EXCURSION DU 27 SEPTEMBRE AUTOUR DE CHAMPFREMONT

Le beau temps et le vent frais ont attiré 57 participants à cette sortie qui à commencé sur le parvis de l’église de Saint-Julien-des-Églantiers.

Saint-Julien-des-Églantiers est une paroisse créée de toutes pièces afin de palier à l’éloignement des églises existantes à Pré-en-Pail, Gesvres, Saint-Pierre-des-Nids [la Poôté] et Crennes-sur-Fraubée. Les habitants devaient alors se rendre à l’office mais pouvaient en être exemptés si l’église était à plus d’une lieue.

Le 20 mai 1866, monseigneur Wicart, évêque de Laval, charge E. Martin, vicaire à Pré-en-Pail de prendre en charge la construction d’une église de style néo-gothique. Les travaux commencent le 4 mars 1867 et la bénédiction de l’édifice a lieu le 28 février 1869. A cette date, les travaux sont loin d’être terminés ; en effet, la tour et la façade seront achevées en 1894 et accueillent horloge et cloches. Finalement consacrée le 14 juillet 1896 par monseigneur Bouvier, elle reçoit encore la finition des clés de voûte peintes en 1903.

Elle est élevée au rang de succursale par décret impérial le 16 avril 1870.

Le village se construit autour de l’église avec ses artisans, école, cafés, presbytère et cimetière. Il compte environ 900 habitants et 137 élèves en 1870.

En 1998, la municipalité de Pré-en-Pail décide sa démolition qui commence au niveau de la sacristie après que les vitraux aient été déposés, le sol pavé vendu, autels, statuaire et mobilier enlevés.

Elle a été sauvée par la création et le travail énergique de l’association « Sauvegarde et mémoire de l’église de Saint-Julien-des-ÉglSt Julien des Eglantiers-1antiers » qui poursuit toujours la remise en état

Depuis mai 2015, l’intérêt pour cet édifice a cru avec le remontage des vitraux de la nef. De ces huit vitraux réalisés vers 1920 par le maître verrier A. Alleaume, deux portent les noms des morts de la paroisse tombés pendant la Grande Guerre, les six autres représentent des scènes de la vie et de la mort des soldats au front ; certains visages ont été tracés d’après les portraits des disparus.

Les clés de voûtes sont peintes et on y remarque les armoiries des familles de Vaucelles, de Bellegarde ainsi que celles de monseigneur Wicart.

Trois tableaux retiennent l’attention et représentent une Vierge à l’Enfant « donné par le gouvernement de la République 1873 », une charité de saint Martin « donné par les habitants au fondateur » et une Présentation de Jésus au temple.

Il reste aussi à récupérer les sept vitraux du chœur relatant la vie de St Julien. Aujourd’hui, l’église désacralisée abrite des expositions, des spectacles et des réunions dont la réussite tient au dynamisme de l’association.

 

Le Vieux-St-Julien, en Pré-en-Pail est un lieu en écart sur la pente nord-est du massif boisé de Pail. A la fin du 11e s, des moines, en recherche spirituelle, s’éloignent de la société des hommes et contribuent à la mise en valeur de forêts en écart. Ils occupent le siège de l’ancienne paroisse de Saint-Sulpice-des-Chèvres, abandonnée par ses habitants et essaiment dans les sites tout proches de Rouvadin et du Vieux-Saint-Julien. Ce grand courant érémitique est lié à la fondation de Fontaine-Géhard en forêt de Mayenne. Les vitae décrivent leurs jardins qui sont des clairières modestes en pays de Pail. Ils prêchent, conseillent et assurent une présence dans les lieux reculés mais ils voyagent aussi beaucoup.

chapelle st Julien (16)-4Saint Bernard de Tiron et probablement saint Vital de Mortain y ont résidé ou y sont passés plusieurs fois. Le premier se réfugie à Saint-Mars-sur-la-Futaie en 1097. Partagé entre la vie érémitique de solitaire et celle de groupe, iLe Vieux saint Julienl est un des grands acteurs des mouvements monastiques et rencontre notamment le pape et l’abbé de Cluny pour tenter de régler des conflits.

