Vieux château

Conférence : Samedi 20 mars

Actualités archéologiques du château de Laval : de nouvelles découvertes pour une nouvelle approche du site.

Intervenant : Samuel Chollet

Compte-rendu : Stéphane Hiland

Samuel Chollet Intervenant et Stéphane Hiland président

Monument emblématique de la ville de Laval, le vieux-château n’en demeure pas moins un bâtiment au passé méconnu. Les archives seigneuriales ayant disparu dans la tourmente révolutionnaire, seules les différentes campagnes de fouilles archéologiques conduites par Louis Garnier en 1917, Jacques Naveau en 1980 et 1983 et Eric Mare en 1987 nous permettaient jusqu’alors d’appréhender l’évolution de ce remarquable ensemble castral. La création d’une cellule archéologique au sein du service Patrimoine-Musées de la Ville de Laval a permis de relancer à l’aube des années 2000 une série de recherches qui renouvellent en partie notre connaissance du site.

La période romane (11ème-12ème siècle)

Fondé vers 1020 par Guy de Dénéré, apparenté à la puissante famille de Château-du-Loir, le castrum de Laval vient prendre le contrôle d’un gué sur la Mayenne situé sur le tracé de la voie antique Le Mans-Corseul. Les études parcellaires conduites par Dominique Eraud puis Jean-Michel Gousset ont permis de mettre en évidence un château primitif à basse cour importante s’articulant entre les sites actuels du château, de la cathédrale de la Trinité et de Saint-Tugal. Le dispositif défensif de l’ensemble était alors vraisemblablement verrouillé par trois mottes dont la plus importante protégeait l’accès de la forteresse à l’ouest. La première résidence seigneuriale ou domicilium, repérée par Jacques Naveau lors des fouilles de la cour du château actuel, se développe par la suite à la fin du 11ème ou au début du 12ème siècle par l’adjonction d’un bâtiment à l’aplomb de la rivière. Ce dernier devient le siège, après 1160, d’une chapelle desservie par les chanoines de la collégiale Sainte-Marie du château de Laval.

La révolution « philippienne » (13ème siècle)

En 1218, le mariage d’Emma de Laval avec Mathieu II de Montmorency, connétable du roi Philippe-Auguste, entérine l’entrée de Laval dans la sphère d’influence capétienne. Le nouveau seigneur des lieux, s’inspirant des modèles du Louvre et de Dourdan, adapte le château de Laval aux nouveaux usages de la défense active. Le plan d’ensemble se réduit à l’occupation de l’extrémité de l’éperon rocheux dominant la rivière et se dote d’une enceinte maçonnée continue. L’étude conduite par Samuel Chollet durant l’été 2009 sur le front sud des fortifications du château a permis de remarquer que les défenses du site étaient construites en trois phases distinctes : d’abord la base talutée, puis les courtines et enfin les tours de flanquements. Ces dernières abritent, au premier niveau, une chambre de tirs articulée autour de trois archères permettant de battre les fossés attenants. Enfin, la construction d’une tour maîtresse, haute de 34 mètres, vient achever de donner au site un caractère militaire marqué. L’accès, situé au premier niveau, est défendu par un pont levis à treuil et par un système complexe de porte à vantail et d’assommoir permettant avec peu de moyens de repousser un ennemi potentiel. Au sommet, des hourds, dont l’aménagement a été daté par dendrochronologie des années 1215-1230, permettent d’atteindre la base des murs du château et d’en assurer de fait une protection efficace.

Vers un château-résidence (14ème-15ème siècles)

Deux sources écrites, l’une de 1415 et l’autre de 1456, font état de travaux importants exécutés sur le logis du château de Laval. Ces références à l’imposant bâtiment qui longe le cours de la rivière ne doivent pas pour autant faire croire que ce dernier a été construit au 15ème siècle. En effet, la typologie des ouvertures primitives présentes en façade (à meneau simple et quadrilobes) s’apparente plus aux aménagements qu’il est possible de trouver au château de Suscinio (Morbihan) dès le milieu du 14ème siècle. A cette époque, notons que Guy XII de Laval, neveu de Jean de Montfort, est partie prenante dans la guerre de succession de Bretagne. Enfin, la présence côté cour jusqu’au début du 20ème siècle d’un escalier droit conduisant à la grande salle du premier étage, d’un usage courant dans les châteaux à partir du milieu du 13ème siècle, plaide sans doute pour la construction du logis bien avant que la baronnie de Laval ne soit élevée au rang de comté (1429).

Reste maintenant à éclaircir une dernière zone d’ombre sur l’histoire du monument : comment ce dernier s’est-il adapté à l’évolution de la poliorcétique à la fin du moyen-âge ? La découverte, l’été dernier, de boulets d’artillerie en granit laisse penser à une nouvelle phase d’aménagement du site qui offre aux archéologues de nouvelles et passionnantes perspectives de recherches.

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