conférence du 3 juillet 2021 : Bilan archéologique départemental des 10 dernières années

À l’invitation de la SAHM, les archéologues du Conseil départemental sont venues présenter le 3 juillet 2021 aux Archives départementales un « bilan » des dix dernières années de leur activité.

Cette intervention s’est déroulée en quatre temps : d’abord un bilan cartographié et chiffré des interventions, puis trois études de cas illustrant les différentes missions portées par le Service Recherche et Monuments historiques.

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1/ Bilan (Anne Bocquet)

Le bilan a été l’occasion de faire la distinction entre archéologie programmée (recherche sur des terrains non menacés) et archéologie préventive (déclenchée par des travaux et donc préalable à la destruction des sites).

En archéologie préventive, on distingue deux phases :

– La phase de diagnostic, qui consiste à échantillonner les terrains par de grandes tranchées afin de localiser et de caractériser (spatialement, chronologiquement) d’éventuels sites.

– La phase de fouille, qui se déclenche sur certains des sites découverts en diagnostic selon un arrêté préfectoral qui définit les surfaces exactes à investiguer et le temps à y consacrer.

Le Département de la Mayenne est « habilité » par l’État pour réaliser des diagnostics sur l’ensemble de son territoire et des fouilles portant sur la période antique. Entre 2010 et 2020, le service a réalisé 26 diagnostics et 1 fouille (à Jublains), sur une surface totale de 240 ha (fig. 1). En milieu urbain, les surfaces varient de 250 m² à 4000 m², alors qu’en milieu rural elles atteignent de 2 à 150 ha selon les aménagements.

Sur les 26 diagnostics réalisés, seulement 3 se sont révélés négatifs et 12 ont été suivis de fouille.

Les vestiges les plus anciens datent du Néolithique (Cossé-le-Vivien, Loiron, Beaulieu sur Oudon, PDELM1). Il s’agit de structures isolées (foyer, fossés). Des traces ténues de l’âge du Bronze ont été décelées à Cossé-le-Vivien, La Gravelle, Louverné, Meslay, Loiron-Ruillé et sur le PDELM. Une occupation importante et structurée sur le site du quartier Ferrié à Laval a donné lieu à une fouille.

C’est la période de l’âge du Fer qui est la mieux représentée. Quasiment tous les diagnostics livrent des vestiges d’habitats enclos qui émaillent le département, notamment dans sa partie sud-ouest. D’importantes fouilles ont eu lieu à Villaines-la-Juhel (habitat aristocratique) ou sur le contournement de Cossé-le-Vivien (enclos). Les sites sont la plupart du temps occupés jusqu’au milieu du Ier siècle ap. J.-C., où semble se mettre en place une nouvelle organisation du territoire.

A contrario,les vestiges de l’Antiquité sont beaucoup plus rares. La seule exception concerne le PDELM, où les vestiges d’un vaste domaine rural à vocation agro-artisanale a été mis au jour (cf. infra partie sur le SIG).

Des traces d’occupation attribuées au haut Moyen-Âge ont été décelées sur plusieurs diagnostics, notamment à Cossé-le-Vivien (habitation des VIIe-Xe siècles enserrée dans un parcellaire d’enclos quadrangulaires avec fours domestiques) ou à Loiron-Ruillé (fosse des VIIIe-IXe siècles). Ces habitats de taille restreinte attestent d’un investissement des terroirs au-delà de l’emprise des bourgs.

1 PDELM : Parc de Développement Économique Laval/Mayenne, superficie de 150 ha sur les communes d’Argentré et Bonchamp-lès-Laval.

Pour les périodes médiévale et moderne, des vestiges épars en milieu rural montrent une exploitation généralisée des terroirs, alors que les diagnostics réalisés autour des églises (Ménil, Nuillé-sur-Vicoin et Saint-Berthevin) livrent sans surprise des zones sépulcrales. Enfin, de nombreux fossés parcellaires et de drainage attribués à la période contemporaine attestent d’une valorisation agricole généralisée.