Il fonde l’ordre de Tiron en Normandie et inaugure son premier prieuré à Saint-Sulpice en 1114. D’autres suivront dans le second quart du siècle et seront dotés par des seigneurs locaux.

A Saint-Julien, dit du Ronceray, près de la source, la chapelle n’est citée qu’en 1451 tandis que Saint-Sulpice avait périclité et Rouvadin devenait prieuré de l’abbaye de Saint-Evroult et siège paroissial. Les piliers en bois de la nouvelle chapelle reconstruite en 1692 soutenant l’ancien clocher près du chœur paraissent s’appuyer sur des fondations plus anciennes. Le campanile est moderne et les murs cimentés sont une œuvre de restauration du dernier curé de Saint-Julien des-Églantiers en 1950.

Sainte Anne de Champfrémont.

La légende reprend un thème bien connu d’un animal se séparant du troupeau pour gratter le sol. C’est à cet endroit que le berger déterre une statue de Ste Anne et la construction d’une chapelle est décidée. La variante est que ce qui est bâti le jour s’écroule la nuit. Après neuvaines, le maçon lance son marteau et l’édifice est construit sans problème au point de chute de l’outil ………092

La chapelle a été fondée vers 1630 par le curé Étienne Jouye « en l’honneur de la sainte Trinité, de saint Étienne, saint Thuribe, saint Aubert, saint Martin, saint Julien, saints Gervais et Protais, nos patrons« . Il y fonda des messes le 9 novembre 1637 en l’honneur de Ste Anne et du Saint Nom de Jésus.

La chapelle était une possession de l’abbaye de Lonlay (près de Domfront).

Pendant la révolution de 1789, elle n’est ni fermée ni aliénée et les sacrements y sont administrés en 1795.

Elle recèle trois retables en bois polychrome de la fin du 17e siècle ornés de statues représentant des personnages plus ou moins fréquents ; Ste Anne, Catherine et Barbe, St Thuribe, René, Eutrope Joachim et Joseph. Le tableau de Ste Anne du maître-autel est un don de M. de Vaucelle en 1872.

Ce lieu à 1 km de Champfrémont séduit tout de suite par son aspect agreste et champêtre, par son calme et son empreinte de vie passée. Son animation ancienne venait essentiellement des importantes foires qui s’y tenaient. Elles se déroulaient autour de la chapelle et étaient placées sous le patronage d’un saint personnage. Remontent-elles au moyen âge ? Cela reste à vérifier. La plus fréquentée qui durait une semaine était celle de la Sainte Anne qui alliait à la fois pèlerinage et foire. Des abris en bois étaient montés autour du petit édifice pour abriter les cabarets et la restauration. Au début du 20e siècle, les maquignons venaient de la France entière pour acheter ou vendre bovins, porcins, chevaux, volailles et ovins. On exportait jusqu’en Angleterre. Les ‘toucheux » guidaient les bêtes qui venaient des départements voisins et de la Mayenne Ces mêmes personnes, après la foire, emmenaient les bêtes vendues jusqu’à la gare proche de la Lentillère. Ce n’était pas un métier de tout repos car les malfaiteurs et voleurs de bestiaux apeuraient les animaux pour permettre leur dispersion .Les trois autres foires avaient lieu le 16 avril, le16 janvier et le deuxième mardi de novembre. Les années 50 voient la fin de ces rassemblements. Une association fait vivre cet endroit par des activités mycologiques, un verger conservatoire et des fêtes en plein air.

Ce fut un emplacement pour un pique-nique convivial après avoir partagé l’apéritif offert par la SAHM.

