La crue

 

 

La chapelle de la Crue Présentée par Joël Poujade

Le village de la Crue est construit sur un plateau ayant des vues sur la Bretagne et sur l’Anjou entre les paroisses de la Selle-Craonnaise et de Sain-Matin-du-Limet. Il était traversé autrefois par un chemin désigné au 17ème sous le nom de grand chemin de Toucheminot et une voie romaine en direction de Tours passait à quelques centaines de mètres à l’ouest.

La tradition veut qu’il y eut « un chêne vieil dans le pied duquel il y avait une petite image qui représentait la Vierge ». Cette statue était invoquée par les pastoureaux qui gardaient leurs bêtes dans la lande de la Crue, afin de gagner au jeu de quilles.

En 1516, Gabrielle de Bourbon, dame de Craon, ordonnait à son sénéchal, Amaury Mauviel, seigneur de l’Ansaudière, de verser « la somme de 20 livres pour employer en l’édifice et accroissement de la chapelle. » Par ce versement et grâce à la générosité des seigneurs de l’Ansaudière, la chapelle fut élevée.

Le curé Marchais ou Martin y fit construire deux autels et la fit dédier le jour de St Fiacre, le 30 août 1517. Un mémoire de 1627 précise « la chapelle fut bâtie où était le chêne, partie du chêne est encore là et l’image de la Vierge dedans ».

Pendant les guerres de la Ligue, les pèlerinages furent arrêtés et la chapelle ne fut pas détruite mais eut « ses portes et vitres rompues et ne fermait plus ». Elle fut même augmentée par les soins du curé Lamerie, de Saint-Martin-du-Limet qui fit faire une chapelle dédiée à la Vierge entre 1625 et 1630. Cette construction est perpétuée par un quatrain dans un manuscrit de la bibliothèque d’Angers :

Vierge de Nazareth, triomphante Marie,
A vous est élevé ce temple et cet autel,
Par le pieux curé, dit François Lamerie ;
Priez pour son salut votre fils immortel.
Après cet évènement, le pèlerinage prit un nouvel essor ; les pèlerins affluant de Bretagne, du Poitou, de Normandie, d’Anjou et du Maine. De nombreux miracles sont notés. Des maisons sont bâties pour héberger les pèlerins.

En 1717, la chapelle est agrandie d’une nef commandée par M. de Lantivy, seigneur de la Lande de Niafles. Il y fit placer au maître autel l’ex-voto composé des 3 bas-reliefs aujourd’hui apposés au mur, l’autel ayant été supprimé.

l’Annonciation de la Vierge avec les armes des Lantivy, de gueules à l’épée d’argent en pal, pointe en bas, et de la Chevalerie de gueules au cheval cabré d’argent.,

La naissance du Christ où parmi les bergers on retrouve le portrait du donateur,

L’adoration des mages, encore avec le portrait du donateur. Il présente son fils, obtenu à la suite d’un vœu à la Vierge.

Dédicace : « ex voto domini de Lentivi, equitis, domini de la Lande et dominae de la Chevalerie, anno 1717.

La chapelle est pillée à la révolution de 1789, la statue enlevée par un profanateur de Craon puis sauvée par son épouse et ramenée à la Crue.

En 1848, un don permet d’accoler une chapelle dédiée à St Joseph. Le sanctuaire, en très mauvais état, est reconstruit en 1867, en style néo-gothique par Lemesle, architecte au Mans et bénie le 19 mars 1868.

Outre la statuette de la Vierge placée dans une niche au dessus de l’autel, on y vénère la statue de St Léonard que l’on ceignait autrefois de chaînes pour être délivré des douleurs et de St Malo, réputé guérir des douleurs intestinales, auquel on offrait des écheveaux de fil.

Une autre inscription mentionne que l’autel a été construit par les soins de Sébastien Cadoreau, curé de Saint-Martin-du-Limet.

L’abside a été peinte en 1894 par Ladislas Dimkowsky, fils d’un marquis polonais émigré.

La Crue fait toujours l’objet d’un pèlerinage annuel qui a lieu le dimanche le plus proche du 8 septembre. Propriété communale, cet édifice est parfaitement entretenu, ouvert chaque jour selon un « tour de service » hebdomadaire : c’est un bel exemple qui, nous l’espérons, sera copié dans d’autres lieux.

Sources :

Dictionnaire Mayenne, abbé Angot T1 et 4, articles « la Crue ».

Epigraphie Mayenne, abbé Angot, p. 320 et 321

Armorial monumental de la Mayenne, abbé Angot, p. 441 et 442.

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