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2/Le SIG,un outil de géoréférence mentadopté par les archéologues:l’exemple du Parc Grand-Ouest (53) (Sandie Poisson)

2.1. Introduction

Une demande de diagnostic2 anticipé a été déposée en 2013 par le Syndicat Mixte du Parc de développement économique Laval-Mayenne sur une surface de 150 ha répartis sur les communes d’Argentré et de Bonchamp-lès-Laval. Au vu de la superficie impactée par les travaux d’aménagements, le SRA a prescrit un diagnostic visant à sonder entre 7 et 10 % de la surface totale du projet. Les opérations d’archéologie ont été réalisées en plusieurs tranches, échelonnées de 2014 à 2015 et en 2021. Repris en 2020 par Laval Mayenne Aménagement, le projet porte désormais l’appellation de Parc Grand Ouest.

L’environnement archéologique recensé autour de cette emprise est assez dense et riche puisque des sites archéologiques du Néolithique à nos jours sont enregistrés. L’opportunité de diagnostiquer une si grande superficie était une très belle occasion pour les archéologues d’appréhender un vaste territoire cohérent et ce de manière diachronique.

Cette opération a été l’occasion de synthétiser toutes les données acquises au sein d’un SIG.

2.2. Le SIG : définition et utilisation

Le Système d’Information Géographique (SIG) est, par définition, un outil informatique qui permet de communiquer et de traiter l’information géographique. Sa vocation est de rassembler, au sein d’un outil unique, des données de diverses natures localisées dans le même espace géographique afin de pouvoir les analyser et d’élaborer des cartes synthétiques en fonction de critères choisis.

Il permet de manipuler, analyser et de donner une représentation cartographique de données spatialement référencées.

Pour réaliser des cartes, le SIG doit être alimenté par des données de références de plusieurs types :

Les référentiels géographiques : Ils’agit de tous les repères, concrets ou abstraits, visibles dans le paysage et/ou utilisés dans la vie courante (forêt, rivière, relief, routes, bâti, limites administratives…)

Les sources d’informations thématiques : informations relatives aux sciences de la terre (nature des sols, informations à caractères agricole ou forestier), informations sur l’environnement (cours d’eau, faune, flore), informations relatives aux infrastructures (équipement, transports, logements), informations à caractères socio-économique (recensement de la population, inventaire communal, état civil…)

Les sources d’information d’origine satellitale : les images acquises apportent une représentation spatiale de la surface terrestre utilisable en tant que telle.

Toutes ces données sont stockées sous forme de base de données.

2 Le diagnostic archéologique est une évaluation du potentiel archéologique d’un terrain. Il consiste en la réalisation de sondages en tranchée répartis de manière régulière et homogène sur l’ensemble des parcelles concernées par le projet d’aménagement. Il répond à une prescription préfectorale délivrée par le Service régional de l’archéologie.

2.3. Analyses des données du Parc Grand Ouest à partir du SIG

Le SIG permet de présenter un plan général de toutes les opérations effectuées dans le cadre du projet du Parc Grand Ouest et ainsi d’avoir une vision d’ensemble des découvertes. Les cartes réalisées permettent de visualiser les 850 tranchées et les 1600 structures mises au jour et de faire des analyses de répartitions spatiales en fonction des différentes périodes chronologiques (fig. 2).

La période antique est la mieux représentée. Les cartes extraites du SIG ont permis d’émettre l’hypothèse de l’existence d’un vaste domaine à vocation agro-artisanale (fig.3). À l’ouest de l’emprise, un bâtiment maçonné se rattache à une villa, sans qu’il soit possible de savoir s’il appartient à la pars urbana ou à la pars rustica du domaine. Ce bâtiment est bordé au sud par un double fossé interprété comme un chemin menant à un secteur d’extraction et peut-être de préparation du minerai de fer, caractérisé par un ensemble de fosses réparties sur une vaste zone de 150 m² (zone 2 sur le plan). Les analyses C14 datent ces vestiges du Ier siècle de notre ère. Un deuxième secteur artisanal est présent au sud-est : il se caractérise par des fours à chaux également datés par C14 du Ier siècle (zone 1 sur le plan). Le secteur des fours à chaux semble desservi par un chemin est-ouest, également matérialisé par un double fossé. L’ensemble des vestiges se rattache au Ier siècle de notre ère.

fig 2

fig 3

2.4. Conclusion

Pour résumer, le SIG est un outil de gestion, de recherches et d’analyses de données. Il permet de :

