Excursion du 29/06 à Bazougers

 Dimanche 29 juin 2014à Bazougers
Sébastien Legros

Comptes-rendus : Monique Guéguen, Sébastien Legros et Joël Poujade

dans la crypte
 L’église de BazougersBazougers apparaît de façon assurée dans les sources dans les années 1065-1070 avec la famille d’Anthenaise (remise de l’église par Goslin d’Anthenaise). Il s’agit là d’une importante famille de l’entourage féodal des Laval.Dédiée à saint Victeur, évêque du Mans au 5e siècle ; c’est une dédicace importante vu les liens étroits entre Bazougers et les évêques du Mans aux 11e et 12e siècles. Cette église est une des rares églises locales pour lesquelles on dispose d’informations sur la construction : les Anthenaise s’en disaient les constructeurs et entre 1099 et 1106 une certaine Hadvis, femme d’Auger, a fait une donation pour participer à l’achèvement de l’édifice.

L’église est en forme de T avec un chœur très peu saillant et la tour de l’inter transept supportée par des voûtes en ogives qui retombent sur des chapiteaux engagés. Sous le chœur, une « crypte » est soutenue par un pilier central et s’ouvre sur l’extérieur par une fenêtre (est-ce bien une crypte ou une structure antérieure, insérée dans l’église romane ?)

Le cimetière

Donné à Saint-Vincent dès 1070. Il est l’objet d’une grande rivalité entre le seigneur castral, qui y installe ses bourgeois (!) et les religieux.

En 1106-1107, alors qu’il revient de Fromentières où il a dédicacé l’église, l’évêque Hildebert de Lavardin dédicace une ouche* de terre pour l’agrandir.

Vers la même époque : un accord sur le cimetière entre le seigneur et l’abbé, indique qu’Hamelin d’Anthenaise avait fait construire des maisons pour ses bourgeois dans la partie du cimetière qui est près de son château

Le cimetière représente à la fois un lieu de vie, un lieu privilégié (asile) et un lieu de tension entre les moines et le seigneur.

*ouche : terre attenante à une habitation, généralement clôturée. Source : dict. du moyen français (1330-1500).

 

AD53 3 P 2623/12 cadastre 1834
la motte
 La motte castrale et le bourg castralUn des rares cas de mention d’un château au 11e siècle : castrum, castellum, ce qui comprend la motte et basse-cour en plus. Celle-ci était certainement allotie : coïncidait-elle avec le bourg ? C’est très possible.Motte tabulaire de 31 m à la base et 18 m au sommet, pour 8,5 m de hauteur. Des dimensions fort respectables !

Basse-cour : 70 m sur 75 m soit 1/2 hectare à peu près.

 

Les propriétaires du Prieuré
le groupe : photo M. Fleury
 Le prieuré et le bourg prieuralLe prieuré est fondé vers 1070. C’est une action concertée et longuement préparée, lisible grâce à une documentation exceptionnelle. Qui intervient ? Le doyen de Laval (Hubert), l’évêque du Mans (Hoël), le seigneur de Bazougers (Goslin d’Anthenaise et ses fils) et de petits aristocrates locaux (Bernard, seigneur d’Orvilette, qui en devint le prieur)On sait qu’entre 1070 et 1130 9 moines sont passés à Bazougers ; deux étaient toujours présents, parfois trois. Le recrutement est parfois local : Bernard d’Orvillette, Garin (des cadets des familles d’Orvilette et d’Entrammes). Les moines se renouvellent (pour éviter les pressions des familles). Il n’y a pas, au départ, de véritable hiérarchie entre les moines (elle vient au 12es.). Les moines se déplacent beaucoup (la clôture est perméable…)

Les textes du 11e s. distinguent la maison des moines (il n’en reste rien car elle a été reconstruite fin 15e-début 16e), une grange et une chapelle. Celle-ci dédiée à Marie-Madeleine présente un chœur est en rond-point et les fenêtres primitives sont en place. L’édifice semble avoir été réduit au niveau de la nef.

