la Chasse-guerre

Hardanges : la Chasse-guerre par Stéphane Hiland

Blandine Busson et Daniel Delpech : les propriétaires

Situé à 2,5 kilomètres au sud-est du village d’Hardanges, le site de la Chacegaière voit son existence attestée sous cette forme orthographique en 1312. A l’époque, il s’agit sans doute d’une forteresse adoptant un parti pris architectural résolument philippien comme peut en témoigner le plan général du domaine adoptant une forme quadrangulaire caractéristique que vient compléter une ceinture de douves aujourd’hui encore en eau. Aux angles du mur d’enceinte, les restes de deux tours cylindriques ajoutent à la mise en œuvre de ce qui était encore désigné au 17ème siècle comme un château-fort.

A la Renaissance, le site va néanmoins connaître une période d’importantes transformations qui va en partie modifier la perception primitive de l’ensemble. Sous l’égide de Brandelis de Champagne, capitaine d’une troupe d’une cinquantaine de mercenaires et infatigable ennemi des Ligueurs qu’il s’emploie à défaire aux quatre coins du Maine, le château de la Chasseguerre est remis au goût du jour entre 1570 et 1590. Conservant une vocation défensive affirmée avec la présence de par et d’autre de l’entrée de deux bouches à feu, le portail se voit doté par ailleurs d’une maçonnerie digne de souligner le rang social du propriétaire. Les blocs de pierre de taille, disposés en guise de piédroits autour des portes cochères et piétonnières, s’ornent de motifs sculptés tantôt losangés, tantôt circulaires. Cette pratique, connue sous le vocable de décor vermiculé, est relativement peu courante en Mayenne si l’on excepte l’exemple du château de Bois-Froult à Lassay-les-châteaux.

Sitôt franchi cette imposante entrée au devant de laquelle se développait autrefois un pont-levis, le visiteur accède à une vaste cour dont les parties latérales conservent des communs d’une mise en œuvre remarquable. L’un des deux bâtiments présente encore une belle lucarne ouvragée en œil de bœuf, témoignage indéniable de la volonté de Brandelis de Champagne de faire de son château une résidence élégante. Le corps de logis, situé quant à lui en fond de cour, s’articulait autour de trois niveaux d’élévation. Quelques fragiles pans de murs subsistent encore, ainsi que qu’une tour octogonale aux ouvertures soigneusement travaillées attestant du prestige accordé à la résidence du maître de maison. Aujourd’hui en ruines, ce bâtiment conserve le souvenir de la mort tragique d’un ouvrier appelé à travailler au 19ème siècle au démantèlement de l’escalier de la tour par le duc de Talleyrand-Périgord.

Un temps abandonné, ayant même servi de carrière de pierres, Chasseguerre retrouve, à l’aube du 21ème siècle, une once de vie grâce aux travaux engagés par des propriétaires passionnés. Ces derniers s’attèlent à consolider les murs de l’ancienne forteresse de Brandelis de Champagne et envisagent, dans un proche avenir, de faire renaître les somptueux jardins renaissance dont le tracé est encore aisément visibles dans la prairie située en contrebas du château.

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