– Visualiser des objets sur une carte

– Rechercher et sélectionner des éléments suivant des critères particuliers

– Croiser des informations de différentes natures pour en créer de nouvelles

– Réaliser des analyses spatiales

Dans le cas de l’étude du Parc Grand Ouest, le SIG a permis de compiler un volume important de données et de les analyser, à l’échelle d’une tranche pour commencer, puis à l’échelle de l’emprise globale du projet (soit sur près de 150 ha). Cette surface étudiée est peu commune et la vision étendue qu’elle permet d’avoir est une chance. L’utilisation du SIG a permis la création de cartes de répartitions spatiales corrélées au facteur chronologique. Ainsi, il a été possible d’observer l’évolution de l’implantation humaine sur ce secteur aux différentes périodes historiques, depuis le Néolithique jusqu’à nos jours.

3/Systèmes de drainage et pratiques agricoles aux XIXe et XXe siècles:le cas des tuyaux en terre cuite du site de Bonchamp-lès-Laval, Noizement(Mayenne)(Cécile Doulan, Ombline Grosbois)

À l’occasion d’un diagnostic archéologique, réalisé en 2020 au lieu-dit Noizement à Bonchamp-lès-Laval par le Service Recherche et Monuments historiques du Département, des réseaux drainants de tuyaux en terre cuite ont été mis en évidence sur une étendue agricole de près de 6 ha. Les drains se présentent sous la forme de canalisations enterrées faites d’un assemblage de tubes en terre cuite cylindriques mesurant en moyenne 30 cm de long et associés, parfois, à des plaquettes de schiste ou à des demi-manchons posés à la jonction des tuyaux (fig. 4).

fig 4Les drains en terre cuite d’époque contemporaine sont généralement négligés, considérés comme insuffisamment signifiants pour entrer dans le domaine des archéologies dites du récent qui recouvre les périodes moderne et contemporaine. Témoins de la pratique du drainage, les tuyaux en terre cuite permettent pourtant de s’interroger sur les questions de l’assèchement et l’assainissement des terres aux XIXe et XXe siècles en lien avec l’essor de nouvelles pratiques agricoles mises en place au XVIIIe siècle. La recherche repose sur des documents d’archives et sur des publications théoriques d’époque, nombreuses et de nature variée ; les données archéologiques permettent une lecture concrète, en contexte naturel, de l’utilisation de ces drains en terre cuite. Les enjeux pour la connaissance historique sont divers, à la fois d’ordre technique, industriel ou encore social.

La bonne conservation et la diversité, en termes de module et de production, des drains en terre cuite de Bonchamp-lès-Laval ont incité à leur étude, à l’échelle de la Mayenne, dans cette perspective historique. La recherche en cours a été amorcée par O. Grosbois, céramologue antiquisante, et C. Doulan, archéologue antiquisante. Les premiers résultats sont ici présentés.

Trois modules ont pu être différenciés sur des critères de composition de pâtes, de morphologie et de taille (fig. 5). Les tuyaux de module 1, les plus petits et les moins standardisés, caractérisés par une teinte nuancée qui semble être le résultat d’une cuisson mal maitrisée, ont plutôt été produits dans la seconde moitié du XIXe siècle. Le module 2, davantage standardisé, se rattache à une production plus organisée ou, du moins, répondant à des normes techniques plus précises. Leur production date au plus tôt de 1880-1890 et au plus tard de 1918-1920. Le module 3 est le plus imposant en termes de dimensions, mais aussi le plus standardisé, reflet d’une fabrication récente ; il est attribuable à la seconde moitié du XXe siècle. Une section de ce module était, par ailleurs, liée à un tuyau en plastique.

Ce niveau d’analyse met clairement en évidence les caractéristiques de production de chacun des trois types de tuyaux en terre cuite. De même, l’étude typo-chronologique montre l’évolution de leur mode de production qui, de type manufacturé dans un premier temps, tend vers la standardisation industrielle.

fig 5La pratique du drainage des zones humides à l’aide de tuyaux en terre cuite, anciennement connue, a pris une extension considérable au XIXe siècle.Cette manufacture, mode de production préindustrielle, a permis d’améliorer les rendements agricoles par l’assèchement et l’assainissement à grande échelle des terrains, ou bien de rendre les terres habitables. Le procédé a été utilisé en France à partir de 1846, mais sa diffusion n’a débuté que dans les années 1850, date des premiers traités français sur le sujet. Le développement des machines servant à fabriquer les tuyaux, la multiplication des ouvrages et traités sur la question, ont amplement participé – en plus des lois et des encouragements financiers de l’État – à systématiser le drainage partout en France dans les années 1860 (Derex 2001, p. 23-24). Le procédé était très répandu au début des années 1870.