Une description de 1780 mentionne : une maison avec une salle basse, une cuisine pavée de pierre, deux caves pavées de briques, une chambre en prolongement de la cuisine, une boulangerie et un fournil ; à l’étage : deux chambres carrelées de briques, un grenier ; le tout est couvert d’ardoises ; une petite cour, qui sépare la maison de la chapelle, laquelle est close de muraille et couverte d’ardoises ; elle donne sur une cour, un verger, des écuries, étables et pigeonniers, un pressoir et une grange dîmeresse.

 

Apéritif et pique-nique près du plan d’eau
la chapelle du Chesnot

La chapelle du Chesnot

Avant de quitter le bourg de Bazougers, une halte s’imposait pour découvrir la chapelle du Chesnot. Cet édifice a remplacé un plus modeste oratoire qualifié par Couanier de Launay « d’origine inconnue mais vraisemblablement ancienne » implanté près de l’ancienne ferme du Chesnot. La chapelle actuelle dédiée à Notre-Dame-Auxiliatrice ou du Bon-Secours a été reconstruite en 1856 sur un terrain communal aux frais d’une dame Fournier. Elle renferme quelques statues intéressantes, polychromées ou non, caractéristiques du 19e siècle.

 

 Le château de SouvrayMonsieur et madame Ansquer ont acquis ce château il y a trois ans et ont aussitôt entrepris d’importants travaux de rénovation puisqu’une bonne partie du bâtiment et des tours était en ruines.Dès 1312, il y a un seigneur de Souvré. Monsieur Thuault avance la date de construction du château avec ses douves entre 1450 et 1480. L’ensemble est constitué d’une plate-forme pentagonale d’environ 20 à 25 mètres de côté. La largeur des fossés oscille entre 9 et 12 mètres. Il y avait au moins deux tours circulaires aux deux angles ouest et sud-est. La grosse tour, au sud-ouest, en forme de fer-à-cheval fait 7 mètres de diamètre.

Ces tours sont reliées par des murs d’enceinte dont la hauteur par rapport au terrain intérieur ne dépasse pas 1,50 mètre. L’appareil est constitué de pierres de schiste, de forme allongée. Actuellement la tour ouest dans laquelle se trouvait une chapelle du 17e siècle retrouve sa couverture à l’identique. La cloche d’origine, cachée depuis la Révolution, est de nouveau en place et peut recommencer à tinter.

 

Le château de la Vaugottière.
 Le château de la Vaugottière.Les propriétaires absents nous avaient aimablement autorisés à faire le tour du site. Le château de la Vaugottière est mentionné en 1472. C’est un ensemble qui mêle logis et chapelle des 15 et 16e siècles, vestiges de douves et bâtiments agricoles construits entre le 19e siècle et le début du 20e. Le cadastre de 1834 montre bien cette implantation du bâti et les douves qui encerclaient encore le site.La construction serait le fait de Jean, seigneur du Coudray en Saint-Sulpice. Nous retrouverons les armoiries de cette famille sur le logis et la chapelle ; d’argent au lion de gueules armé de sable.

Dans l’état actuel des connaissances, la chapelle a pu être construite entre 1522 et 1581, date à laquelle elle est dotée du lieu de l’Écharderie. Elle a été fondée sous le vocable de Sainte-Anne et desservie soit à l’église d’Arquenay soit à la Vaugottière.

En 1720, une rente de 30 livres est allouée pour que le chapelain fasse le catéchisme aux enfants « tous les dimanches de l’année et une autre fois par semaine pendant l’Avent et le Carême ». Cette même somme est ajoutée par le seigneur en 1722 pour que le catéchisme soit enseigné dans la chapelle.

Au 19e siècle, l’édifice sert de logement aux domestiques. Globalement en assez bon état, la chapelle pourrait avoir été raccourcie à moins que le pignon ouest n’ait été remonté. Encore des recherches passionnantes en vue.

 

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