excursion dans le perche sarthois le 25 juin 2017

Le 25 juin 2017, les adhérents étaient conviés à une journée dans le Perche Sarthois, région située au nord-est de la Sarthe largement méconnue et pourtant riche en patrimoine dont la Ferté-Bernard est le cœur. 28 personnes étaient ponctuelles au rendez-vous à Tuffé pour visiter l’abbaye ou prieuré Notre Dame.

Nous y avons été accueillis par Madame Pauline MICHAUT. Celle-ci nous a instruit sur l’histoire de ce site avec compétence et gentillesse.

Très peu de personnes (même dans la commune) connaissaient cet endroit sous le nom d’abbaye puisqu’une ferme en occupait les bâtiments dont plusieurs étaient envahis par la végétation et le terrain.

A l’origine, c’est une abbaye de femmes fondée au VIIème siècle par une dame nommée Loppa. Elle devient une abbaye d’hommes puis un prieuré rattaché à l’abbaye St Vincent du Mans au XIème siècle.

Elle connaît un essor avec l’arrivée des moines bénédictins mauristes en 1646. Ces derniers agrandissent et reconstruisent l’ensemble des bâtiments conventuels. Ils aménagent également le jardin en lieu de détente et de méditation.

A leur départ en 1768, ils font détruire l’église et les bâtiments anciens qui menacent ruine.

Vendu à la révolution, le site est occupé par une faïencerie jusqu’en 1830 puis par la mairie et la justice de paix et enfin par un domaine agricole et une maison d’habitation.

Racheté en 1985 par la commune qui commence la restauration, elle retrouve vie grâce à une association fondée en 2004.

La visite commence par la ferme du prieuré et tout d’abord le pigeonnier du XVIème siècle, premier bâtiment restauré, et ses 1500 (environ) trous de boulin en terre cuite. Il manque l’échelle centrale complètement disparue. Ensuite la grange dîmière. Les écuries et les toits à porcs de l’époque du prieuré ont disparu.

1-Tuffé abbaye pigeonnier et grange (16) 1-Tuffé abbaye cloitre (6)

Dans le courant du XIXème siècle, les bâtiments agricoles sont réunis à l’aile ouest du cloître pour constituer une ferme indépendante. Il subsiste encore les arches de la galerie du cloître dans les locaux d’accueil (qui étaient les pièces d’habitation de la ferme jusqu’en 1985).

Tuffé abbaye grand batiment

 

Le « grand bâtiment » qui est conservé, est ce qui reste d’un grand corps de bâtiment de 28m de long, d’inspiration mauriste. On y trouve encore un grand escalier conduisant au dortoir organisé en cellules, la « salle Louis XIV » dont la fonction n’est pas établie avec certitude (la qualité de son décor s’apparente à « une salle des hôtes »), la « cuisine », pièce plus simple dont l’usage actuellement n’est pas connu.

 

 

 

Les bénévoles de l’association entretiennent les jardins et proposent tout au long de l’année des animations.

Contact : Association des Amis de l’Abbaye de Tuffé, Amis.abbaye.tuffe@orange.fr – 02 44 32 17 56 / 06 41 82 50 93  –   Site : www.abbaye-tuffe.org

 

En fin de matinée, nous nous rendons à Saint- Georges-du-Rosay pour la visite de l’église.

 

La période des guerres de religion qui déchirent la fin du XVIème siècle voit s’affronter protestants et catholiques. Les châteaux et les villes fortifiés sont peu nombreux ; ils ne permettent pas d’accueillir les populations de la paroisse ou de la seigneurie.

St Georges du Rosay, Eglise (3) 2- St Georges du Rozay église (3)

L’église reste donc la construction la plus solide et la plus grande, intégrant déjà certains éléments défensifs : murs épais, fenêtres étroites, tour-clocher permettant l’observation lointaine et l’alerte précoce.

L’église de St George, qui a des origines romanes, reçoit à cette époque un aménagement défensif des plus spectaculaires : un avant-corps et deux échauguettes permettant de défendre l’entrée principale de l’église. Ce dispositif est doté de postes de tir permettant de contrôler le carrefour des routes de La Bosse et de Bonnétable, bourgs aux mains des protestants. La nef est également mise en défense par des grilles aux fenêtres et par des postes de tir au sud et au nord : arquebusière à rouleau, à redans et autres embrasures de tir encore visibles à l’extérieur.

Ces échauguettes ont trouvé une autre fonction au XIXème siècle : à gauche la sacristie, à droite la mairie.

2- St Georges du Rozay église (2)

Monsieur PINSON, ancien maire du village et passionné par l’histoire de l’église, nous guide pour la visite. Il nous raconte aussi cette anecdote : « une habitante du village me voyant très intéressé par l’histoire m’a apporté un grand nombre de vieux papiers dont elle ne savait que faire. C’étaient des papiers concernant des terres de St Georges qui au XVIIIème, appartenaient à la famille CASSINI, auteur de la première carte générale de la France, ancêtre de la carte IGN ».

 

Monsieur PINSON est intarissable sur la géologie, l’histoire et les histoires mais nous avons rendez-vous l’après-midi à la Ferté-Bernard après un pique-nique pris à Boëssé-le-Sec.