Les exploitants agraires mayennais mirent du temps à adopter ce nouveau procédé. À la fin de l’année 1852, la Mayenne accusait ainsi un réel retard dans ce domaine (Barral 1854, p. 277-278). En 1867, dans le cadre d’une enquête agricole nationale, donnant un bilan du drainage des terres, le conseil préconisait qu’un tiers de la superficie de la Mayenne pourrait bénéficier de cette technique (Migneret 1867, p. 115-116). Les importantes opérations de drainage à l’aide de canalisations en terre cuite, réalisées par la suite, ont participé à ce que le département devienne un des plus productifs et prospères de toute la France, d’un point de vue agricole, à la fin des années 1920 (Revirieux 1937, p. 139). Le cas de Bonchamp-lès-Laval témoigne à l’évidence de cette dynamique par la mise en œuvre sur la longue durée de ce procédé.

Vers 1929, des difficultés liées au manque de main-d’œuvre et au coût de la mise en œuvre ont mis un frein au développement de cette technique. Après-guerre, l’usage croissant du plastique combiné à la mécanisation de l’agriculture a permis un certain renouveau de la pratique du drainage.

Bibliographie :

Barral J.-A. (1854) : Manuel du drainage des terres arables, Paris : Dusacq librairie agricole de la maison rustique.

Derex J.-M. (2001) : « Pour une histoire des zones humides en France (XVIIe-XIXe siècle). Des paysages oubliés, une histoire à écrire », Histoire et Sociétés Rurales, 15, p. 11-36.

Migneret St. (1867) : Enquête agricole. 2e série, enquêtes départementales. 2e circonscription, Orne, Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Ministère de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, Paris : Imprimerie Impériale.

Revirieux A. (1937) : Statistique agricole de la France. Annexe à l’enquête de 1929 : Monographie agricole du département de la Mayenne, Laval : imprimerie Barnéoud.

4/Actualités sur le site de Jublains (AnneBocquet)

En ce qui concerne le site de Jublains, deux sujets d’actualité ont été abordés.

Le premier concerne une fouille programmée menée au cœur de la ville antique (débutée en 2010). Cette fouille, d’une superficie initiale de 1300 m², se situe à un carrefour de rues, face à un bâtiment interprété comme le forum de la cité.

Les huit premières campagnes ont permis de mettre au jour plusieurs espaces correspondant à des réalités urbaines différentes (fig. 6).

Au sud-ouest, un bâtiment à vocation résidentielle se caractérise par des murs portant des décors peints (pour certains encore en place) et des sols de mortier. Une petite pièce formant exèdre était chauffée par le sol (pilettes d’hypocauste en place) et également décorée par une peinture imitant le marbre. Le bâtiment n’a été perçu que sur une infime partie de sa surface puisqu’il se poursuit au sud et à l’ouest de la zone décapée.

Sur un grand secteur nord-ouest, un deuxième bâtiment occupe une surface de plus de 600 m² (28 m x 22 m). Sur ses côtés ouest et est, il est caractérisé par deux ailes de 5 et 6 pièces (dont les superficies varient de 20 à 30 m²). Une des pièces de l’aile ouest présentait un décor peint particulier, avec des personnages figurés à différentes échelles et l’inscription du mot « arma » en cursive. Au nord, une pièce de 36 m² ménage un étroit passage d’1,40 m de large vers la rue. Au centre, un espace ouvert de 110 m² est interprété comme une cour. Une petite pièce centrale de 8 m², ouverte au nord, abritait un puits. L’espace de la « cour » ne présentait pas de sol aménagé mais des indices de la présence de structures légères (murets, trous de poteau) pouvant évoquer des cloisonnements ou des auvents.

Ces différentes caractéristiques permettent de proposer, parmi les différentes hypothèses d’interprétation, celle de macellum. Un macellum est un marché spécialisé dans la vente de certains produits alimentaires onéreux : poisson, viande, charcuterie, volailles et oiseaux d’élevage, gibiers, fruits importés. Les produits alimentaires courants étaient en effet vendus dans des boutiques dispersées dans les quartiers.

