Visite du 27 mai 2017 – Musée de Préhistoire de Saulges

– Compte rendu de la visite du 27 mai 2017, musée de Préhistoire de Saulges –

sous la conduite de Jacques Naveau.

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L’importance environnementale et archéologique du site de Saulges a pour origine sa géologie unique dans la région. Dans un massif calcaire appartenant aux dépôts sédimentaires du Bassin de Laval, l’érosion a créé un karst comme on en trouve sur la bordure occidentale du Massif central (Causses), mais non dans le Massif armoricain. Ce calcaire s’est formé il y a 345 millions d’années puis a été soulevé sous l’effet du plissement hercynien, ce qui fait aussi de Saulges un site privilégié pour observer ce plissement. L’eau s’infiltrant dans les fissures de la roche, puis gênée dans son écoulement par des éboulements, a creusé trois niveaux de grottes. Ensuite, l’enfoncement progressif de l’Erve a entraîné la vidange des deux niveaux supérieurs.

La008 présence des grottes, mais aussi d’une vallée encaissée offrant un abri, explique que Saulges ait constitué, pour l’Homme comme pour les espèces tempérées, une zone-refuge pendant les périodes glaciaires du Paléolithique. Les chasseurs y revenaient à l’automne. Ce site favorable a donc été fréquenté pendant des millénaires, au moins depuis l’Homme de Neandertal il y a 100 000 ans.

La première partie du musée, après avoir présenté la formation du site, montre l’importance dans l’implantation humaine d’un autre facteur naturel, l’approvisionnement en roches utilisables pour faire des outils. Le plus ancien site humain en Mayenne, au sud d’Hambers, est lié à la présence d’un grès offrant les caractéristiques voulues pour la taille.

Les fluctuations du climat s’accompagnent d’une évolution du couvert végétal et de la faune, comme le montrent les nombreux ossements provenant des fouilles. En regard de ces ossements, des fresques redonnent vie à ces animaux, proies ou prédateurs des premiers humains.

À l’Homme de Neandertal succède l’Homo sapiens, notre ancêtre direct. Les archéologues distinguent, depuis -36 000, une succession de périodes correspondant à une évolution des cultures. La plus ancienne est l’Aurignacien, dont l’abbé Maillard, l’un des pionniers de la préhistoire à Saulges, a découvert l’existence sans bien savoir la définir. Le Gravettien qui lui succède est illustré sur le site par les dessins rupestres (vers -25 000) découverts en 1967 dans la grotte Mayenne-Sciences par l’équipe de Roger Bouillon. Cette grotte ne pouvant être accessible au public, un dispositif de visite virtuelle est aménagé au cœur du musée pour en permettre la découverte. Les recherches de Romain Pigeaud, qui a fait sa thèse sur Mayenne-Sciences, lui ont aussi permis de découvrir des décors gravés ou peints de différentes périodes du Paléolithique dans la grotte Margot (mais aussi dans une troisième grotte, à Louverné).

L012es fouilles menées récemment par Stephan Hinguant (Inrap) dans la grotte Rochefort ont fait de Saulges un site majeur pour la connaissance du Solutréen. Cette culture correspond au maximum du froid (vers -20 000). La qualité des recherches permet de mieux comprendre la fréquentation saisonnière de la cavité et les activités qui s’y déroulaient, notamment la taille des étonnantes « feuilles de laurier » constituant l’outil emblématique de cette période. Les fouilles ont également permis une avancée dans la chronologie de l’art paléolithique, livrant en stratigraphie une importante série de plaquettes de grès gravées.

Vers -15 000, le Magdalénien est représenté à son tour par des gravures constituant l’essentiel du décor de la grotte Margot. Alors que s’esquisse le réchauffement du climat, le site de plein air de la Fosse à Villiers-Charlemagne, fouillé par Nicolas Naudinot, fournit, grâce au bon état de conservation du gisement, d’importants éléments pour la connaissance de la fin du Paléolithique, séquence encore mal connue dans notre région.

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Vient alors le Néolithique, époque des premiers agriculteurs. Si un site d’habitat a été fouillé à Oisseau, la période est surtout connue par une série de sépultures mégalithiques étudiées par Roger Bouillon. L’analyse de pollens fossiles et l’abondance des haches en pierre polie traduisent une ouverture du paysage due au défrichement pour la mise en culture de clairières, au pacage et à l’exploitation du bois, dans un environnement restant pour l’essentiel forestier. On croyait il y a peu que la dolérite utilisée pour la fabrication des haches venait d’un site breton. Les recherches récentes de Gwénolé Kerdivel montrent qu’en réalité cette matière première a été exploitée aussi en Mayenne.

La dernière section du musée est consacrée au milieu naturel de Saulges, dont la richesse biologique explique qu’il ait été classé au titre des sites et qu’il soit rattaché au réseau Natura 2000. Une carte illustrée et des moyens interactifs permettent de distinguer les sous-ensembles constituant cet espace qui abrite des espèces animales et des habitats devenus rares et menacés.

 

 

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