Margot

Conférence : samedi 13 décembre 2008

Tourisme et culte satanique dans la grotte Margot du XVIIe au XX ème siècle
Entre histoire et sociologie

Extrait du faire-part mortuaire de Joseph Riobé
(Arch. Diocésaine Angers)
Philomène Reyniers et ses guides
Jean-René Ladurée

Schéma de la salle des squelettes par le Dr Beaudoin en 1924 (Arch Dep Mayenne)
 

Graffito représentant un certain Jésus en 1744
 

Carte postale de la salle des squelettes après sa découverte en 1924
 

De nombreuses grottes ont connu l’outrage des hommes. Conséquence : des graffiti sans nombre souvent considérés comme des déchets. Depuis 2007, 200 graffiti modernes ont déjà pu être relevés dans la grotte Margot (Thorigné).

Une aide substantielle à l’archéologie et au préhistorien

Ces relevés de graffiti modernes ont permis de déterminer que le sol paléolithique était en moyenne entre 0,80 et 1 m au-dessus du sol actuel. Par le passé, les archéologues ayant étudié la grotte Margot avaient conclu que cette dernière était vierge de représentation préhistorique. Or, ils ne cherchaient pas au bon endroit. Les graffiti antérieurs aux années 1880 – 1890 se situent à plus de 2 m du sol actuel, alors que les inscriptions du XXe siècle furent réalisées à taille d’Homme. Ces constations ont permis à l’équipe de Romain PIGEAUD d’orienter leurs recherches et de trouver de nouvelles gravures paléolithiques.

Une étude socio-historique des visiteurs depuis le XVIIIe siècle

Jusqu’au XVIIIe siècle, c’est un culte satanique qui a principalement attiré les visiteurs dans la grotte Margot tel un certain Jésus venu découvrir la grotte le 7 octobre 1744. Seules 5 inscriptions du XVIIIe siècle ont pu être repérées d’autant que cette croyance populaire pour une sorcière ne s’accorde pas avec la volonté de laisser son nom sur la paroi d’une grotte au risque d’être identifié par le sacrificateur suivant. Les archives confirment cette présence dès la fin du XVIe siècle et la légende de la sorcière Margot révélerait l’existence d’un culte protohistorique dans la vallée. A partir du XIXe et XXe siècle, le tourisme prend le pas sur ces croyances populaires sans les faire disparaître. 3 pics de fréquentation qui s’expliquent par la documentation ont pu être repérés : la décennie 1830, les années 1860 – 1880 et les années 1920 – 1940. Les premiers résultats tendent à montrer une forte présence de visiteurs locaux mayennais et sarthois, même si dès le XIXe siècle, il apparaît des visiteurs plus lointains tels un certain Duss venu d’Alsace. Toutes les catégories socio – professionnelles du XIXe siècle sont représentées du plus humble domestique au plus érudit comme le Révérend Père Joseph Riobé, fils d’un notaire d’Argentré.

La mort et la Salle des Squelettes

La grotte Margot a toujours eu une réputation morbide que la consultation des sources permet d’infirmer. Une seule source indique avec précision les conditions d’un décès dans la grotte Margot. Un certain Pierre Poirier, 75 ans, originaire de Chantenay Villedieu, est décédé dans le fond de la grotte, alors qu’il y était entré seul. La tentative des Chartreux du Parc de faire disparaître le culte satanique à Margot expliqueraient ces fréquentes allusions à la dangerosité morbide de la grotte. La découverte de la Salle des Squelettes et de son contenu en 1924 va intensifier le phénomène. Trois ou quatre personnes seraient décédées suite à une chute accidentelle dans cette Salle qui n’était pas reliée à la grotte Margot avant son percement à partir de l’escalier dit du Traquenard. Des comparaisons avec la grotte de Niaux en Ariège ont pu être réalisées.

Tous les relevés et toutes les photos concernant l’article ont été réalisées par Jean-René Ladurée et Jean-Pierre Betton (sauf la photo du guide).

Caricature du guide réalisé en 1878
Photo du guide (Ph Hervé Paitier)

Graffiti de Joseph Riobé et de l’abbé Maillard
Graffito de Vieillepeau, curé de Saulges de 1869 à 1902
Graffito d’un certain Angot venu visiter la grotte en 1844
Relevé de la croix gammée réalisée en 1940

 

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