Les macella répondent à des normes urbanistiques et architecturales, qui trouvent un écho dans le bâtiment de Jublains. De manière classique, ces bâtiments sont intégrés dans le plan d’urbanisation, à proximité immédiate du forum et sont encadrés par des rues qui permettent un approvisionnement aisé. Ils ont une cour centrale qui abrite un élément ornemental (tholos, fontaine ou statue). Les macella du monde antique présentent des tailles très variables, en adéquation avec celle de la ville. Le bâtiment de Jublains a une taille comparable à des édifices de même typologie (Bélo en Espagne ou Genève).

Des découvertes mobilières faites sur le site semblent corroborer l’hypothèse de macellum. On note en effet la présence de restes alimentaires particuliers. En ce qui concerne la consommation carnée, le lot se compose de la classique « triade domestique » (cochon, bœuf et ovicaprin), mais aussi d’espèces sauvages (cerf, chevreuil, lièvre), de volailles (poule, canard, bécasse, perdrix), de poisson et de coquillages (huîtres, palourde, coque, moule, bulot). En ce qui concerne les fruits et légumes, grâce à la conservation de graines et pollens dans les sédiments humides d’un puits, on dénombre des fruits et aromates importés (figuier, vigne, coriandre, céleri) parmi lesquels figurent des produits de « luxe » (amande, melon, olive, noisettes et pignon de pin).

La poursuite des analyses permettra (ou non) de valider l’hypothèse de macellum puisque certaines caractéristiques pourraient également correspondre à la définition d’une schola (bâtiment abritant les corporations de la cité) ou dans la moindre mesure d’une simple domus.

Enfin, sur le côté est de la fouille, des éléments non bâtis se rattachent probablement au système viaire de la ville. Ont été mis en évidence un portique et un espace de 7 m de large bordé d’une colonnade. Cet espace pose question car, même s’il se situe à l’emplacement théorique d’une rue de la ville, il ne présente aucun aménagement. La fouille met en évidence des sédiments très argileux mêlés de sable, sans que l’on puisse réellement déceler de niveaux d’occupation. Des analyses micromorphologiques attestent d’une sédimentation constituée au gré d’apports hydriques et de nombreux rejets ; il s’agit donc probablement d’un espace de circulation très fréquenté avec des piétinements d’hommes et d’animaux. Il reste cependant difficile de concevoir qu’une des rues principales de la ville n’ait jamais été aménagée.

fig 6Aux vues de la densité des structures bâties et de l’épaisseur de la stratigraphie, ila été décidé en 2018 de remblayer les 2/3 de la surface afin de limiter la fouille à trois secteurs répondant aux problématiques scientifiques prioritaires. Au nord-est, un premier espace occupé par une pièce de la galerie a été complètement dégagé. Des niveaux liés à une occupation gauloise du Ier siècle av. J.-C. (domestique ?) ont été mis au jour. Au centre (dans l’espace théorique de la cour du macellum), une petite zone doit répondre à des questionnements chronologiques. Le secteur le plus important restant à fouiller est localisé en limite sud(environ300m²). Ce secteur doit permettre de comprendre la nature et la densité des vestiges antérieurs au IIème siècle et de vérifier la présence d’une occupation gauloise. Deux campagnes de fouilles sont prévues pour atteindre ces objectifs.

Le second sujet abordé concerne une nouvelle méthode de détection non intrusive : le radar ou GPR (Ground Penetrating Radar). Cette recherche s’inscrit dans la continuité de celles menées à Jublains par Jacques Naveau depuis les années 1990, notamment par le biais de campagnes de prospections électriques de résistivité. La méthode GPR est basée sur l’émission-réception d’ondes électromagnétiques ; elle livre une vision 3D des vestiges enfouis.

En 2018, 2019 et 2021, c’est plus d’une dizaine d’hectares qui a été prospectée. Les cartes livrent une image totalement renouvelée de la capitale de cité. Des rues, des plans d’habitats, plusieurs sanctuaires ont notamment été perçus (fig. 7). Des zones « vides » posent des questionnements plus larges sur l’urbanisation de la ville et l’organisation du système viaire. Reste aujourd’hui à analyser finement ces images pour en proposer une interprétation scientifique.

fig 7Les recherches archéologiques à Jublains ont donc encore de beaux jours devant eux !

 

 

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