 

La Ferté-Bernard, capitale du Perche Sarthois, se situe sur l’axe Paris-Le Mans. C’est une petite ville d’environ 9000 habitants, vivante et bien mise en valeur.

Elle est appelée la « Petite Venise de l’Ouest » car l’eau y est omniprésente. Elle est arrosée par deux rivières : l’Huisne et la Même qui se séparent en petits canaux. Cette situation a permis d’y bâtir un site défensif dès le XIème siècle.

Ferté Bernard, médiathèque JP (1)La visite guidée est assurée par M. Jean-Claude SEJOURNE, architecte et Fertois qui a participé à la restauration de nombre de bâtiments anciens de la ville.

Nous garons nos voitures sur le parking de la Médiathèque Jean d’Ormesson. Construite en 2013, elle est ronde, en verre. Sur certaines parties en verre dépoli sont gravées des phrases d’auteurs connus ou moins connus.

 

La visite guidée commence par le château. Construit au XIème siècle, il a subi des avaries au fil du temps. Il a été en partie détruit en 1392 sur ordre de Charles VI suite à la trahison de son seigneur Pierre de Craon. Aujourd’hui, il reste 2 tours, des murs, une partie du logis très remanié divisé en appartements privés.

 

La Chapelle St Lyphard était réservée aux seigneurs de La Ferté. Construite à l’époque romane, elle fut agrandie avec un élégant oratoire gothique flamboyant au XVème siècle. Désaffectée, elle servit d’entrepôt avec une extension en tôles. Elle ne ressemblait en rien à une chapelle. La municipalité la rachète en 1980 et la restaure pour en faire un lieu d’expositions.3-La Ferté Bernard chapelle st Lyphard (22)

A l’intérieur quelques vitraux sur la famille Bernard et des statues dont une Vierge à l’Enfant dans sa niche.

 

Ensuite nous suivons un bras de l’Huisne avec ses nombreux lavoirs et entrons dans la ville par la Porte St-Julien.

Porte St Julien

La Porte St-Julien, classée aux Monuments Historiques, est un bel exemple de l’architecture militaire de la fin du XVème siècle. C’est la seule qui reste des 5 portes qui fermaient la ville. Elle est aujourd’hui l’emblème de celle-ci.

 

3-La Ferté Bernard dans les rues (3)La rue d’Huisne, piétonne et commerçante, donne accès à des cours situées entre les maisons de la rue et les canaux notamment la Cour de la Chaussumerie dont l’entrée se remarque par un « grotesque », personnage sculpté dans un poteau de chêne.

 

 

Nous passons devant l’Hôtel Courtin de Torsay, très belle demeure construite à la fin du XVIIème siècle, puis devant la fontaine Hoyau ; cette fontaine est la première aménagée en eau potable en 1651 aux frais d’un notable, Robert Hoyau.

 

3-La Ferté Bernard église ND des marais (3)L’église Notre-Dame des Marais est le deuxième édifice religieux de la Sarthe après la cathédrale du Mans. Elle est construite sur un sol marécageux et sur pilotis. Erigée à partir de 1430 sur un style gothique, son chœur le sera au XVIème siècle. La richesse de ses décors et son mobilier méritent une visite approfondie, notamment pour ses vitraux et ses chapelles à voûtes plates sculptées de la Renaissance. Le caractère exceptionnel de l’édifice a suscité son inscription sur la première liste des Monuments Historiques créée par Prosper Mérimée. Cette église est représentative du foisonnement intellectuel qui a lieu à la charnière du XVème et XVIème siècle.

 

10 rue CarnotLa rue Carnot a conservé ses maisons à pans de bois peints du Moyen Age avec ses étroites façades, sur 3 niveaux, commerce au rez-de-chaussée, logements dans les étages. Les poteaux principaux avec décors sculptés indiquaient la fonction commerciale ancienne (grappe de raisin,…). A remarquer la maison au n°10 qui arbore plusieurs personnages symbolisant le bon accueil de l’aubergiste.

 

 

Les Anciennes Halles ou Halles « Denis Béalet ». Construites au XVIème siècle grâce au duc de Guise, elles sont remarquables par leur imposante charpente en bois soutenue par 14 piliers octogonaux de 12 mètres de hauteur et de 1,63m de circonférence.Halles

Tuffé - JP (5)Le bâtiment sur deux niveaux se compose au rez-de-chaussée d’une vaste salle qui servait au commerce du grain et de la toile, symbole de la riche activité de la ville. A l’étage, deux pièces destinées à l’exercice de la justice seigneuriale et aux assemblées des habitants d’où la présence en façade d’une statue de Saint Louis, patron des marchands et des officiers de justice. L’édifice restauré entre 2006 et 2008, sert aujourd’hui à des expositions, des spectacles et à des réunions.

 

Nous terminons cette visite dans les jardins de l’Office du Tourisme où nous apprécions l’élégance du lieu, la fraîcheur et le calme.

 

la-velueLa Ferté-Bernard recèle beaucoup d’autres curiosités tant architecturales qu’historiques (que nous vous invitons à découvrir ou à approfondir) ou légendaires comme l’histoire de la Velue…

Commentaire : André Ménager                   Photos : M. Fleury.

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