village. D’heureuses proportions, accueillant une douzaine de laveuses sur ses trois côtés, il se caractérise par ses trois portes à claveaux de briques. Il restera en fonction jusqu’en 2016.
La ferme de la Motte. Par Monique et Alain Guéguen.
Le nom Gesnes est d’origine antique. Mais son étymologie ne permet pas de distinguer un nom d’homme gaulois ou romanisé ou une situation géographique. Les connaissances archéologiques remontent au haut Moyen Age avec la présence de calcaire coquillier dans le mur nord de l’église. Les limites de la paroisse médiévale s’appuient pour parties sur des voies antiques. A l’est, celle de Jublains à Entrammes devenue chemin du Roi de Montsûrs à Bourg Nouvel en 1274. Celle du sud, orientée sur une crête mène du Mans à Corseul. Un parcellaire rectiligne limite un domaine aristocratique depuis la Templerie au bourg, mais il est repris au Moyen Age par trois grands défrichements concentriques, dont deux s’emboitent à la Motte.
Gesnes ressemble à sa voisine Châlons, mais n’a pas bénéficié comme elle de textes de l’évêché du Mans. L’origine du bourg paroissial est un probable cimetière, précédant une église précoce possédant un petit appareil. La voirie nord du bourg est un vestige de carroyage antique. Ce qui caractérise Gesnes au Moyen Age, c’est son axe est-ouest, traversant le bourg, chemin structurant venant d’Evron par les chemins dits de Jouanne et de Neau, traversant Brée et se prolongeant par la Motte jusqu’à l’actuelle route de Montsûrs à Laval.
La motte, telle qu’on la voit aujourd’hui, avec sa basse-cour attenante, couvre une superficie de 6200 m2. Elle se situe dans une zone très plane et offre maintenant une couverture totalement boisée. Elle est constituée d’une butte artificielle circulaire de 3,50 m. de hauteur. Son diamètre à la base est de 22,50 m. et de 13,50 m. au sommet. Des fossés en eau de 10 m. de largeur l’encerclent. Ils sont moins larges à l’ouest et semblent alimentés par des sources et les eaux pluviales. Elle fait partie de ces mottes basses qui ne peuvent pas répondre à un rôle défensif. Nous ne possédons actuellement pas de documents d’archives sur ce lieu mis à part quelques lignes d’un texte qui accuse en 1244 Johannes de Mota d’avoir armé chez lui les hommes qui avaient provoqué des incendies dans la terre du seigneur de Sillé et endommagé le chemin du roi.