Excursion du 28 juin en Sarthe

Etival 1C’est dans un paysage bucolique et champêtre que monsieur Grégoire, vice-président de l’association culturelle pour la sauvegarde de la chapelle d’Étival-en-Charnie, nous a accueillis, exactement sur les lieux où s’élevait l’abbaye de femmes créée en 1109 par Raoul de Beaumont, vicomte du Maine, seigneur de Sainte-Suzanne dans un lieu de forêts aux eaux abondantes et au sol fertile. Les pierres de calcaire de la Champagne mancelle et le grès roussard fournissent le matériau de construction.

 

La chapelle est le seul témoin de l’église abbatiale construite au début du 12ème ; c’est en fait le croisillon nord du transept. Lorsque nous entrons par une porte à voussures surmontée d’une fenêtre romane étroite, nous sommes étonnés des mesures imposantes de ce transept. La charpente a été refaite en 1900. Nous y retrouvons une belle qualité d’arcatures en alternance de pierre calcaire et de roussard, des volutes, des chapiteaux décorés. A gauche une grande absidiole en cul de four avec un arc très soigné s’appuie sur deux colonnes engagées à chapiteaux et tailloirs. La fenêtre cintrée est fermée par un vitrail aux armes des Beaumont (1901) Un décor peint du 15ème représente une abbesse avec une crosse et un livre. Ces fresques sont assez abîmées
Sur un des murs a été fixée une pierre tombale incomplète avec la représentation d’une abbesse en prière. La date de 1513 permet d’affirmer qu’il s’agit de celle de Jeanne de Laval, abbesse à Étival après avoir été prieure de deux autres maisons bénédictines.

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Sur le mur sud un retable en bois peint est l’œuvre du retablier Lebrun ; le tabernacle du 17ème est élégamment décoré de niches dessinées par des colonnettes. Le statuaire de terre cuite est intéressant : saint Etienne, une Vierge à l’enfant, saint Benoît (17ème).
De tout ce domaine monastique de plusieurs hectares, seule la chapelle est propriété de la commune et un sentier aménagé accorde un droit de passage.

 

Le prieuré Saint-Julien à Saint-Marceau a été fondé au 11ème siècle par Guillaume, seigneur de Saint-Martial qui en fit don vers 1080 aux moines de l’abbaye de Saint-Vincent du Mans.

Il a été reconstruit au 16ème siècle par Alexandre de Langlée, seigneur de Saint-Marceau. Il est caractéristique des manoirs de la région avec tour hexagonale hors œuvre, aujourd’hui couverte en bardeaux de châtaigniers, comportant un escalier à vis, greffée sur un bâtiment rectangulaire à la toiture très inclinée divisé en plusieurs grande salles.

St Marceau 2     St Marceau 1     St Marceau 3

P1070193La chapelle, construite entre 1519 et 1543, se compose d’une longue nef qui était surmontée à l’origine par un petit clocheton à coupole. Il a été remplacé au 19ème siècle par un imposant clocher néo-gothique. La décoration intérieure date de cette époque avec ses peintures murales et son maître-autel sous lequel est déposée la chasse de saint Julien comprenant trois plaques émaillées du 16ème siècle.
Les verrières ont été restaurées par Antoine Lusson, maître-verrier au Mans peu après qu’elles aient été endommagées par une explosion d’une arche du pont médiéval tout proche lors de la Libération. Les six baies racontent la mort de saint Julien – auquel la tradition donne le titre de premier évêque du Mans – ses miracles, le transport de son corps de Saint-Marceau au Mans et une translation de ses ossements dans une chasse depuis l’abbaye de Notre-Dame-du-Pré vers la cathédrale.

L’ancienne paroisse de Notre-Dame-des-Champs a été annexée à la commune de Saint-Jean-d’Assé en 1809. L’ancienne église dans laquelle domine le grès roussard a été construite au 11ème siècle. La nef a été prolongée au 14ème mais le clocher-mur avec ses deux cloches apparentes est du 16ème siècle. L’édifice se dresse au milieu du cimetière où nous pouvons encore voir 6 croix tombales en roussard et une croix dite « bouëssée » : l’accès au cimetière se fait en enjambant une dalle destinée à empêcher les porcs de fouiller les sépultures.
On pénètre dans la chapelle par une porte de style Louis XIV et, entre décors peints, retables et statuaire, commence un voyage allant du 11ème au 19ème siècle.
En effet, si des croix de consécration datées du 11e siècle sont encore visibles sur le mur nord de la nef, les autres peintures, figuratives sont de la fin du 15ème ou du début du 16ème siècle : les représentations des saints Cosme et Damien précèdent la lapidation de saint Étienne. Plus loin de l’autel, Saint Georges en armure Renaissance terrasse le Malin représenté par un dragon. Les bavardes et les diables sont un thème récurent depuis le moyen-âge et la représentation du miracle de Saint Éloi est parfaitement conforme à la légende ; le saint aurait coupé la patte du cheval pour mieux le ferrer puis l’aurait remise en place.

ND des Champs 2    ND des Champs 1Il y a deux retables. Le plus ancien, dit de l’Annonciation, était au maître-autel au 17ème siècle. Il a été détrôné par le retable du 18ème siècle ; complété d’éléments de l’autel de saint Mathurin et après quelques déplacements, il a trouvé sa place contre le mur sud de la nef. Il est également orné de la statue de saint Sébastien et des armoiries des donateurs, les Beaumanoir-Lavardin.
Le retable de l’Assomption réalisé par Joseph Lebrun en 1770 est orné en son centre d’une représentation de la Vierge sous la forme d’un relief en terre cuite polychrome. Ce retable en bois peint en faux marbre, masque des peintures murales que l’on devine dans la partie haute.
Cet édifice a la particularité d’appartenir à l’association des amis de l’église Notre-Dame-des-Champs qui l’a acquise en 1977 dans un état d’abandon car la commune n’était pas en mesure de l’entretenir : la chapelle et le cimetière étaient inscrits ISMH en 1976, peintures et retable du maître-autel classés respectivement en 1946 et 1924. Un bel et rare exemple de motivation auquel nous souhaitons un avenir mérité.

Pour en savoir plus : la peinture murale romane dans les Pays de la Loire, C. Davy, SAHM, 1999, p. 348.

CR : M. et A. Guéguen, J. Poujade – Photos : M. Fleury, J. Poujade

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