Le bourg de Champfrémont comporte deux centres d’attraction, le premier, compact, d’origine médiévale près de l’église, le second, en village-rue semblant créé au 16e s du fait de la présence d’un manoir et de bâtiments d’habitation dont les fonctions agricoles se sont surtout développées au 19ème grâce à la proximité de Sainte Anne.Bourg de Champfrémont 2-2

L’église conserve, bien visible les poutres de soutien du clocher avec plancher et des croix de consécration. Le choix a été fait de déambuler dans le village en se référant aux 197 habitants qui le peuplaient en 1851. Dans l’ancien bourg étroit, on trouve l’ancienne maison de sœurs d’Evron, l’étroite salle de classe et des bâtiments souvent très remaniés occupés par des familles de métiers tradition069nels apportant des services. De l’autre côté de la rue, des bâtiments de ferme d’une riche famille et une jolie maison avec four à pain.

Sur la place donne un manoir remarquable avec parc, ancien prieuré devenu presbytère. Dans la grand-rue, plusieurs maisons longues et des murs qui livrent une histoire architecturale d’autant qu’on peut détailler, grâce aux recensements, la composition des familles y habitant. De nombreux toits en tuiles donnent au village aux murs en grès un cachet spécifique.

Le manoir de Ravigny (inscrit MH) est un ensemble homogène du début du 16e s : grande cave, deux étages, haute toiture, tour maintenant découronnée qui comporte un escalier à vis inversé. La porte sur perron de sept degrés est à accolade avec écusson muet.

Au sud du manoir, s’étend une grande cour dont le puits Renaissance a disparu. Des bâtiments à usage agricole ferment l’enclos à l’est. Les douves subsistent seulement au nord mais ont disparu à l’ouest et au sud où elles étaient doubles.

Occupé par lemanoir de Ravigny -2s différents seigneurs de Ravigny jusqu’au milieu du 17e siècle qui l’abandonnèrent pour le château proche et confortable de la Bellière à Champfrémont, le Domaine, comme on l’appelait, n’a cessé d’être démembré.Ravigny, cheminée-2

 

Le logis, encore habité dans les années 1970 par des fermiers, a seul subsisté, mais avec un intérieur menaçant ruine. M. Graby, nouveau propriétaire passionné, l’a sauvé mais au prix d’une campagne de travaux de 27 ans.

La maison seigneuriale, selon les préceptes du 16e s comporte une grande pièce cuisine avec salle attenante. Au premier, deux grandes chambres. Parmi les cheminées, celle de la salle d’entrée (classée MH) comporte sur son manteau une peinture sur enduit découverte en 1983 représentant le manoir et une scène de chasse au cerf.

Le manoir du Grand-Mesnil à Saint-Samson est toujours composé d’un grand pavillon au nord, avec bouche à feu fine et longue, d’un corps de bâtiment qui lui est accolé, ouvert par une porte sculptée d’accolades et d’un écusson, et d’un dernier corps daté à l’est de 1763.Le Ménil Grand-1

Le logis du 16e s comporte des fenêtres à meneaux dont l’une grillée. Les douves aujourd’hui comblées mais apparentes cernaient le logis. Une chapelle St-Magloire, détruite, à l’est et un grand corps de ferme totalement modernisé à la fin du 19e s, aujourd’hui transformé en maison d’habitation. Un réseau d’eau complexe, notamment à partir d’un étang avec digue sur la Mayenne, permettait d’actionner la roue d’un moulin et de remplir les douves.

Depuis le début du 19e, le logis est occupé principalement par la famille Papillon, agriculteurs. Une succession de plusieurs propriétaires a conduit à des modifications des ouvertures notamment, nécessitant une lecture des bâtiments à la fois à l’extérieur et à l’intérieur. Dans la grande salle du logis est une cheminée en bois sculptée de feuillages encadrant autrefois un jugement de Salomon.

CR : M. et A. Guéguen, J. Poujade – Photos : M. Fleury.

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