Guerre de 1870

Samedi 25 février 2012 : La guerre de 1870 en Mayenne
Compte-rendu par Stéphane Hiland

Stéphane Hiland
Michel Prati
Bernard Sonneck

Première page du journal de campagne d’Émile Moreau
 
Le site de Michel Prati

La guerre de 1870 en Mayenne : Un manuscrit pour raconter la guerre par Michel PRATI

Le journal de campagne d’Émile Moreau

Parmi les trésors insoupçonnés que recèlent les fonds de la bibliothèque municipale, figure le journal de campagne, écrit à la main, d’Émile Moreau, sous-lieutenant du 4ème bataillon des mobiles de la Mayenne. Son récit, divisé en trois cahiers, permet de suivre au jour le jour les pérégrinations d’une armée en campagne, localisée d’abord à Laval, puis dans le Maine et enfin en Touraine. Ce document propose un témoignage vivant du quotidien d’un soldat engagé dans ce conflit lors de l’hiver 1870-1871. Incorporé dans l’infanterie, Émile Moreau reçoit pour équipement un uniforme, un fusil à baïonnette et un havresac lui permettant de transporter avec lui couverture et gamelles. La journée du soldat est marquée par de longues marches ou des exercices épuisants comme les corvées de vivres ou de bois. A tout moment, le combat peut-être engagé avec l’ennemi : on manœuvre alors en ligne sous le feu des canons adverses. Les morts et les blessés sont nombreux et les maladies comme la typhoïde et la tuberculose achèvent de décimer la troupe transie par le froid de l’hiver. Ayant survécu à la guerre, Émile Moreau entreprend aux côtés de son père une carrière d’imprimeur. Instruit, il s’implique dans la vie locale et devient notamment président de la Commission Historique et Archéologique de la Mayenne en 1895. Décoré de la légion d’honneur, il prend, durant la première guerre mondiale, la direction de l’hôpital auxiliaire chargé d’accueillir les blessés militaires avant de mourir en 1920, âgé de 70 ans.

Soldat d’infanterie de la guerre de 1870
Un conflit méconnu qui s’achève en Mayenne par Bernard SONNECK

Le département de la Mayenne et la guerre de 1870

Les débuts du conflit franco-prussien durant l’été 1870 n’inquiètent pas la presse locale malgré les nouvelles des défaites venues du front. Le 17 juillet, le préfet de la Mayenne active la formation d’une garde nationale mobile, susceptible de prêter main forte à l’armée régulière. La nouvelle de la défaite de Sedan et de l’abdication de Napoléon III accélère les préparatifs de mise en défense du territoire. Le 23 novembre, le département est déclaré en état de guerre suite à l’avancée des Prussiens. Ces derniers pénètrent en Mayenne le 15 janvier 1871 afin de poursuivre l’armée de Chanzy, battue au Mans, qui opère son repli sur Laval. Un premier combat d’artillerie a lieu à Saint-Jean-sur-Erve avant que trois jours plus tard, les 27ème et 88ème régiments de mobiles ne repoussent une mission de reconnaissance prussienne à Saint-Melaine. Cette escarmouche marque la fin des opérations militaires dans l’ouest de la France.

Les lieux de mémoire de la guerre de 1870 en Mayenne

A l’issue de la guerre de 1870 va naître l’idée de rendre hommage aux soldats morts sur le champ de bataille. Partout en France vont se multiplier les monuments élevés par souscription publique ou par l’intermédiaire de l’association du Souvenir Français créée en 1887. En Mayenne, deux d’entre eux rappellent les combats de Saint-Jean sur Erve et de Saint-Melaine. Ce dernier monument, inauguré en 1892 sur la route du Mans, adopte la forme d’un obélisque. Son décor sculpté est marqué par une figure symbolisant le deuil et la palme des martyrs rappelant le sacrifice, sur le site, du 27ème régiment de mobiles de l’Isère. Les soldats morts sur le champ de bataille ou dans les hôpitaux reçoivent des sépultures décentes. La loi du 4 avril 1873 règlemente l’aménagement des tombes militaires en leur imposant un entourage en fonte qui permet de les distinguer dans les cimetières communaux. Dans les villes plus importantes, comme à Mayenne et Laval, des monuments viennent recouvrir des fosses d’inhumations collectives. C’est le cas au cimetière de Vaufleury où l’architecte lavallois Ridel dessine les plans d’un obélisque recouvrant la sépulture de 504 soldats français. A l’instigation de l’abbé Batard, ancien aumônier militaire du 66ème régiment de mobiles de la Mayenne, l’église de Champéon se voit dotée en 1900 de vitraux originaux. Ces derniers illustrent des épisodes de la bataille de Loigny à laquelle les soldats de la Mayenne prennent part le 2 décembre 1870. Figure principale d’une œuvre réalisée par le maitre verrier angevin Clamens, l’abbé Batard est représenté bénissant l’armée avant l’attaque du château de Beauvillers, puis portant secours au général de Sonis et au zouave Thébault.

Monument funéraire recouvrant la sépulture de soldats de la guerre de 1870 au cimetière de Laval.

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