appel du desert

Visite-conférence de l’exposition l’Appel du désert, les peintres voyageurs en Algérie, les 31 janvier et 3 février 2009 au Vieux Château (par Antoinette Le Falher, commissaire de l’exposition)
Compte-rendu : Stéphane Hiland

 A la suite de l’expédition militaire et scientifique menée par Bonaparte en Égypte en 1799, se développe en Europe, et plus particulièrement en France, un véritable attrait pour l’Orient. Cette fascination des artistes pour cet ailleurs lointain peuplé de mystères se trouve confortée, à partir de 1830, par la conquête de l’Algérie. Dès lors, l’Orientalisme devient en peinture un des styles les plus prisés du genre.

 

 

Les créations d’atelier et l’Orient subliméA l’instar de Charles Landelle, artiste lavallois dont la carrière est consacrée sous Napoléon III par l’attribution de la légion d’honneur, les peintres se bornent d’abord à travailler dans leurs ateliers parisiens sur des représentations d’un orient factice. Peinte en 1866 par Landelle, la femme fellah s’inscrit dans ce mouvement faisant de la femme, empreinte d’une beauté mystérieuse et fascinante, l’incarnation d’une terre à la réalité encore largement méconnue mais alimentée par le fantasme littéraire des Contes des mille et une nuits. En effet, Landelle lui-même, bien qu’artiste orientaliste consacré, ne réalisera son premier voyage en Algérie qu’en 1880 !
Alger la blancheMettant leurs pas dans ceux de Delacroix et Fromentin, véritables précurseurs du mouvement orientaliste, les peintres, sitôt achevée la conquête militaire de l’Algérie, gagnent volontiers les côtes d’Afrique du nord. Leur voyage initiatique débute par la découverte de la ville d’Alger. Ce grand port de la Méditerranée, dominée par la silhouette blanche de la casbah, devient la source principale d’inspiration des artistes qui en donnent des visions assez souvent pittoresques, noyées dans une lumière éclatante comme celle émanant du tableau de Landelle intitulé le tribunal du cadi à Alger. Cette œuvre permet, par ailleurs, de mettre en scène la population indigène parée d’atours vestimentaires surprenants aux yeux du public européen.
L’appel du désertSi le désert a fait son apparition dans la peinture depuis longtemps, le 19ème siècle offre la première confrontation des artistes avec sa réalité géographique. Ils sont nombreux alors à être déconcertés par la difficulté de traduire le paysage et sa nudité, ainsi que ses couleurs aux nuances subtiles. Malgré les écueils de ces considérations plastiques, l’immensité désertique et les valeurs séculaires du nomadisme offrent aux peintres voyageurs l’occasion d’une méditation alimentant leur inspiration. Cette dernière se décline entre exploration géographique, observation anthropologique et vision mythique de l’oasis comme la représentation du jardin d’Eden. Les représentations des mœurs des gens du désert sont en effet assez souvent liées à un certain idéal biblique, dont la matérialité est aisément perceptible dans deux œuvres de Landelle : le tissage à Biskra avec une femme algérienne sous les traits de la Vierge et l’aveugle de Biskra adoptant l’attitude d’un patriarche de l’ancien testament. Seul Etienne Dinet, dont l’expérience originale le conduira à se convertir à l’Islam, saura donner à l’Orientalisme ses lettres de noblesse en sachant appréhender la richesse de la société algérienne, en dressant notamment le portrait réaliste d’individus aux mœurs simples mais éclatant de joie de vivre. Dès lors, avec l’ouverture à Alger en 1907 de la villa Abdel Tif, l’expérience orientaliste s’achèvera pour laisser la place aux productions picturales locales.

 

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